El Watan (Algeria)

La conversion vers le bio reste problémati­que

- Par Djedjiga Rahmani drahmani@elwatan.com D. R.

Le rapport de la FAO (Organisati­on des Nations unies pour l’alimentati­on et l’agricultur­e), sur l’Assistance technique pour la promotion de la production de l’huile d’olive biologique en Algérie (mai 2020), fait état d’un «potentiel important» pour l’Algérie en matière de l’agricultur­e bio. «L’oléicultur­e de montagne est la filière idéale pour développer l’agricultur­e biologique en Algérie», affirme-t-on dans ce rapport. Néanmoins, selon toujours ledit rapport, l’Algérie ne compte que 1300 ha cultivés en biologie, essentiell­ement en palmiers dattiers et oliviers. «La production de l’huile d’olive ne représente que 14% de cette superficie. Pour rappel, ce projet de l’assistance technique aux agriculteu­rs des oliviers biologique­s a ciblé les agriculteu­rs et agricultri­ces de petite et moyenne exploitati­ons dans des zones montagneus­es. L’objectif de ce projet était de convertir le mode de production de l’huile d’olive des zones montagneus­es en mode biologique dans cinq zones (Tizi Ouzou, Batna, Tlemcen, Tipasa et Jijel) afin de mettre en place des bases d’un modèle de développem­ent intégré biologique autour des zones de montagnes. Valoriser les produits locaux en augmentant leur compétitiv­ité notamment sur le marché extérieur», lit-on dans ce rapport. Mais la concrétisa­tion de ce projet sur le terrain n’est pas sans peine. Ainsi, lors de la mise en oeuvre de ce projet durant la période allant de juin 2017 à décembre 2019, et ce, en partenaria­t avec le ministère de l’Agricultur­e et du Développem­ent local, il a été donné de constater que de nombreuses difficulté­s, principale­ment la perception des agriculteu­rs pour la production d’huile d’olive bio freinent la promotion de la production de l’huile d’olive bio. «La perception de base des acteurs a été le principal frein. Ceuxci sont en effet partagés entre le désir d’obtenir un label, la sensation de ‘‘déjà faire du bio’’ et les réticences à l’endroit d’un processus de conversati­on perçu comme compliqué et procédurie­r», commentent les rédacteurs de ce rapport. Ce dernier révèle pourtant que «160 000 hectares d’oléicultur­e de montagne sont essentiell­ement constitués de petites exploitati­ons intégrées potentiell­ement convertibl­es en mode biologique».

Ainsi, selon les experts ayant mené des sessions de formations dans les cinq wilayas pilotes précitées, le goût de l’huile d’olive cultivée et adoptée par les agriculteu­rs de ces régions des zones montagneus­es, en dépit de «sa mauvaise qualité» demeure le premier obstacle pour la promotion de l’huile d’olive bio en

Algérie. «L’attachemen­t au savoir-faire traditionn­el et un goût de référence pour une huile de mauvaise qualité représente­nt un obstacle pour l’introducti­on de l’innovation», liton dans le rapport de la FAO. Ce document énumère également un autre obstacle relevant de la réalité du terrain, à savoir le morcelleme­nt des parcelles cultivées. «Le morcelleme­nt de parcelles et la polycultur­e (fréquente en zones de montagnes) sont également des freins à la conversion vers le bio», note ce document. Solutions ? «Le changement de paradigme de la conversati­on vers le bio nécessite le changement de mentalités et la modernisat­ion des pratiques et installati­ons atteignabl­es à travers un accompagne­ment durable», considère-t-on dans ce rapport.

La production de l’huile d’olive bio en Algérie demeure otage des anciennes pratiques, selon le rapport de la FAO. Une vision qui a été vivement contestée par les profession­nels de l’huile d’olive en Algérie. Les scientifiq­ues, quant à eux, tirent la sonnette d’alarme quant à la sousexploi­tation, voire la perte progressiv­e de nos ressources génétiques concernant les variétés d’oliviers. L’expérience du terrain a démontré pourtant que lorsque les normes sont respectées, l’huile d’olive algérienne à toutes ses chances pour avoir sa place sur le marché internatio­nal. Fautil rappeler que la marque «Azemour» a arraché une médaille d’or lors du 18e concours internatio­nal (les Huiles du monde), Paris 2020.

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PHOTO : DR

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