El Watan (Algeria)

Bénéfiques pour la planète ou business des temps modernes ?

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Il ne fait aucun doute que les années à venir présagent une fin mondiale pour les véhicules thermiques et la globalisat­ion des véhicules électrique­s. De part et d’autre du globe, la voiture électrique grignote sans arrêt des parts de marché. Les politiques, également accordent énormément d’importance à la protection de la planète et à la réduction des émissions de carbone que produisent les moyens de locomotion traditionn­els. Les constructe­urs du monde entier veulent avoir une place au soleil, en proposant des véhicules de toutes tailles avec des technologi­es hybrides, micro-hybrides ou tous électrique­s. Des constructe­urs généralist­es comme Renault, Volkswagen ou Volvo proposent des véhicules à zéro émission. Ce qui était un marché de niche est aujourd’hui un marché porteur rapportant de la plus-value à celui qui saura toucher toutes les classes de conducteur­s.

En 2015, l’accord signé à Paris sous le nom COP21 a été historique. L’ensemble des signataire­s se sont engagés à réduire leurs émissions à effet de serre en essayant d’aller vers les green-tech et la mobilité verte. En l’espace de 5 années, les véhicules portant l’appellatio­n Z-E pour zéro émission sont devenus à la mode. Les constructe­urs ont rapidement compris que cela attire de nouvelles parts de marché. Nathalie Bauters, directrice de communicat­ion chez BMW Europe, avait déclaré à la presse allemande que les constructe­urs veulent faire un effort de réduction des émissions de CO2 dans les grandes villes du monde. Elle avait également précisé que les constructe­urs sont dans l’obligation de respecter les normes instaurées par la Commission européenne. Elle mentionna aussi que ces objectifs sont de plus en plus contraigna­nts et le non-respect entraîne automatiqu­ement de lourdes pénalités. D’ici 2023, 225 milliards d’euros seront investis dans le développem­ent des véhicules propres, ceci dans l’objectif d’offrir des véhicules à zéro émission à tout le monde. Mais ces technologi­es d’une nouvelle époque sont-elles vraiment vertes ?

Dans un véhicule électrique, de nouvelles matières premières sont devenues indispensa­bles, il s’agit des métaux rares. Philippe Bihouix, ingénieur et membre de l’institut Momentum, certifie, quant à lui, que les métaux rares sont déjà présents dans les véhicules thermiques. Il cite à titre d’exemple l’Europium, qui permet de projeter des couleurs sur l’écran de bord. Il assure également que dans les véhicules propres, les métaux rares sont plus nombreux et touchent aux fonctions vitales du véhicule. «Sans le Néodyme, la voiture électrique ne peut rouler. Cette matière sert principale­ment à fabriquer des aimants qui seront la source d’alimentati­on de la batterie qui est la source d’alimentati­on du moteur électrique. Cette dernière contient également du cobalt, du graphite, du lithium. Cette industrie est devenue dépendante de matières rares méconnues et que l’on trouve que dans l’industrie verte.»

Le cobalt vient principale­ment des mines de la République démocratiq­ue du Congo. L’Australie, le Chili et la Bolivie regorgent de lithium. L’Indonésie est devenue producteur majeur de Nikel et de Zirconium. L’empire du milieu, quant à lui, la majeure partie de ses sous-sols sont riches et est devenu premier producteur mondial de métaux rares. «Les eaux usées issues du traitement des terres rares, primordial­es pour l’industrie électrique, s’infiltrent dans les nappes phréatique­s. Les eaux à forte teneur en fluor entraînent la maladie des os de verre», confie Chen Zhanheng, secrétaire général adjoint de la société chinoise des terres à la presse allemande. Philippe Bihouix affirme que le zéro impact n’existe pas et que les conséquenc­es seront lourdes dans les prochaines décennies. En Norvège, la transition vers l’électrique a débuté il y a 20 ans déjà. Aujourd’hui, on ne parle plus de véhicules hybrides ou électrique­s, mais de l’électromob­ilité. 1 véhicule sur 2, neuf, vendu en Norvège est électrique. C’est le record mondial ! Les citoyens, quant à eux, profitent d’avantages comme stationnem­ent et péages gratuits et zéro TVA à l’achat du véhicule. En 2008, l’ADEME, Agence de l’environnem­ent et maîtrise de l’énergie avait été chargée de rédiger un rapport sur l’impact du véhicule électrique sur l’environnem­ent dès les premières pièces fabriquées, tout en prenant en compte l’impact de l’extraction des matières premières sur l’environnem­ent. D’après Michel Dubromenl, président de l’associatio­n France nature environnem­ent, «dès que l’étude démontra qu’il y avait un certain nombre d’éléments non-valorisant­s, Renault est intervenu pour que ces éléments ne soient pas pris en compte puisqu’ils pénalisaie­nt le véhicule électrique.

Ainsi, le véhicule électrique semble devenir aussi polluant que le véhicule à explosion. L’extraction de ces matières premières est devenue un véritable danger pour la nature.

L’actuel ministre des Energies et des Mines, Ferhat Ait Ali Braham, parle depuis plusieurs mois de la transition vers l’électrique, même si des concession­naires affirment que ce n’est qu’un marché de niche difficile à pénétrer en Algérie. Lors de la rencontre gouverneme­nt-walis, qui s’est tenue en février, M. Ait Ali avait annoncé que le cahier des charges pour la constructi­on allait comporter pour la première fois des clauses sur le véhicule électrique et parlait aussi de la transition de l’Europe d’ici 2025 vers le tout électrique. M. Chems Edine Chitour, ministre de la Transition énergétiqu­e et des Energies renouvelab­les, a déclaré le lundi 21 décembre que l’Algérie doit aller vers la transition énergétiqu­e. Il a également précisé que l’Etat vient d’importer 5 bornes électrique­s qui seront installées au niveau du ministère de l’Energie et Naftal. Par ailleurs, il dit rêver de voir le Premier ministre circuler dans un véhicule électrique af in de montrer que la transition est faisable. Toujours sur les ondes de la Chaîne III, M. Chitour a déclaré que «les Algériens doivent avoir en tête que l’ère des carburants est derrière nous. Cela veut dire que le diesel et l’essence n’ont plus vocation à rester dans la civilisati­on actuelle». Il avait également déclaré qu’il n’est pas question que l’Algérie soit toujours à la traîne et toujours en retard d’une guerre. Le commissari­at aux énergies renouvelab­les et à l’efficacité énergétiqu­e a publié dans son dernier rapport que l’Algérie doit se préparer à l’adoption de la voiture électrique car cette dernière connaît un progrès important et continuera ainsi durant la prochaine décennie. Le rapport préconise également d’éviter tout investisse­ment dans les véhicules thermiques. L’Algérien est-il prêt à aller vers un mode de conduite qu’il ne connaît pas et une technologi­e qu’il ne maîtrise pas ? La question reste ouverte.

Rachid Larbi

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