Assange ne sera pas extradé vers les Etats-Unis
L Assange reste dans l’immédiat détenu dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, à l’est de Londres, avant une audience demain pour examiner une demande de mise en liberté.
Victoire» de Julian Assange dans sa bataille contre les Etats-Unis : invoquant un risque de suicide, une juge britannique a refusé hier de remettre le fondateur de WikiLeaks à la justice américaine, qui le réclame pour la publication de centaines de milliers de documents confidentiels. Le feuilleton en cours depuis une décennie autour de l'Australien de 49 ans, devenu pour ses soutiens un symbole du combat pour la liberté d'informer, ne s'arrêtera sans doute pas là.
Les autorités américaines ont notifié le tribunal de leur intention de faire appel de la décision rendue par la juge Vanessa Baraitser. Si cette dernière a rejeté les arguments relevant de la défense de la liberté d'expression, elle a estimé que «les procédures décrites par les Etats-Unis ne vont pas l’empêcher de se suicider». Elle a donc refusé l'extradition «pour des raisons de santé mentale». Assange reste dans l'immédiat détenu dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, à l'est de Londres, avant une audience demain pour examiner une demande de mise en liberté. Dans la salle d'audience, Julian Assange, vêtu d'un costume bleu, masqué, s'est essuyé le front. L'avocate Stella Moris, avec qui il a eu deux enfants pendant sa réclusion à l'ambassade d'Equateur à Londres, a fondu en larmes. «Aujourd’hui marque une victoire pour Julian (...), un premier pas vers la justice dans cette affaire», a déclaré Mme Moris à sa sortie de la cour de l'Old Bailey, devant des dizaines de soutiens réunis. Mais «nous célébrerons le jour où il rentrera à la maison», a-t-elle ajouté, appelant le gouvernement américain à «mettre fin» aux poursuites visant l'Australien. Julian Assange se trouve sous le coup de poursuites lancées sous la présidence de Donald Trump. Sous son prédécesseur Barack Obama, qui avait Joe Biden pour vice-président, la justice américaine avait renoncé à poursuivre le fondateur de WikiLeaks. «Le combat n’est pas terminé», a insisté le rédacteur en chef de WikiLeaks Kristinn Hrafnsson, retenant cependant «un moment d’espoir pour commencer la nouvelle année». Le lanceur d'alerte et ex-consultant du renseignement américain, Edward Snowden, a dit espérer que cette décision marquera «la fin» de l'affaire. Amnesty International l'a saluée, tout en avertissant qu'elle «n’absout pas le Royaume-Uni de s’être lancé dans cette procédure politiquement motivée». L'Australien risque aux EtatsUnis 175 ans de prison pour avoir diffusé, à partir de 2010, plus de 700 000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, notamment en Irak et en Afghanistan. Les EtatsUnis lui reprochent d'avoir mis en danger des sources des services américains, accusation qu'il conteste. Parmi les documents publiés figurait une vidéo montrant des civils tués par les tirs d'un hélicoptère de combat américain en Irak en juillet 2007, dont deux journalistes de l'agence Reuters.