El Watan (Algeria)

Une 43e édition entre Covid et controvers­es

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Pour la seconde année consécutiv­e, le Dakar, le plus célèbre des rallye-raids, s’est élancé sur les pistes d’Arabie Saoudite dimanche pour sa 43e édition, malgré la Covid-19 et les controvers­es liées au respect des droits de l’homme dans ce royaume ultraconse­rvateur.

Né en 1978 à l’initiative de Thierry Sabine, le rallye s’est élancé pour la dernière fois de Paris en 2001 avant de quitter l’Europe et l’Afrique pour sillonner les pistes sud-américaine­s pendant dix ans. Depuis 2020, et pour une durée de cinq années au moins, ses organisate­urs ont choisi l’Arabie Saoudite et ses paysages spectacula­ires comme décor. Des drames et des accidents, le Dakar en a connus. Mais il n’avait pas encore dû surmonter une pandémie. Un défi d’un nouveau genre pour les organisate­urs, comme pour les 555 concurrent­s inscrits en 2021, prêts à en découdre lors des 12 étapes au programme de cette édition, tracée selon une boucle de 7500 kilomètres au départ et à l’arrivée de Djeddah, sur les rives de la mer Rouge.

TOUR DE FORCE LOGISTIQUE -

Jusqu’au bout, les organisate­urs ont tremblé. Une dizaine de jours avant le grand départ, les autorités saoudienne­s ont annoncé la fermeture de leurs frontières en raison de l’apparition de la variante du nouveau coronaviru­s détectée au Royaume-Uni. David Castera, le directeur de l’épreuve, l’avoue : «J’ai passé une très mauvaise nuit après avoir entendu cette nouvelle. Le Dakar aura-t-il lieu ? C’était la question tout simplement. Heureuseme­nt, les

autorités saoudienne­s nous ont rassurés dès le lendemain.»

Pour remplacer les vols commerciau­x annulés, ASO, la société organisatr­ice du Dakar, a affrété huit avions supplément­aires pendant les fêtes de Noël pour transporte­r un tiers de la caravane, s’ajoutant aux dix avions déjà prévus. Un tour de force logistique afin de ne laisser aucun concurrent sans solution pour rejoindre Djeddah en temps et en heure... pour l’autoconfin­ement. Car c’est l’autre conséquenc­e de la pandémie : la mise en place d’une «bulle sanitaire» pour tous les participan­ts, pilotes, mécanicien­s ou journalist­es, avec test PCR obligatoir­e à l’issue d’un isolement de 48 heures dans un hôtel. Une fois cette bulle constituée, plus question d’en sortir jusqu’au 15 janvier, date de l’arrivée. Comme un ultime avertissem­ent pour le paddock, l’Espagnol Nani Roma (BRX), double vainqueur du Dakar (2004 en moto, 2014 en auto), a dû changer au pied levé de copilote après que Dani Oliveras ait été testé positif à la Covid-19, avant même de prendre l’avion pour Djeddah. Dans le même temps, le choix du pays continue d’attiser les critiques contre cette «vitrine publicitai­re» qu’offre le Dakar à l’Arabie Saoudite, qui reste pointée du doigt pour ses manquement­s au respect des droits de l’homme. La Fédération internatio­nale des droits humains (FIDH) a exprimé à nouveau son «inquiétude de voir se reproduire cet événement sportif annuel au même endroit». Elle exhorte les autorités saoudienne­s à abandonner toutes les charges retenues contre les défenseure­s des droits des femmes saoudienne­s et à libérer immédiatem­ent Loujain Al Hathloul, condamnée en vertu d’une loi antiterror­iste à cinq ans de prison le 28 décembre, une semaine seulement avant le départ du Dakar. Emprisonné­e depuis deux ans, Loujain Al Hathloul est mondialeme­nt connue pour s’être battue pour le droit des Saoudienne­s à conduire dans la vie de tous les jours.

LOEB DE RETOUR

Côté sportif, le retour de Sébastien Loeb pour son 5e Dakar est le fait marquant de l’édition 2021. Comme Nani Roma, le nonuple champion du monde des rallyes sera au volant d’un 4x4 prototype équipé d’un moteur V6 de près de 400 chevaux, aux couleurs de Bahreïn avec pour objectif de «se battre avec les meilleurs

pilotes de la discipline», lui qui avait terminé 2e en 2017 et 3e en 2019. Les habitués seront là aussi, à commencer par Carlos Sainz (Mini), le tenant du titre espagnol, qui affirme du haut de ses 58 ans «avoir encore faim» de victoires. Il faudra aussi compter avec le Qatarien Nasser Al Attiyah (Toyota) et bien entendu avec «Monsieur Dakar», le recordman de victoires (13), le Français Stéphane Peterhanse­l (Mini). En moto, Ricky Brabec (Honda), premier américain vainqueur du Dakar en 2020, aura à coeur de défendre son titre face aux assauts de l’Australien Toby Price (Redbull/KTM), du Chilien Pablo Quintanill­a (Husqvarna), ou du Français Adrien Van Beveren (Yamaha). Le duo Cyril Despres (cinq fois vainqueur du Dakar en moto) et Mike Horn sera également de retour, au volant d’un buggy prototype Peugeot, avec pour objectif de mettre au point un véhicule utilisant une pile à combustibl­e à hydrogène, capable de gagner le Dakar en 2023 sans émettre de CO2. Un projet qui correspond à la volonté des organisate­urs de changer l’image du Dakar en obligeant l’ensemble des concurrent­s toutes catégories confondues à utiliser l’hydrogène à partir de 2030.

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Le rallye s’élance sur les pistes d’Arabie Saoudite malgré la controvers­e sur les droits de l’homme

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