De la naissance du jeu d’échecs à Deep Blue
Le plus souvent, des gens me questionnent sur l’origine du jeu d’échecs. Et bien que la question soit sujet à controverses, on pourrait s’accorder à dire que l’Inde est son «pays natal». Vers le VIe siècle après J.-C. le Chaturanga, (le jeu des quatre rois) fait référence aux 4 corps de l’armée indienne : l’infanterie, les chars, la cavalerie et les éléphants.
La légende voulait aussi qu’un jour un prêtre indien nommé Sissa aurait inventé le chaturanga pour démontrer à son prince la faiblesse du roi sans protection. Le sage est alors récompensé par le monarque pour choisir lui-même son cadeau. Il demande alors juste un peu de blé en invitant le souverain à placer un grain de blé sur la première case d’un échiquier, puis deux sur la deuxième case, quatre sur la troisième, huit sur la quatrième et ainsi de suite jusqu’à la soixantequatrième case en doublant à chaque fois le nombre de grains. Au final, le roi n’a jamais pu accéder à sa demande, car il aurait fallu lui offrir 18 446 744 073 709 551 615 grains…, soit toutes les récoltes de la Terre pendant 50 siècles !!
Par la suite, le chaturanga aurait été introduit en Perse (Iran actuel) sous le nom de Chatrang ou Shatranj : C’est la naissance du jeu d’échecs et les Arabes vont faire sa connaissance en conquérant la Perse en 642 et se chargeront de sa diffusion dans tout le monde islamique jusqu’en Espagne. Les pièces seront alors stylisées en raison de l’interdiction coranique de représenter des êtres animés.
Vers la fin du moyen-âge, le jeu d’échecs aura conquis presque tous les continents avec une évolution rapide de ses règles de jeu, notamment des mouvements amplifiés pour la dame et le fou, et vers 1650, elles sont définitivement établies, ouvrant de ce fait la voie à l’émergence des échecs modernes dont l’autrichien Wilhelm Steinitz, le premier champion du monde (1886-1894), en est son précurseur et au XXe siècle, l’ex-URSS, prenant tôt conscience du formidable outil de formation intellectuelle que procure le jeu d’échecs, en assurant sa promotion très active. En 1924, la Fédération internationale des échecs (FIDE) est créée, sa mission est de gérer les compétitions à l’échelle mondiale et sa devise est Gens una Sumus «Nous sommes une seule famille».
Par la suite, plusieurs pays ont emboîté le pas aux Russes et l’importance des échecs dans le monde est telle qu’on envisage depuis 2008 l’entrée de ce sport aux Jeux olympiques ! En 642, les Arabes font connaissance du jeu d’échecs Les échecs s’invitent en 2001, l’Odyssée de l’espace Garri Kasparov s’incline face à Deep Blue dans les 2e et 6e rondes Et l’Algérie n’est pas en reste puisque depuis la création de la Fédération algérienne des échecs (FADE) en 1973, ce sport prend de plus en plus de place sur l’échiquier sportif national et international. Plusieurs clubs ont vu le jour aux 4 coins du pays en perspective de décrocher toujours plus de médailles et donc plus de champions en toutes catégories confondues.
Par ailleurs, les échecs prennent une autre dimension avec l’avènement des ordinateurs capables de rivaliser contre les meilleurs joueurs du monde. Et c’est justement avec l’apparition en 1946 du premier ordinateur entièrement électronique qu’on pensa sérieusement à concevoir une machine pouvant jouer aux échecs. En 1968, le célèbre réalisateur américain Stanley Kubrick, alors passionné d’échecs, utilisa le concept d’intelligence artificielle dans son film 2001, l’Odyssée de l’espace où une scène montrant un membre d’équipage du vaisseau jouant contre l’ordinateur. Mais, il faudra attendre 51 ans plus tard, pour constater la première vraie victoire sourire à la machine. En effet, en 1997, l’ancien champion du monde Garry Kasparov au sommet de sa gloire, perdit 2 parties contre le puissant cybernétique Deep Blue lors d’un match en 6 rondes disputé à New York et suivi par le monde entier et changèrent à tout jamais le cours de l’histoire où désormais la suprématie de la machine sur l’homme est entrée sur scène par la grande porte ! Assisterions-nous un jour à une défaite d’une équipe de football professionnelle contre des robots ? Pourquoi pas.