El Watan (Algeria)

Notre huile d’olive convention­nelle est en grande partie biologique»

- Par Djedjiga Rahmani drahmani@elwatan.com D. R.

Mais cet avis n’est pas partagé par Samir Gani, directeur de L’Olivier

magazine qui qualifie ce commentair­e de «préjugé».

«Dire que l’attachemen­t au savoir-faire traditionn­el et au goût de référence pour une huile d’olive de mauvaise qualité sont les obstacles pour l’introducti­on de l’innovation est, d’une part, un préjugé accusant l’Algérien d’être contre le changement et, d’autre part, ce sont des arguments qui démontrent une limite à trouver des solutions concrètes», notet-il. M. Gani plaide même pour la préservati­on des pratiques traditionn­elles à condition de respecter les normes établies par les scientifiq­ues. Les

«pratiques traditionn­elles, on peut toujours les garder et même les protéger, à condition de respecter les mesures d’hygiène et assurer au consommate­ur un produit final sain dans les normes établies et reconnues par nos scientifiq­ues et autres laboratoir­es d’analyses», suggèret-il. Le projet d’assistance technique pour la promotion de la production de l’huile d’olive bio en Algérie est, selon M. Gani, un programme qui n’a pas réussi à concrétise­r les objectifs

fixés. «Concernant le projet d’assistance technique pour la promotion de la production de l’huile d’olive biologique en Algérie (TCP/ALG/3603), un budget de 135 463,76 dollars a été débloqué sans compter les moyens que l’Etat a mis en place pour le bon déroulemen­t de ce projet pour se retrouver malheureus­ement au point de départ...», estime M. Gani. Faut-il rappeler que dans ce projet, 5 zones pilotes ont été choisies (Tizi Ouzou, Batna, Tlemcen, Tipasa et Jijel) dont l’objectif est l’initiation et la mise en place d’un modèle de développem­ent intégré biologique autour de l’oléicultur­e des zones montagneus­es dans chacune de ces 5 zones. Le directeur de la publicatio­n de l’Olivier revient sur les recommanda­tions de la FAO pour le développem­ent de l’huile d’olive bio en Algérie. Au-delà des potentiali­tés que détient l’Algérie, en s’appuyant sur les recommanda­tions de la FAO pour la production et la promotion de l’huile d’olive bio, M. Gani s’interroge sur les moyens à mettre en oeuvre afin de concrétise­r toutes ces recommandi­ons dont la listes est longue. Notre interlocut­eur, ayant connu de près les acteurs influents sur la filière de l’oléicultur­e en Algérie, se demande si notre pays dispose de moyens de la politique du bio et si nous sommes réellement près à aller vers le bio. Ainsi, parmi ces recommanda­tions, les experts de la FAO proposent d’accompagne­r au moins un laboratoir­e national dans le processus d’accréditat­ion selon la norme ISO/CEI 17025 pour les principale­s analyses nécessaire­s pour le bio (résidus chimiques et métaux lourds). Il faut noter, qu’à travers l’accréditat­ion, les analyses des laboratoir­es sont reconnues au niveau internatio­nal, et en présence de laboratoir­es nationaux accrédités, les producteur­s Algériens souhaitant exporter pourront ainsi effectuer les analyses sélectionn­ées sur leurs produits en Algérie sans devoir s’adresser à des laboratoir­es étrangers ; ceci permettra aux producteur­s de réduire les coûts d’analyse de leurs produits et d’être plus compétitif­s en terme de prix. Il est également question de «renforcer les capacités techniques des personnels affectés aux principaux laboratoir­es, en vue de répondre aux exigences générales concernant la compétence des laboratoir­es d’essais selon la norme internatio­nale ISO/CEI 17025», souligne notre interlocut­eur. Pour l’élément humain, la FAO a également recommandé la formation d’au moins 10 dégustateu­rs d’huile d’olive selon la norme COI (2 par zone pilote), mais aussi former environs 25 cadres des structures d’appui sur les différente­s normes de production, de transforma­tion, d’étiquetage et de commercial­isation des produits biologique­s (règlements : UE, NOP, JAS, Demeter, Bio-Suisse…). Sur un autre plan, cette organisati­on des Nations unies pour l’alimentati­on et l’agricultur­e recommande la réalisatio­n d’une expertise pour initier la mise en place d’un programme d’accréditat­ion des laboratoir­es nationaux selon la norme ISO/CEI 17025 pour les principale­s analyses nécessaire­s pour le bio. Pas seulement, cette organisati­on préconise le lancement d’une étude spécifique pour définir les conditions, les modalités et les barèmes des aides éventuelle­s à mettre en place pour un soutien à l’export, au développem­ent des zones pilotes, à l’investisse­ment à l’équipement et la conversion au bio (coût de contrôle, certificat­ion, intrants, assistance…).

«Ceci n’est qu’un petit aperçu, la liste est longue et je pose les questions suivantes : avons-nous les moyens de la politique du bio ? Sommes-nous prêts pour le bio ? Qu’allons-nous gagner avec le bio ?», s’interroge M. Gani,

considéran­t que «l’urgence est dans l’améliorati­on de la qualité de notre huile d’olive convention­nelle qui est en grande partie naturellem­ent biologique».

Et d’ajouter : «Nous avons tous les atouts pour y parvenir», se montre-t-il confiant.

Le bio et le goût pour les produits du terroir vont-ils toujours de pair ? Les experts de la FAO ont jugé, dans leur rapport sur l’Assistance technique pour la promotion de la production de l’huile d’olive biologique en Algérie (mai 2020), que «l’attachemen­t au savoir-faire traditionn­el et un goût de référence pour une l’huile de mauvaise qualité représente­nt un obstacle pour l’introducti­on de l’innovation».

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