La violation de la loi sera-t-elle actée ?
L’Assemblée générale extraordinaire (AGEx) de la Société sportive par actions (SSPA/Blacks Eagles), tenue jeudi au siège de l’ES Sétif, a été marquée par de gravissimes dépassements et dérapages. L’intrusion d’un groupe de «supporters» manipulés par l’un des deux clans a non seulement failli mettre le feu au poudre mais donné un coup de massue aux travaux d’une AGEx où la légalité a été dégommée par un «coup de force».
Avec 14 membres sur les 34 actionnaires, le conclave débute par un premier clash. L’ordre du jour présenté par le président du CSA et celui du président du Conseil d’administration (CA) n’obtiennent pas le quitus des deux clans. Le début des hostilités oblige par la suite l’ex-président du CA, Azzedine Arab, à quitter le chapiteau «encerclé» par des fans conditionnés. Une histoire de «convention» est, nous dit-on, la cause du retrait de l’actionnaire précité. Face à l’obstination des antagonistes, Fakhredine Ketfi, le président de la séance et du conseil d’administration, suivi par deux huissiers de justice, met fin au conclave.
Gonflés à bloc, les fans, qui n’avaient rien à faire en ces lieux, ne sont pas de cet avis. Ils investissent à deux reprises la salle de réunion, obligeant ainsi le P/ CA à faire marche-arrière, à accepter le diktat du CSA, fort de 98% d’actions «virtuelles».
Stipulant que le club amateur ESS apporte à la société les biens (le terrain de 8100 m2, un bien de la commune, l’hôtel de France de 600m2 en R+ 3, propriété des Domaines de l’Etat), l’article 7 des statuts de la SSPA ne tient pas la route et a fait son temps. Il en est de même pour la question du logo, à l’origine des performances des années 2007 et 2008. A ce sujet, une question nous taraude l’esprit. Qu’a-ton fait des milliards de la Coupe arabe et de la Coupe d’Afrique, de la manne des transferts de certains joueurs vers l’Arabie Saoudite, de l’argent des sponsors et des subventions des pouvoirs publics qui n’ont pas lésiné ? Sans la moindre gêne, le supposé actionnaire majoritaire persiste et signe, bafoue l’esprit du décret exécutif n°15-73 du 26 Rabie Ethani 1436, correspondant au 16 février 2015, déterminant les dispositions applicables au club sportif professionnel et fixant les statuts types des sociétés sportives commerciales.
Au mépris de la loi, il désigne 12 nouveaux membres du CA, 10 d’entre eux n’ont pas la qualité d’actionnaires. L’article 9 du décret précité publié dans le Journal officiel (n°11 du 25 février 2015) de la République algérienne est tout simplement ignoré. Pour rappel, ledit article stipule : «Les cessions d’actions aux tiers sont soumises à l’agrément du conseil d’administration (ou du conseil de surveillance), statuant à la majorité des deux tiers…» Jeudi, aucune action n’a été cédée aux «amis» du CSA n’ayant jamais demandé aux membres de son assemblée générale de s’acquitter des cotisations leur donnant droit d’approuver de «vieilles dettes», comme ils l’ont fait lors de la dernière assemblée générale. Placé entre le marteau et l’enclume des heures durant, Ketfi Fakhreddine, qui accepté de parler à El Watan à l’issue d’une cauchemardesque AGEx, jette un pavé dans la mare : «Après avoir levé la séance, des supporters chauffés à blanc m’ont obligé à reprendre les travaux entachés par des irrégularités. On m’a pris en otage. Le président du CSA a utilisé tous les moyens et subterfuges pour arriver à ses fins et désigner 10 personnes étrangères au CA. Pour remettre en cause les 98% des actions du CSA n’ayant pas le droit de ‘‘gonfler’’ son patrimoine par le bien d’autrui, nous allons entamer une action en justice. Je dois en outre signaler que je n’ai pas signé le procès-verbal final de l’AGEx, qui n’a pas connu un déroulement normal», souligne non sans dépit le P/CA. Interpellés, les pouvoirs publics sont donc appelés à sauver ce qui reste à sauver d’un patrimoine pris en otage par des intérêts occultes…