L’effroi (rahba) à la même racine que le terrorisme (irhab)

Trois ans de prison pour des dessins, c'est évidemment inqualifiable et loin de faire honneur à l'Algérie. Walid Kechida, activiste du hirak, ce qui constitue au fond son délit, connaît certainement la devise de Machiavel : «Celui qui contrôle la peur des gens devient maître de leurs âmes.» C'est une tendance mondiale, la peur est une méthode de gestion politique et si les ministres de la Justice soulignent tous que le pénal est pour les criminels et la détention préventive une exception, un dessin ou une phrase sont en réalité du pénal avec la cellule en fer au bout du couloir. A relire pourtant la Constitution qui vient d'être ratifiée et publiée au Journal officiel, il est clairement établi par l'article 51 que «la liberté d'opinion est inviolable», par l'article 52 que «la liberté d'expression est garantie» et enfin par l'article 54 que «le délit de presse ne peut être sanctionné par une peine privative de liberté». Quelle est la différence entre un délit de presse et un dessin ou une opinion publiés sur

Facebook ? Le premier est lié à un organe agréé par l'Etat et l'autre à un support libre non reconnu officiellement. Ce qui ne change rien au fond, les autorités ont soigneusement confectionné le code pénal pour faire de la Constitution un recueil de poèmes et tout journaliste reconnu par l'Etat peut aller en prison, il fallait réformer le code pénal et non pas la Constitution, il fallait changer la justice et non pas les juges. Il s'agit bien de semer l'effroi, mais font-ils peur parce qu'ils ont peur d'un nouveau hirak ou c'est la seule méthode qu'ils ont trouvée pour gérer 42 millions d'habitants qui ne les aiment pas vraiment ? Si on sait que le régime déteste les Algériens, sauf si ce sont ses propres enfants ou ont le grade de général, et les Algériens détestent leur régime, sauf ceux qui ont voté, on sait aussi que la fin de l'article 54 de la Constitution l'a prévu : «La diffusion de tout discours haineux est prohibé.» Alors on vous aime. Mais pas du coeur.