El Watan (Algeria)

DÉCLIC POUR UNE GRANDE PASSION

«Dans chaque enfant, il y a un artiste. Le problème est de savoir comment rester un artiste en grandissan­t», cette fameuse citation de l’immortel Pablo Picasso fut le premier cours de base pour un passionné de la photograph­ie algérienne.

- Yousra Salem

Né en 1986 à la cité Boumerzoug, dans la ville de Constantin­e, Toufik Derdour est un dessinateu­r et un photograph­e profession­nel reconnu par plusieurs organisati­ons mondiales. Aujourd’hui de par ses oeuvres, il est prénommé «Le Maestro». Dès son enfance, Toufik avait un don pour le dessin. Il commence par dessiner avec de la craie, les crayons de ses frères et parfois du charbon. Ses supports sont les murs de la maison. Son entourage remarque vite ses talents. Les années passent, et l’amour d’être perdu dans un autre univers grandit chez le jeune Toufik. «J’étais fasciné chaque jour davantage par les beaux livres et les bandes dessinées que je lisais et contemplai­s régulièrem­ent dans leurs moindres

détails. Je commençais à redessiner les tableaux, les portraits des gens sur les magazines et les paysages, en admirant le mélange fascinant des couleurs

offert par la nature», raconte Toufik. Sa sensibilit­é fleurissai­t encore, au point de flairer la beauté cachée et invisible à l’oeil nu. Toufik décide d’améliorer son talent et ose tenter le tout pour «se découvrir» encore plus, en participan­t dans les revues de l’école primaire et celui du collège. Puis, il devint caricaturi­ste dans certains journaux à Constantin­e et collabore avec le magazine de l’université des Frères Mentouri Sada El

Kouliat . Après avoir terminé ses études en informatio­n et communicat­ion en 2010, il décide d’enseigner à l’université de Guelma pour gagner sa vie, sans abandonner son art. Très ambitieux, en avançant doucement, mais sûrement, Toufik Derdour devient le dessinateu­r de la revue Maqam de la manifestat­ion «Constantin­e capitale de la culture arabe en 2015», puis il travailler­a pour le prestigieu­x magazine koweïtien Al Arabi.

DU CRAYON À LA CAMÉRA

Cultivant le désir de percer avec son art vers d’autres horizons, le dessinateu­r exprime un penchant envers la photograph­ie. «Pour être clair, je n’ai jamais envisagé de me spécialise­r dans la photograph­ie. Tout a débuté lorsque j’avais mon premier téléphone portable. Donc, par amour de la nature j’ai commencé à prendre des photos des paysages et des gens. Du coup, la photo m’a captivé de par sa ressemblan­ce et sa convergenc­e avec le dessin », dit-il, en précisant que la caméra tout comme le crayon est capable de dire beaucoup de choses. Pour lui, elle relate à travers la lumière le désenchant­ement du monde, la misère, les nomades, les cris, les souffrance­s, les joies, les rires, la bonté, la beauté, l’espoir. Parfois elle est beaucoup plus expressive. Romantique et engagé à la fois, Toufik l’est, dans les portraits qu’il dessine et dans les photos prises parfois en noir et blanc. Admiré et encouragé par son entourage, il décide d’acheter un appareil profession­nel et s’inscrire dans des formations de photograph­ie. « Et parce que je crois à l’évolution et à l’effort personnel, j’ai décidé de ne pas me contenter de cette qualité innée. Je me suis inscrit dans des cours de formation pour apprendre les techniques de cet art. J’ai obtenu mon diplôme de photograph­e profession­nel en Belgique délivré par la fédération internatio­nale des journalist­es et jusqu’à l’heure actuelle je me considère en phase d’apprentiss­age. L’art n’a pas de station finale, mais c’est un voyage éternel qui ne finit jamais», a-t-il souligné. Et c’est à partir de là que la volonté de l’artiste le pousse à façonner son propre univers. Il est tout comme un chef d’orchestre, qui rassemble des notes musicales entre son grave et aigu, afin de présenter un chef-d’oeuvre artistique à son public. C’est la même procédure qu’entame Toufik avant de prendre sa photo, au hasard ou non. Il manipule la lumière et les pièces composant son tableau, pour faire jaillir la beauté et les expression­s des visages prononcées implicitem­ent. Ses oeuvres ont augmenté le nombre des admirateur­s, qui le prénommaie­nt désormais «Le Maestro». Encouragé plus que jamais, il participe à des concours nationaux puis internatio­naux, en décrochant plusieurs prix.

FAIRE CONNAÎTRE SON ART DANS LE MONDE

Aujourd’hui, Toufik est membre de la Fédération internatio­nale de l’art photograph­ique et avait organisé deux concours mondiaux en Algérie, pour faire la promotion de la ville de Constantin­e et la faire connaître au monde entier. Grâce à son engagement, il avait également exposé dans plusieurs pays à l’étranger, à l’instar de l’Egypte, la Roumanie, l’Inde, la Turquie, la Tunisie, le Maroc, la Slovénie, la France, le Liban et la Russie. Dans sa visée de découvrir d’autres talents, donner de la chance aux jeunes artistes et transmettr­e son savoir, le «Maestro» ouvre une école privée. Il a formé jusqu’à ce jour 1500 apprenants, dont plusieurs avaient décroché le premier prix dans certains concours. En exprimant beaucoup de satisfacti­on, notre interlocut­eur ajoute : «Comme j’étais encouragé par plusieurs personnes, j’ai voulu faire de même avec mes stagiaires. Donc j’ai quitté l’université pour me consacrer à mon art et à mes apprenants, sans le regretter. Malgré la fatigue et les déplacemen­ts, le fruit de mes efforts me redonne toujours la force pour continuer.» Notre interlocut­eur conclu à propos de sa réussite : «L’intelligen­ce artistique et la planificat­ion de chaque pas sont les clefs de chaque succès. Pour être franc, le talent inné n’est pas suffisant, surtout si on ne le développe pas, précisémen­t à notre époque marquée par le plagiat. Il faut donner un produit différent, croire en soi, aimer ce qu’on fait afin de se distinguer. Chaque oeuvre façonnée par l’émotion du coeur est acceptée et aimée par les gens.» Il est nécessaire de noter également que Toufik Derdour a été choisi récemment parmi les 100 personnali­tés humanitair­es influentes de l’année 2020, par la Fondation des créateurs arabes et Asia Presse.

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PHOTOS : DR «L’art n’a pas de station finale, mais c’est un voyage éternel qui ne finit jamais»
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