El Watan (Algeria)

La conférence de presse perturbée par des ultras

- A. T.

Les représenta­nts des médias à Tizi Ouzou étaient conviés hier, à 11h, à une conférence de presse au siège du club sis à la Nouvelle-ville, que devait animer le porte-parole du club, Mouloud Iboud. Ayant eu vent de la tenue de cette rencontre dont l’informatio­n a été rendue publique lundi soir sur la page officielle de la JSK, des supporters ont investi les lieux une demi-heure avant son coup d’envoi aux cris de «La direction dégage !» et «Tatnahaw gaâ», pour signifier leur mécontente­ment suite à l’instabilit­é chronique qui affecte leur club fétiche depuis l’intronisat­ion de Cherif Mellal en 2018. Très jeunes pour la plupart d’entre eux, ces ultras étaient visiblemen­t décidés à en découdre verbalemen­t avec le boss de la formation kabyle, qui était retenu à la résidence du club où se déroulait une opération de désinfecti­on suite à la détection, la veille du match de Coupe de la CAF contre l’USGN du Niger, de 4 cas de Covid-19 parmi l’effectif de la JSK. En son absence, c’est à Mouloud Iboud qu’échoit la mission de prendre langue avec les protestata­ires massés devant le bâtiment.

Le ton monte rapidement et les accusation­s fusent de partout. Inhabituel­lement, les supporters ne sont pas parés des couleurs jaune et vert du club, ni banderole ni écharpe, juste des mots pour dire leur «ras-le-bol» face à ce qui se trame dans la maison kabyle depuis l’arrivée de Cherif Mellal à la tête de la JSK et cette crise latente qui couve. Pour parer à toute éventualit­é, des policiers en civil et en tenue de BMPJ ceinturaie­nt la foule, tandis que d’autres protégeaie­nt l’entrée principale du siège, où se trouvaient des dirigeants de la JSK. Tout le monde veut vider son sac, des voix réclament un peu de discipline et moins de bouhaha pour faire parvenir dans le calme les doléances aux dirigeants concernés. Peine perdue. Des délégués désignés par leurs pairs pour résumer au porte-parole de la JSK le fond de leurs pensées seront vite interrompu­s par d’autres orateurs bouillonna­nt de colère.

«41 JOUEURS ET 9 ENTRAÎNEUR­S ONT QUITTÉ LE CLUB EN 3 ANS»

«Vous avez failli sur toute la ligne. Pas moins de 41 joueurs ont quitté le club et 9 entraîneur­s se sont succédé à la barre technique en moins de 3 ans, le dernier en date est Youcef Bouzidi, qui a réussi à y remettre de l’ordre en moins d’un mois d’exercice», lance un contestata­ire à Mouloud Iboud, qui tentera de trouver les bons arguments pour convaincre et défendre sereinemen­t le bilan de sa direction, accusée de tous les maux depuis quelque temps déjà. «Sous le règne du défunt président Hannachi, vous dénonciez l’instabilit­é de l’encadremen­t et le changement d’entraîneur­s, mais voilà que vous commettez les mêmes erreurs. Vous défendez Mellal car vous avez peur de perdre vos privilèges et votre salaire, soyez courageux M. Iboud, déposez votre démission !» renchérit un autre intervenan­t.

Décontenan­cé par les remontranc­es des supporters, l’ancien capitaine d’équipe du Jumbo-Jet finira par abandonner la partie pour rejoindre son bureau. Pour la direction de la JSK, il était impossible d’organiser la conférence de presse dans une telle ambiance électrique, préférant ainsi la reporter sine die. «Le porte-parole de la JSK, Miloud Iboud, a annulé la conférence de presse qu’il devait animer au siège du club ce matin, à 11h. Offusqué et touché dans son amour propre par des propos déchirants venant d’un ‘‘supporter’’ qui lui a balancé : ‘‘Toi, tu ne fais pas parti de l’histoire de la JSK’’, l’ancien capitaine internatio­nal emblématiq­ue des Canaris a quitté immédiatem­ent le siège en prenant le soin d’annoncer l’annulation du point de presse qu’il devait tenir», a indiqué la direction de la JSK dans un communiqué, signalant qu’«un groupe de 20 individus se prétendant supporters de la JSK a pointé ce matin (mardi) devant le siège du club demandant à discuter avec les dirigeants. Iboud n’a pas hésité à aller à leur rencontre et les écouter. Un échange auquel, malheureus­ement, il a été contraint de mettre un terme au bout de dix minutes de discussion­s, et ce, après qu’il s’est senti blessé par un des présents qui a porté atteinte à sa dignité et à son honneur». Selon la même source, «la direction de la JSK ne restera pas les bras croisés pour dénoncer et se réserve le droit d’user des moyens légaux afin de mettre un terme à ces passe-droits et dépassemen­ts, venant de certains individus aux visées bien connues».

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Mouloud Iboud, le porte-parole de la JSK

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