Le processus pour enrichir de l’uranium à 20% entamé
● Récemment, le Parlement iranien a adopté une loi préconisant de produire et stocker et de aux inspections de l’AIEA.
L’Iran a enclenché hier le processus destiné à produire de l’uranium enrichi à 20% à l’usine souterraine de Fordo, a annoncé hier le porte-parole du gouvernement iranien dans des propos cités par l’agence Irna. «Il y a quelques minutes, le processus de production d’uranium enrichi à 20% de pureté a commencé. Et le premier produit d’uranium enrichi en UF6 sera produit dans quelques heures», a déclaré Ali Rabiei.
La loi nucléaire, officiellement appelée «Action stratégique pour lever les sanctions et protéger les droits des nations», évoque une stratégie étape par étape pour que l’Iran oblige l’Occident à reconsidérer sa politique de sanctions contre lui en augmentant ses activités nucléaires.
En mai 2019, un an après le retrait unilatéral des Etats-Unis de l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien, suivi du retour de lourdes sanctions américaines contre l’Iran, ce dernier a commencé à s’affranchir de ses principaux engagements. Accusée par les Etats-Unis et Israël, ses ennemis jurés, la République islamique d’Iran a toujours nié vouloir se doter de l’arme atomique. L’administration du président américain Donald Trump a mené une campagne de «pression maximale contre l’Iran». Notifiée fin décembre par Téhéran, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a confirmé que l’Iran a commencé à enrichir de l’uranium à 20%, niveau pratiqué avant l’accord, loin des 90% nécessaires pour une utilisation militaire.
«Le directeur général Rafael Mariano Grossi a informé les Etats membres de l’AIEA que l’Iran avait commencé à alimenter en uranium déjà enrichi à 4,1% six cascades de centrifugeuses», selon un déclaration de l’agence onusienne. D’après le dernier rapport publié en novembre par l’AIEA, Téhéran enrichissait de l’uranium à un degré supérieur à la limite prévue par l’accord (3,67%) mais ne dépassait pas le seuil de 4,5%, et se pliait toujours à ses inspections. Mais le dossier a connu des développements après l’assassinat, fin novembre près de Téhéran, d’un physicien nucléaire iranien, Mohsen Fakhrizadeh. Dans le sillage de cette attaque attribuée par l’Iran à Israël, le Parlement iranien a adopté une loi préconisant de produire et stocker «au moins 120 kg par an d’uranium enrichi à 20%» et de «mettre fin» aux inspections de l’AIEA. En décembre, le Conseil des Gardiens de la Constitution, arbitre entre le gouvernement et le Parlement, a approuvé la loi.
L’Union européenne (UE) a averti que l’enrichissement à 20% «constituerait une entorse considérable» aux engagements iraniens, «avec de graves conséquences en matière de non-prolifération». «Il ne faut pas dramatiser. Le programme nucléaire reste totalement transparent et vérifiable. Nous devons nous concentrer sur les moyens de rétablir la mise en oeuvre globale de l’accord», a affirmé de son côté l’ambassadeur russe auprès de l’AIEA, Mikhaïl Oulianov. Pour le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu,
«mettre fin»
l’annonce sur l’enrichissement reflète «les intentions (de l’Iran) de développer son programme nucléaire militaire».
Par ailleurs, les Gardiens de la révolution, l’armée idéologique de la République islamique, ont affirmé avoir saisi hier un pétrolier battant pavillon sud-coréen dans les eaux du Golfe, l’accusant d’avoir violé «les lois sur l’environnement marin». «Un navire, propriété de la Corée du Sud, a été saisi ce matin par (la marine) de la force» des Gardiens, selon leur site officiel Sepahnews, dans un contexte de tensions grandissantes dans le Golfe entre Téhéran et Washington. Selon le ministère iranien des Affaires étrangères, cette saisie s’est faite «dans le cadre de la loi». Sepahnews fait état de l’arrestation des membres de l’équipage de nationalités sud-coréenne, indonésienne, vietnamienne et birmane. «Ce pétrolier était parti du port d’Al Jubail,
«au moins 120 kg par an d’uranium enrichi à 20%»
en Arabie Saoudite, et a été saisi pour violation répétée des lois sur l’environnement marin», ajoute le site. Selon lui, le navire bat pavillon sud-coréen, porte le nom Hankuk Chemi et transporte 7200 tonnes de «produits chimiques pétroliers». A Séoul, le ministère de la Défense a annoncé l’envoi d’une unité navale antipiraterie dans les eaux du Golfe, à proximité du stratégique détroit d’Ormuz, à la suite de la saisie «de notre navire commercial par l’Iran». Les autorités sud-coréennes ont réclamé la libération du pétrolier, dont la saisie intervient alors que la tension monte de nouveau dans la région, à l’approche de la fin, le 20 janvier, du mandat présidentiel de Donald Trump. De son côté, le Pentagone a décidé de laisser finalement le porte-avions USS Nimitz en position dans le Golfe au lieu de le rapatrier aux Etats-Unis, en raison de «menaces» iraniennes visant le président Donald Trump et d’autres hauts responsables américains. «En raison de récentes menaces proférées par des dirigeants iraniens contre le président Donald Trump et d’autres responsables du gouvernement américain, j’ai ordonné au USS Nimitz de stopper son redéploiement», a indiqué le secrétaire américain à la Défense par intérim, Christopher Miller, dans un communiqué publié dimanche soir. Le porte-avions «restera désormais en position» dans le Golfe, a-t-il précisé, ajoutant que «personne ne devait douter de la détermination des EtatsUnis d’Amérique». Quelques jours auparavant, C. Miller a annoncé le rapatriement du USS Nimitz qui devait se rendre «directement» aux EtatsUnis, selon un communiqué publié le 31 décembre. Cette décision était un signal de «désescalade» envoyé à Téhéran pour éviter un conflit, selon des responsables américains cités par le New York Times.
Le Nimitz patrouille dans les eaux du Golfe depuis fin novembre afin de protéger le retrait des troupes américaines d’Afghanistan.
Amnay Idir