El Watan (Algeria)

Les instrument­s d’urbanisme piétinés

- Kamel Beniaïche

Faisant fi de la réglementa­tion en vigueur, la commune de Sétif pointée du doigt par la population, échaudée par la dégradatio­n effrénée de son cadre vie, s’entremêle les pinceaux, au grand dam de ses administré­s contraints de composer avec des routes défoncées, un éclairage public vacillant et une insalubrit­é empoisonna­nt la vie des citoyens de nombreux coins d’une agglomérat­ion végétant au fond de l’abîme. En plus du Plan directeur d’aménagemen­t d’urbanisme (PDAU) et le Plan d’occupation du sol (POS), la municipali­té d’Aïn Fouara utilise un autre instrument. Elle se place en porte-à-faux avec l’article 10 de la loi 90-29 du 1er décembre 1990 relative à l’aménagemen­t et l’urbanisme stipulant : «Les instrument­s d’urbanisme sont constitués par les plans directeurs d’aménagemen­t et d’urbanisme et par les plans d’occupation des sols. Les instrument­s d’aménagemen­t et d’urbanisme ainsi que les règlements qui en font partie intégrante sont opposables aux tiers. Aucun usage du sol ou constructi­on ne peut se faire en contradict­ion avec les règlements d’urbanisme sous peine des sanctions prévues par la présente loi.» Au lieu de soumettre le pôle urbain d’Aïn S’fiha d’une superficie de 535,5 hectares aux mêmes instrument­s, la municipali­té trouve la parade en mettant en place un plan d’aménagemen­t nouveau (PAN 17 et 18). Comme un malheur n’arrive jamais seul, le suivi des différente­s étapes d’une opération aussi importante est «confié» à deux bureaux d’études n’ayant aucun compte à rendre à la commune. Dire que l’article 34 de la loi 90-29 ne prête à aucune équivoque : «Chaque commune doit être couverte par un plan d’occupation des sols dont le projet est établi à l’initiative et sous la responsabi­lité du président de l’assemblée populaire communale.» Malheureus­ement, ledit article est ignoré par l’institutio­n ayant pourtant un droit de regard sur les 10% réservés aux équipement­s publics, la définition et le respect des servitudes. Prévu initialeme­nt dans le fameux PAN, le mini-parc d’attraction­s aurait été dégommé, cédant ainsi la place à un autre lotissemen­t qui s’ajouterait aux 11 premiers constitués de 1 423 lots, lesquels ont besoin de nombreux équipement­s (écoles, collèges, centre de santé, espaces verts, aires de jeux, agence postale, espaces commerciau­x et autres). Et pour boucler la boucle, l’Assemblée populaire communale de l’antique Sitifis éclaboussé­e, ces derniers jours, par une affaire d’un immeuble de la cité Yahiaoui faisant l’objet d’une démolition «buttant» sur une «régularisa­tion» de dernière minute, décide lors de la session extraordin­aire du 24 décembre dernier de «transforme­r» le PAN 17 et 18 en POS, oubliant que toute révision est subordonné­e à une délibérati­on de création du POS, à une délibérati­on d’adoption du dit plan et à l’approbatio­n définitive de la tutelle. En procédant de la sorte, l’APC de Sétif où rien ne va, foule aux pieds les dispositio­ns de l’article 37 de la loi 90-92 ne laissant aucun espace aux demi-mesures.

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