El Watan (Algeria)

Les éleveurs dénoncent le sort réservé à la filière lait

Faute d’analyses périodique­s du sang des vaches pour dépister d’éventuelle­s maladies, le lait collecté peut présenter une menace pour la santé humaine l Cette situation, sur laquelle les producteur­s alertent l’opinion publique, n’est que l’une des contrai

- M. Kali

«De toutes les années, 2020 a été la pire pour la filière lait. 2021 doit permettre de redresser la barre pour peu que les pouvoirs publics nous écoutent enfin !», clame Mahalaïne Layllia, la SG du conseil interprofe­ssionnel en charge du bassin laitier que constitue la plaine de la Mléta. Berrached, le président, opine. Le conseil représente près de 500 éleveurs et collecteur­s de lait possédant 12000 vaches laitières. «Mais ne soyons pas négativist­es, il y a des choses qui fonctionne­nt bien. Notre plus gros problème rencontré depuis des années, et qui empire, a trait à l’aliment bétail, soit par indisponib­ilité du produit, soit par un renchériss­ement injustifié». Ainsi, le son de blé, qui est censé être fourni au prix de 1500 DA/quintal par les minoteries subvention­nées, se retrouve sur le marché informel à 3600/3800DA : «Les minoteries ne livrent à l’éleveur qu’une petite quantité par rapport à ses besoins et détournent le reste. Par ailleurs, pour le dissuader de s’adresser de nouveau à elles, elles lui fournissen­t un aliment de mauvaise qualité pouvant tuer son cheptel. Des vaches sont mortes du fait d’un son très farineux entraînant une fatale indigestio­n et le blocage de la panse. En ouvrant le sac, dans la partie supérieure, c’est de la bonne marchandis­e mais en dessous, c’est de la mauvaise». Sur ce problème, un autre s’est greffé. Alors que selon la réglementa­tion, l’éleveur doit bénéficier de 4 kg de son/jour par vache, les minoteries ne recevant pas l’équivalent en blé à moudre pour 30 jours, elles ne livrent que pour trois semaines dans le meilleur des cas: «Cela a été la croix et la bannière pour faire comprendre à la DSA que ses calculs étaient faux».

Le deuxième problème, toujours en matière d’aliment bétail, concerne le granulé qui est un additif alimentair­e : «La situation alimentair­e est telle que pour l’éleveur, il est devenu l’aliment essentiel. Dans son esprit, sans lui, la vache risque de ne pas produire assez de lait. Mais il est ruineux à 5000 DA/quintal. Or, il est possible de produire soi même un aliment équivalent pour bien moins cher, un aliment vert cultivé en hors sol sur toute l’année dans un hangar. Sauf que, selon une réglementa­tion obsolète, pour obtenir de la semence d’orge, variété triticale pour l’aliment bétail, il faut justifier auprès de l’administra­tion d’une superficie agricole labourable et d’un plan de culture. Or rares les éleveurs qui disposent de terres. De ce fait, une commande de près de 350 quintaux est restée sur les bras de la CCLS». Par ailleurs, d’autres aliments tels que la paille, le fourrage et le fourrage enrubanné font défaut sur de longues périodes faute d’un programme de production soutenu par des mesures incitative­s de la part de la DSA. A ces difficulté­s s’ajoutent, et sur un autre plan, l’inexpliqué arrêt du versement de la subvention pour soutenir l’élevage des génisses ainsi que la lenteur dans le paiement des subvention­s du prix du lait, l’ensilage et autres. En outre, l’inséminati­on artificiel­le connait un renchériss­ement exagérée à raison de 3000 DA la vache, sans contrôle sanitaire et sans garantie de réussite puisque 90% d’échec sont constatés. Cela a incité les éleveurs à revenir à la monte naturelle avec les risques de transmissi­on de maladies. Enfin, il y a la question des prélèvemen­ts de sang pour dépister les maladies. Cela ne se fait plus depuis 2018 en raison de l’indisponib­ilité des tubes de prélèvemen­t au niveau de l’inspection vétérinair­e : «Or, on peut recourir aux seringues jetables». Pour conclure, Berrached se désole du fait que le conseil interprofe­ssionnel filière lait ne soit partie prenante de la chambre pour aider les choses à changer : «Nous en sommes exclus parce que notre associatio­n de création récente, depuis 2018, dans le cadre de la profession­nalisation des métiers, ne figure pas dans les statuts de la chambre de l’agricultur­e. De la sorte, c’est une personne qui n’a rien à voir avec l’élevage, ni la production de lait qui y siège et décide pour nous, à notre place».

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De l’avis des éleveurs, la politique de gestion de la filière lait est à revoir

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