LETTRE ENVOYÉE AU MINISTÈRE DE LA CULTURE
En ma qualité d’écrivain, auteur d’une biographie romancée du grand poète algérien Si Mohand Ou M’hand publiée en 2006, ainsi que pour donner suite à l’idée que j’avais lancée en décembre 2013 lors d’une conférence que j’avais donnée sur ce sujet au Centre culturel algérien à Paris, j’ai l’honneur de solliciter de votre haute bienveillance de bien vouloir prendre en considération la présente requête aux fins d’inscription par l’Algérie des poèmes de Si Mohand Ou M’hand sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité et cela conformément aux dispositions de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (traité de l’Unesco) du 17 octobre 2003. Les poèmes de Si Mohand Ou M’hand forment un terreau très riche de la culture amazighe et donc de l’Algérie. Ce patrimoine porté par un engouement populaire indéniable est essentiellement oral et survit encore plus d’un siècle après la mort du poète (1906). Jusqu’à ce jour, de nombreux Algériens récitent encore et connaissent des poèmes inédits de Si Mohand. Le poète, bien que lettré, n’a jamais écrit ses poèmes qu’il déclamait à une population qui a su les retenir et se les transmettre de bouche à oreille jusqu’à nos jours. Sur les centaines de poèmes ainsi connus par de fervents amateurs de cette poésie, seule une partie a été consignée dans les recueils des auteurs Mohamed Said Boulifa (1904), Mouloud Feraoun (1960) et Mouloud Mammeri (1969). Malheureusement, avec le temps et les effets de la mondialisation, ce patrimoine se trouve de plus en plus exposé au risque de déperdition, d’où la nécessité d’une action urgente de sauvegarde. Une telle attention existe au niveau de bien des individualités qui ont à coeur de conserver ce bien commun. Mais il est grand temps qu’une telle oeuvre de conservation se fasse de façon plus systématique et méthodique pour coordonner ces connaissances et initiatives individuelles dispersées et organiser la préservation à une plus grande échelle. Aussi, conformément à l’article 11 de la convention, il appartient à l’Algérie de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sauvegarde de son patrimoine culturel immatériel présent sur son territoire avec la participation par exemple, sous le patronage du HCA d’associations et de maisons de la culture qui auraient pour mission «d’assurer l’identification en vue de leur sauvegarde» des poèmes de Si Mohand Ou M’hand. Sur la base de ce programme, l’Algérie aura à adresser au comité de l’Unesco qui tient à jour la liste du patrimoine culturel immatériel et sollicitera sa coopération conformément à l’article 19 de la Convention. La forme, l’étendue et la méthode de l’assistance seront à définir par l’Algérie et seront consignées dans un accord avec l’Unesco. Monsieur le Ministre, je me tiens à votre entière disposition pour toute participation de manière bénévole à l’avancée de ce dossier. Je vous prie aussi de trouver ci-joint une esquisse de présentation en différentes langues du projet sous forme de DVD de l’objet de la demande. Ce travail serait à approfondir dans le cas où la démarche serait retenue. En espérant que cette proposition retiendra votre intérêt, je vous prie de croire Monsieur le Ministre en l’expression de ma très haute considération. Bab Ezzouar le 20 avril 2016