El Watan (Algeria)

UN VERDICT QUI SUSCITE LA CONSTERNAT­ION

WALID KECHIDA CONDAMNÉ À TROIS ANS DE PRISON

- Abdelghani Aïchoun

■ Walid Kechida, fondateur de la page Facebook «Hirak Mèmes», a été condamné, hier, par le tribunal de Sétif, à trois ans de prison ferme.

Walid Kechida, fondateur de la page Facebook «Hirak Mèmes», a été condamné, hier, par le tribunal de Sétif, à trois ans de prison ferme. Lors de son procès, qui a eu lieu le 21 décembre dernier, le procureur de la République avait requis cinq ans de prison assortis d’une amende de 500 000 DA. Ce jeune de 25 ans, en détention depuis le 27 avril 2020, depuis donc près de huit mois avant que son procès ne soit programmé, était poursuivi, selon des avocats, pour les chefs d’accusation d’«atteinte à corps constitué», «outrage et offense au président de la République» et «atteinte aux préceptes de la religion». La condamnati­on, hier, de cet étudiant à trois ans de prison ferme a jeté l’émoi au sein de l’opinion publique, notamment avocats, militants et activistes. «Scandaleux», «choquant», «arbitraire», les qualificat­ifs se sont multipliés pour commenter un aussi lourd verdict prononcé à l’endroit d’un jeune qui usait de photos satiriques pour commenter la scène politique nationale. «Lorsque la libre expression d’une simple opinion, certes discordant­e, est érigée en infraction, un système politique érigé sur le déni et la violation flagrante des droits et libertés ne peut être que le prélude à un chaos annoncé. La mobilisati­on citoyenne pour la citoyennet­é demeure le seul rempart contre les abus de tous genres», a estimé la députée du RCD, Fetta Sadat. Le vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), Saïd Salhi, a quant à lui qualifié le verdict de «scandaleux». «L’arbitraire, c’est quand un journalist­e, un poète, un caricaturi­ste, un citoyen est emprisonné pour une opinion exprimée sur les réseaux sociaux», a-t-il déclaré, avant d’ajouter : «Et ils disent qu’il n’y a pas de détenus d’opinion !» Cette condamnati­on a suscité beaucoup de réactions, notamment sur les réseaux sociaux. Comme d’ailleurs l’informatio­n de dimanche relative à la mise sous mandat de dépôt, à Mostaganem, de Dalila Touat, après sa comparutio­n immédiate pour, comme l’a indiqué le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), «outrage à corps constitué» et «publicatio­ns pouvant porter atteinte à l’intérêt national». Le procès de cette enseignant­e de lycée est fixé pour le 10 janvier. En somme, au moment où certains politiques et militants s’attendent à des mesures d’apaisement de la part des autorités afin d’assurer un environnem­ent propice pour le règlement de la crise, les condamnati­ons d’activistes se poursuiven­t, même si, entre-temps, certains autres sont libérés (après avoir purgé leurs peines ou bénéficié d’une réduction en seconde instance).

Sans compter, bien entendu, les dizaines de détenus qui sont toujours en prison en attente de la tenue de leur procès, comme c’est le cas pour le jeune Walid Nekkiche, sous mandat de dépôt depuis près de 14 mois (arrêté le 26 novembre 2019). L’affaire Walid Kechida, tout comme par exemple celle de Mohamed Tadjadit, le «poète du hirak», arrêté début septembre dernier et en grève de la faim en prison depuis le 27 décembre, a été largement commentée par beaucoup d’Algériens. Leur maintien en détention provisoire ou condamnati­on sont dénoncés par plusieurs ONG, algérienne­s ou étrangères, de défense des droits de l’homme et des libertés, ainsi que la classe politique de l’opposition.

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Kechida
Walid Kechida

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