MALAISE DANS LE CORPS DES DOUANES
Le corps des Douanes traverse une situation difficile depuis plusieurs mois Le marasme gagne cette corporation qui est en première ligne dans la protection de l’économie nationale
Le corps des Douanes traverse une situation difficile depuis plusieurs mois. Le marasme gagne cette corporation qui est en première ligne de protection de l’économie nationale. L’espoir de voir les conditions de travail des douaniers s’améliorer s’éloigne de plus en plus, surtout lorsque l’on sait que le programme d’actions tracé par la direction générale en septembre 2020 n’a pas encore été entamé. «Aucune action inscrite dans ce programme n’a été entamée à ce jour, à l’instar du nouveau système d’information de l’administration des Douanes, lancé en 2018, pour un coût de 24 millions de dollars, qui demeure gelé», a-t-on appris de sources sûres, selon lesquelles les équipements informatiques nécessaires à ce programme de modernisation, importés depuis plus d’une année et non encore mis en marche, risquent, au fil des années, d’être dépassés par l’évolution technologique, si leur qualité n’a pas été altérée entre-temps. Ce nouveau système informatique «Unipass» est développé par l’agence sudcoréenne Cupia. Qualifié par certains de révolutionnaire, ce système est censé être le fruit de la coopération entre les Douanes algériennes et les Douanes sud-coréennes. Un système qui a été conçu pour permettre aux Douanes algériennes de répondre aux exigences de leurs missions de plus en plus complexes et délicates.
A cela s’ajoute le nouveau code des Douanes promulgué en février 2017, qui n’est toujours pas en vigueur en raison de l’absence des textes d’application. Il y a, selon nos sources, au moins 80 textes d’application qui demeurent en instance. «La direction générale s’est contentée de faire promulguer un article à la LFC2020 pour maintenir l’application des anciens articles, considérés comme abrogés jusqu’à la promulgation des nouveaux textes», ont-elles relevé, évoquant au passage un «manque de communication interne et externe», à la fois avec les différents intervenants de l’administration des Douanes et avec la presse, qui altère le climat de travail, «de plus en plus flou et pesant». «Les cadres centraux sont marginalisés, non encadrés et livrés à eux-mêmes, pour ne pas dire qu’ils travaillent dans un climat d’insécurité et de menace, ce qui impacte leur rentabilité et leur efficacité», ont indiqué encore nos sources.
Autre point relevé : la nature du nouveau programme d’actions, qui est axé sur des missions qui ne sont pas au coeur de l’activité douanière concentrée sur sa traditionnelle mission fiscale et économique. D’après nos sources, il y a un penchant vers une «mission purement sécuritaire» tel que reflété par «le projet de classification des grades inspiré de la classification militaire».
Mais, regrettent nos sources, «aucune politique de gestion des compétences n’est adoptée par la direction générale, sachant qu’à l’heure actuelle, il est constaté un vieillissement des cadres et un manque d’encadrement jeune». Ce qui accentue le marasme au sein de ce corps, c’est «la persistance du favoritisme et du népotisme». Mais pas seulement. Le projet du nouveau régime indemnitaire y est pour beaucoup.
Ce projet, ont affirmé nos sources, n’a pas été à la hauteur des catégories défavorisées, à l’instar des agents de contrôle et de surveillance. Les bas salaires ne connaîtront pas une évolution notable, contrairement aux salaires des cadres dirigeants qui sont déjà nettement plus élevés. «Par exemple, un agent de contrôle qui perçoit un salaire mensuel net de 37 800 DA passera à 40 000 DA. Un agent de surveillance passera de 36 400 DA à 37 800 DA alors que les salaires des hauts cadres, comme celui du directeur général, connaîtront une évolution sensible, allant jusqu’à 100 000 DA», ont indiqué nos sources. Outre le projet de nouvelle grille des salaires, le corps des Douanes souffre d’un manque de moyens, notamment le Grand Sud, où des agents de contrôle meurent dans des accidents causés par des pneus détériorés.
«Au lieu de s’occuper de l’amélioration des conditions de travail des agents des Douanes, notamment ceux travaillant dans le Grand Sud et qui n’ont pas été remplacés depuis 4 ans, l’administration des Douanes se penche sur des projets farfelus, comme l’acquisition d’hélicoptères et de frégates en ces temps de vaches maigres, et se concentre sur l’orientation vers des missions extra-douanières relevant des services de la Défense nationale», ont ajouté nos sources, cela quand bien même ces missions s’inscrivent dans les actions des Douanes, à l’instar de ce qui se passe dans les pays développés. Mais, pour les douaniers, l’urgence est, entre autres, le renforcement des moyens, la mise à jour des textes réglementaires et la prise en charge des aspirations des douaniers qui souffrent de la marginalisation et des conflits conjoncturels qui secouent la haute administration des Douanes.