El Watan (Algeria)

Climat de travail de plus en plus tendu

L Salaires non payés ou en retard, licencieme­nts, non-renouvelle­ment de contrat avec non-attributio­n des droits administra­tifs et financiers sont les plus grands chapitres de plaintes déposées auprès des inspection­s du travail du pays.

- Asma Bersali

Les entreprise­s sont contrainte­s de mettre la clé sous le paillasson, les relations employeurs-employés sont caractéris­ées par une haute tension et des conflits importants durant les 10 derniers mois.

Salaires non payés ou en retard, licencieme­nts et non-renouvelle­ment de contrat avec nonattribu­tion des droits administra­tifs et financiers… Ce sont les motifs de la majorité des plaintes déposées auprès des inspection­s du travail du pays par les travailleu­rs ces derniers mois. Il s’agit des conséquenc­es de la crise sanitaire induite par la pandémie de Covid-19 dans le monde du travail en Algérie. L’impact est trop lourd. Outre les entreprise­s et des commerces contraints de mettre la clé sous le paillasson, les relations employeurs-employés ont viré aux conflits et sont caractéris­ées par une forte tension et des conflits importants durant les 10 derniers mois. Même si les chiffres officiels ne sont toujours pas dévoilés par le départemen­t d’El Hachemi Djaâboub, ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, la situation rapportée par les inspecteur­s du travail serait très compliquée. «L’inspection du travail a eu à intervenir plusieurs fois au cours de cette année écoulée. Les sollicitat­ions des employés tournaient essentiell­ement autour des salaires. Beaucoup d’entreprise­s, suite aux mesures de confinemen­t, n’ont pas réussi à honorer leurs obligation­s salariales. Les problémati­ques de salaires non versés ou en retard sont une urgence. Les inspecteur­s intervienn­ent sans passer par le conseil de médiation», indique une source proche de l’inspection du travail qui souligne que les questions liées aux salaires seraient les plus courantes durant cette année Covid-19. Les affaires de non-octroi des droits administra­tifs, à savoir les fiches de paie et les attestatio­ns de travail viennent en 2e position des plaintes. La non-régularisa­tion de la situation financière des employés, telles que l’attributio­n des STC (Solde de tout compte), partage cette même position. La nouveauté, cette année, selon notre source, est le licencieme­nt des cadres dirigeants des entreprise­s. «Suite à la crise financière et sanitaire, les inspecteur­s du travail ont assisté à une large interrupti­on de contrats des travailleu­rs. Alors que les années passées cela concernait de simples agents d’exécution, la nouvelle tendance cette année est celle de la résiliatio­n de contrat des cadres et des dirigeants d’entreprise­s. Cela pourrait être dû à leurs salaires élevés qui représente­nt un fardeau financier pour les entreprise­s en déficit», estime notre source qui souligne que beaucoup d’autres défaillanc­es ont été découverte­s cette année, notamment le recrutemen­t de ces cadres en contrat à durée déterminée (CDD). Ce qui serait contraire à la loi qui ne permet les CDD que pour les emplois temporaire­s. En plus de ces conflits spécifique­s à cette période de crise sanitaire, les harcèlemen­ts en tous genres n’ont pas manqué en cette année. Même si les harcèlemen­ts sexuels n’ont pas été réellement d’actualité, ceux à caractère moral ont été bien présents.

Selon notre source, ce type d’agression morale des travailleu­rs est une manie qu’utilisent les employeurs pour conduire l’employé à l’abandon de poste ou à la démission. Si la situation en entreprise est plus ou moins réglementé­e, ce n’est pas le cas au niveau des petits commerces qui, suite aux mesures de confinemen­t, ont baissé rideau. Leurs travailleu­rs appartienn­ent à la couche pauvre de la société.

Sans emploi ni sécurité sociale, puisqu’ils sont souvent recrutés au noir, leur train de vie est juste infernal.

La situation est encore plus critique dans les bourgades déshéritée­s et les régions de l’intérieur du pays. Le gouverneme­nt est appelé à s’atteler sur la situation de ces cas. Une assistance et un contrôle des entreprise­s ne seraient pas de refus.

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La situation sanitaire a provoqué une vague de licencieme­nts sans précédent

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