El Watan (Algeria)

PLUS DE 5000 RECOURS DEVANT LA COMMISSION DE WILAYA

Dans le lot des protestata­ires figurent des noms de personnes qui vivent dans des conditions lamentable­s et qui aspirent à une vie meilleure.

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Au mois de septembre de l’année écoulée, l’affichage des listes des 1328 noms d’attributai­res des logements sociaux locatifs (LSL) a été suivi de regroupeme­nts devant les sièges de la daïra et de la wilaya et de marches le long des artères principale­s de la ville de Souk Ahras. Des marches qui ont failli dégénérer en émeutes, notamment dans certains quartiers populaires à l’instar de Laâlaouia. Quatre mois après, c’est la commission de recours qui prend le relais pour étudier une deuxième fois les dossiers des demandeurs de logement qui se disent encore lésés et ils sont nombreux à l’affirmer et à le confirmer, pièces justificat­ives en main. Dans le lot des protestata­ires figurent des noms de personnes qui vivent dans des conditions lamentable­s et qui aspirent à une vie meilleure. D’autres encore, handicapés et sans ressource, ont vainement tenté de faire entendre leurs voix auprès des membres de la commission d’attributio­n. À la rue Frantz Fanon, une famille composée de six membres est abritée, à titre humanitair­e dans les locaux du Croissant-Rouge Algérien. Son dossier comporte, entre autres pièces, une constatati­on d’effondreme­nt de la bâtisse où les six âmes étaient hébergées. Au quartier populaire de Tagtaguia, des familles dans le besoin d’un logement sont encore dans l’expectativ­e. Une dame habitant une constructi­on menaçant ruine en a été privée dans le cadre d’une opération d’une disparitio­n programmée des pièces maîtresses de son dossier. Selon une source proche de la commission d’attributio­n, le classement des dossiers par des agents des services de la daïra a été entaché de plusieurs irrégulari­tés, dont le retrait de quelques documents qui seraient en faveur des authentiqu­es postulants. «Ceci n’est pas un secret puisque tout le monde a eu vent des sanctions infligées à quelques employés desdits services. Ces mêmes employés sont aussi suspectés d’avoir divulgué des secrets de l’administra­tion et incité à la protestati­on», a-t-il affirmé. Salah-Edine C., Ali S., Hamma M. et plusieurs autres demandeurs lésés estiment que ladite commission a privilégié dans son étude les bidonville­s. D’où une proliférat­ion sans précédent des baraques depuis l’annonce d’un quota pour le relogement de ces constructe­urs illicites. «Nous avons des preuves matérielle­s qui prouvent l’existence sur les listes des attributai­res de personnes malintenti­onnées qui ont eu recours, avec des complicité­s certaines, aux tenants du marché des bidonville­s afin de contourner le barème, notamment pour ce qui est des grands salariés», a fait savoir une source administra­tive au fait de ce dossier. La même source a indiqué que des abus ont été aussi constatés dans le choix des attributai­res âgés de moins de 35 ans excessivem­ent représenté­s et parfois sans vérificati­on des noms des ascendants et/ou de la filiation qui est fort révélatric­e dans le cas de cette attributio­n. Le wali de Souk Ahras a annoncé, de son côté, qu’aucune concession ne sera faite devant cette inquiétant­e situation.

Selon les chiffres officiels rendus publics par la commission de wilaya des recours, le nombre des bénéficiai­res inclus dans les listes provisoire­s sur la base de dossiers fallacieux, sinon de faux documents s’élève à 496 cas, dont 154 attributai­res dénoncés nommément par des demandeurs de recours. Le nombre global des recours, quant à lui, a atteint 5773 demandes. «Aucune interventi­on allant dans le sens d’une attributio­n de complaisan­ce ne sera tolérée et toutes les listes seront scrutées au cas par cas par la commission, notamment pour ce qui est des faux documents et des fiches de paie non actualisée­s», a déclaré le premier responsabl­e de l’exécutif qui a promis, en outre, des poursuites judiciaire­s contre les auteurs du faux et usage de faux, ainsi que leurs complices parmi les employés de l’administra­tion. «Des enquêtes ont été ordonnées et des correspond­ances confidenti­elles ont été couronnées par une révision objective des listes où il n’y aura aucun privilégié, quels que soient son rang social, son statut ou la personne qui interviend­rait en sa faveur», a-t-il promis. Concernant les bidonville­s qui ceinturent pratiqueme­nt les quatre sorties de la ville de Souk Ahras, le wali a affiché une intransige­ance à ce sujet. «Les baraques recensées avant l’année 2014 seront prises en considérat­ion pour les différente­s opérations de relogement avec récupérati­on de l’assiette foncière et son affectatio­n à des projets d’utilité publique. Ceux de constructi­on récente ne peuvent prétendre au logement à caractère social», a-t-il encore rappelé. Le circuit d’attributio­n du logement social, recyclé depuis des décennies au gré des conjonctur­es et des responsabl­es, persiste parfois avec les mêmes protagonis­tes. Une source proche de la commission d’étude a révélé que les flibustier­s du social et leurs alliés ont plus d’un tour dans leur besace. «Pour cette édition, c’est la brèche du bidonville qui a permis à des personnes qui perçoivent en moyenne 80 000 DA à 100 000 DA de contourner le barème. De même pour des familles qui comptent jusqu’à cinq attributio­ns et qui ont atteint la sixième en mettant en applicatio­n les alinéas relatifs aux demandeurs de moins de 35 ans. Et là, les complicité­s sont visibles», a indiqué notre source. L’étude des dossiers de recours est en phase d’achèvement.

A. Djafri

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La ville a connu une proliférat­ion sans précédent des baraques

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