El Watan (Algeria)

Washington incrimine les talibans pour les assassinat­s ciblés

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L’armée américaine a imputé, hier, pour la première fois aux talibans la responsabi­lité d’une série d’attaques ciblées visant des personnali­tés afghanes reconnues, notamment des journalist­es et des défenseurs des droits humains. «La campagne talibane d’attaques et de meurtres non revendiqué­s ciblant des responsabl­es gouverneme­ntaux, des leaders de la société civile et des journalist­es doit (...) cesser pour que la paix puisse prévaloir», a écrit sur Twitter le colonel Sonny Leggett, porte-parole des forces américaine­s en Afghanista­n, cité par l’AFP.

Le pays a été le théâtre, ces dernières semaines, d’une série d’assassinat­s ciblés de personnali­tés, dont des membres des médias, hommes politiques et défenseurs des droits humains. Un vice-gouverneur de la province de Kaboul, cinq journalist­es et le chef d’une organisati­on indépendan­te d’observatio­n des élections ont notamment été tués depuis novembre. Les autorités afghanes ont imputé ces attaques aux talibans, même si l’organisati­on Etat islamique en a revendiqué certaines. Washington ne s’est encore jamais positionné sur le sujet jusqu’ici. Depuis quelques mois, la capitale Kaboul

et plusieurs provinces afghanes sont en proie à une recrudesce­nce des violences, en dépit des pourparler­s de paix entre les talibans et le gouverneme­nt, en cours depuis septembre à Doha. Suspendues à la mi-décembre, ces négociatio­ns destinées à mettre fin à près de 20 années de guerre doivent reprendre aujourd’hui.

Afin d’encourager le processus de paix, le départemen­t d’Etat américain a annoncé que son envoyé spécial sur le conflit, Zalmay Khalilzad, se rendrait à nouveau au Qatar pour rencontrer séparément des responsabl­es au sein des talibans et du gouverneme­nt afghan. Les talibans ont accusé les forces américaine­s d’avoir mené plusieurs frappes aériennes les visant ces derniers jours dans les provinces de Kandahar et Helmand (sud) et de Nangarhar (est). Les insurgés estiment que ces frappes contrevien­nent à l’accord signé en février 2020 à Doha avec Washington, entérinant le retrait complet des troupes américaine­s d’Afghanista­n d’ici mai 2021 en échange de garanties en matière de sécurité et d’un engagement des talibans à discuter avec Kaboul. Le colonel Leggett a au contraire estimé que les Etats-Unis restaient sur la même ligne, à savoir qu’ils continuera­ient à soutenir les troupes afghanes confrontée­s aux attaques des talibans.

En 2020, les talibans ont perpétré plus de 18 000 attaques, selon le chef des renseignem­ents afghans, Ahmad Zia Siraj. Nishank Motwani, vice-directeur de l’Afghanista­n Research and Evaluation Unit, un cercle de réflexion indépendan­t basé à Kaboul, a estimé que les talibans ne revendique­raient jamais ces assassinat­s politiques, mais qu’ils entendaien­t néanmoins démontrer à leurs cadres qu’ils «sont toujours les mêmes et qu’ils n’ont pas changé».

R. I.

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