Scrutin décisif pour Joe Biden en Géorgie
Les électeurs de la Géorgie ont été appelés hier aux urnes pour une double élection sénatoriale. Plus de trois millions d’électeurs, sur quelque sept millions d’inscrits, ont voté par anticipation.
Le président élu Joe Biden et le président sortant Donald Trump ont tenu, lundi, des meetings en Géorgie pour inciter les électeurs de l’Etat à voter massivement. Le scrutin oppose respectivement les sénateurs républicains sortants Kelly Loeffler et David Perdue aux démocrates Raphael Warnock et Jon Ossoff, dans un Etat où Joe Biden a devancé Donald Trump lors de l’élection présidentielle. Le président élu souhaite que les démocrates remportent les deux sièges au Sénat afin de contrôler les deux chambres du Congrès lorsqu’il sera investi à la Maison-Blanche le 20 janvier, tandis que Donald Trump veut que les républicains restent majoritaires à la Chambre haute pour faire obstacle au programme de son rival.
Avec 50 sièges contre 48 pour les démocrates et indépendants, le Parti républicain n’a besoin que d’une seule victoire pour conserver sa majorité au Sénat. Il pourra alors endiguer les ambitions de Joe Biden en matière de lutte contre la pandémie de coronavirus, de réchauffement climatique ou d’économie. Si les démocrates prennent ces deux sièges, le Sénat sera à égalité. La future vice-présidente, Kamala Harris, détiendra alors la voix prédominante. Ainsi, Joe Biden et son administration disposeraient de la majorité au Sénat et à la Chambre des représentants. Le Président sortant, qui n’a toujours pas reconnu la victoire de son adversaire lors du scrutin du 3 novembre, a laissé entendre lors de sa visite en Géorgie que son combat continue pour garder le pouvoir. «Ils ne vont pas prendre la Maison-Blanche. Nous allons nous battre comme des diables», a-t-il déclaré à Dalton, ville du nordouest de l’Etat habitué à voter majoritairement pour les républicains.
De son côté, Joe Biden a fustigé la gestion par l’administration sortante de l’épidémie de coronavirus et promis un nouveau départ pour le pays. «C’est une nouvelle année, et demain peut être un nouveau jour pour Atlanta, pour la Géorgie et pour l’Amérique», a-t-il indiqué dans la capitale de Géorgie, Atlanta. Comme il a déploré les retards de l’administration actuelle dans le déploiement des vaccins contre le coronavirus, reprochant au Président sortant de passer «davantage de temps à gémir et à se plaindre qu’à faire quelque chose pour résoudre le problème». Une victoire des deux candidats démocrates, a ajouté Joe Biden, permettrait de garantir qu’une aide directe de 2000 dollars sera envoyée aux Américains, alors que la crise sanitaire a causé plus de 350 000 décès et mis des millions de personnes au chômage. Donald Trump a demandé lundi à son vice-président, Mike Pence, d’agir en sa faveur lorsqu’il sera chargé aujourd’hui de superviser la certification par le Congrès des résultats de l’élection présidentielle. C’est à lui que reviendra le rôle protocolaire de déclarer Joe Biden vainqueur à l’issue de cette séance. Ce dernier a remporté 306 voix au Collège électoral contre 232 pour le Président sortant. «J’espère que Mike Pence va répondre présent pour nous», a déclaré Trump lors du meeting à Dalton. Traditionnellement un bastion républicain, la Géorgie a surpris en soutenant lors de l’élection présidentielle un candidat démocrate, pour la première fois en près de trois décennies. Donald Trump continue de dénoncer, sans preuve, une fraude électorale pour expliquer sa défaite lors de l’élection présidentielle, des accusations rejetées par des représentants électoraux, des tribunaux et le département américain de la Justice.
Au cours d’un entretien téléphonique, le Président sortant a fait pression samedi sur le secrétaire d’Etat de Géorgie, le républicain Brad Raffensperger, pour que celui-ci «trouve» suffisamment de voix pour inverser sa défaite face à Joe Biden, selon Washington Post, qui a publié dimanche un enregistrement de la conversation. Donald Trump a aussi laissé entendre durant cet échange que la décision de Brad Raffensperger de ne pas modifier les résultats en sa faveur pourrait affecter la participation des républicains aux sénatoriales de Géorgie.
A. Idir