El Watan (Algeria)

Le système bancaire pointé du doigt

- A. Benyahia

La gestion du secteur bancaire semble ne pas avoir donné de résultats satisfaisa­nts en haut lieu. Elle a été pointée du doigt lors de l’exercice d’évaluation, effectué par le président Tebboune au cours de son Conseil des ministres dimanche. Il s’agit notamment, selon l’APS, du secteur des finances, pour lequel il a relevé un «point noir» qui entache ce secteur et qui consiste en le système bancaire qu’il convient de revoir, a-til instruit, par un travail d’inspection au niveau de toutes les banques, notamment en consacrant la transparen­ce dans l’octroi de crédits. Pourquoi ? En attendant que la réponse soit fournie pour être édifié sur les griefs retenus contre ce dossier, il est à se demander si cette question ne touche pas au risque de voir le secteur bancaire entaché par la crise des liquidités qui sévit conséquemm­ent à la baisse des revenus pétroliers du pays, de la crise sanitaire due à la Covid-19

et surtout des scandales présumés de corruption qui alimentent la chronique judiciaire en Algérie depuis notamment l’incarcérat­ion des hommes d’affaires ayant pignon sur rue, dont l’ex-patron des patrons, Ali Haddad. Il faut dire qu’au stade actuel, la sentence de Tebboune ne nous apprend pas davantage sur les tenants et les aboutissan­ts de cette question liée à la gestion du secteur bancaire.

Hormis la spéculatio­n, il est fort probable que les créances des banques seront difficiles à récupérer en ces temps de crises multiples, où l’activité économique a été réduite sensibleme­nt. Se peut-il que la crise se soit déjà propagée pour atteindre un tant soi peu le secteur bancaire ? Et auquel cas il faudrait alors engager des changement­s à défaut d’amorcer des réformes dignes de sa métamorpho­se pour le mettre au diapason des transforma­tions futures, actions à engager dans la sphère économique ? Il s’agit d’autant de questionne­ments qui gravitent autour de ce dossier. Ce qui est certain, c’est que ledit secteur a déjà retenu l’attention des experts du Fonds monétaire internatio­nal (FMI) et de la Banque mondiale (BM), dont une équipe conjointe a déjà effectué une mission en Algérie à l’effet d’évaluer les capacités de son système financier à absorber le choc de la pandémie et de la chute des revenus pétroliers. Dans son diagnostic, la question du risque crédit s’est posée avec acuité. Cette équipe d’économiste­s, qui a séjourné en Algérie à la fin de l’été 2019, a émis des conclusion­s bien avant la pandémie et fait quand même observer que ces dernières sont toujours «pertinente­s». «L’analyse des risques montre que le choc Covid-19 est susceptibl­e de laisser certaines banques sous-capitalisé­es et, si ça se prolonge, cela pourrait entraîner des sous-capitalisa­tions», a noté le rapport qui a sanctionné les travaux de ce groupe d’experts. Un certain nombre de remarques et critiques ont été établies à cet endroit. Comme, par exemple, la gestion de la liquidité qui est «sous-développée». Ou encore : «Depuis que les prix de l’énergie ont commencé à baisser en 2014, les prêts à l’économie – en grande partie par les banques publiques – ont augmenté de 50% de manière cumulative, un rythme qui constitue un défi pour la maîtrise efficace du risque crédit.» A la fin 2019, le crédit au secteur public, en grande partie aux entreprise­s publiques, représenta­it 32% du crédit total, et le crédit au secteur privé, y compris les programmes de prêts subvention­nés, était légèrement inférieur à ce niveau. «La mauvaise gestion des risques par la banque a aggravé la situation», peut-on lire.

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