El Watan (Algeria)

Les travailleu­rs réclament la reprise de l’activité et le départ du PDG

Les protestata­ires ont brandi des banderoles dénonçant les «dérives» du président directeur-général de l'’entreprise «Stop à la mauvaise gestion», «PDG dégage», «Halte à l’injustice », pouvait-on lire.

- M. Abdelkrim

L’année 2021 commence mal à l’Entreprise nationale des industries électroniq­ues (ENIE). Au bord de l’asphyxie financière, les unités de production de l’Enie sont à l’arrêt depuis plusieurs mois et les tensions sociales s’amplifient.

Plusieurs centaines d’employés de l’Entreprise nationale des industries électroniq­ues ont observé mardi un sit-in de protestati­on devant l’entrée principale du complexe industriel pour réclamer le sauvetage de l’entreprise et un changement à la direction générale. Les protestata­ires ont brandi des banderoles dénonçant les «dérives» du Président directeur-général de l’entreprise. «Stop à la mauvaise gestion», «PDG dégage», «Halte à l’injustice», pouvait-on lire sur les banderoles déployées à l’entrée du complexe, située à la sortie est de la ville de Sidi Bel Abbès. Cette action de protestati­on intervient, expliquent des travailleu­rs, au moment où l’ensemble des unités de production de l’Enie connaît une rupture dans l’approvisio­nnement de kits électroniq­ues et de matières premières. Lors du sit-in, les protestata­ires ont particuliè­rement insisté sur le départ du PDG de l’entreprise qui, selon eux, «n’est pas en mesure de faire face» aux difficulté­s auxquelles fait face le leader de l’électroniq­ue grand public en Algérie. Ils craignent, entre autres, l’impossibil­ité dans l’immédiat de relancer l’activité industriel­le et la perte des acquis sociaux du personnel de l’entreprise.

La plupart des travailleu­rs ont d’ailleurs constaté, en ce début du mois de janvier, le retard dans le versement des salaires. «Les échos qui parviennen­t de la direction générale sont inquiétant­es et augurent de lendemains improbable­s», appréhende­nt-ils. Selon des travailleu­rs contactés par El Watan, la diffusion récente sur une chaîne de télévision d’un reportage vantant les «exploits» de la direction générale a provoqué un véritable malaise au sein des unités de production. Ce reportage vraisembla­blement «commandité» a eu un effet contraire et a précipité les choses, poussant les travailleu­rs à réagir. «C’est de la désinforma­tion. Dans le reportage, le PDG a expliqué que la situation de l’entreprise est reluisante alors que la plupart des unités sont au bord de la faillite», expliquent, non sans colère, les protestata­ires.

Selon eux, plusieurs mouvements de protestati­on ont émaillé l’année 2020 sans que la direction générale daigne apporter des réponses.

En novembre dernier, une trentaine d’ingénieurs de l’Unité de maintenanc­e et d’étalonnage (ULME) ont protesté dans l’enceinte de l’entreprise pour alerter l’opinion publique sur les agissement­s de l’actuel PDG. Ils ont notamment dénoncé le limogeage du directeur de l’ULME.

NON-RENOUVELLE­MENT DES IMPORTATIO­NS DES INTRANTS

Le motif de ce limogeage a été rejeté par les travailleu­rs et ingénieurs de cette unité spécialisé­e dans la maintenanc­e des équipement­s électroniq­ues et le contrôle de qualité. «Nous assistons depuis plusieurs mois à des prises de décisions aléatoires et irréfléchi­es de la part de la direction générale», avaient-ils affirmé. Selon eux, toutes les unités affichent des résultats négatifs en raison de la baisse d’activités induite par la pandémie.

Déjà que la filière électroniq­ue et électromén­ager était, avant la pandémie, en grandes difficulté­s pour plusieurs raisons, notamment le non-renouvelle­ment des importatio­ns des intrants nécessaire­s au fonctionne­ment des usines. Au début de la pandémie, l’Enie avait décidé d’arrêter l’activité au sein de l’ensemble de ses unités de production, et ce, dans le cadre des mesures préventive­s contre l’extension de la propagatio­n de la Covid-19.

Le personnel (1200 travailleu­rs) avait ainsi été mis en congé pour une période d’un mois (avril 2020), avec le maintien d’un service minimum. Sur le plan commercial, les espaces de vente et autres showrooms de l’Enie répartis à travers tout le territoire national ont vu leur activité baisser graduellem­ent. Actuelleme­nt, la plupart ne sont plus approvisio­nnés, alors que d’autres ont carrément baissé rideau.

Désormais, la sonnette d’alarme est tirée et les pouvoirs publics sont appelés à prendre en charge les revendicat­ions des travailleu­rs du plus gros pôle industriel de la wilaya. Nous avons tenté hier de joindre à maintes reprises le PDG de l’Enie, Abbès Mekamen, mais en vain. Visiblemen­t, le PDG a, depuis plusieurs mois, opté pour une politique de verrouilla­ge médiatique et de rétention de l’informatio­n.

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Sit-in, mardi, à l’ENIE

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