«Il faut sauver le patrimoine algérien»
Bien que l’idée n’est pas nouvelle, des groupes d’élites, des chercheurs, des historiens, des écrivains, des groupes d’étudiants notamment de la diaspora à l’étranger ainsi que des collectifs citoyens ont tenu de mener une nouvelle fois ce combat, devenu une urgence capitale. L’initiatrice de la pétition est Yasmina Houmad, journaliste algérienne établie en France et correspondante de la Radio nationale. Cette jeune «militante pour la promotion de la culture algérienne» issue de l’émigration se dit, à l’image des millions de ses compatriotes, attachée aux racines de son pays et à son histoire millénaire dont le devoir devrait interpeller tout un chacun pour réagir contre les tentatives de dilapidation des richesses ancestrales. «Notre héritage, chant, danse, gastronomie, habits, broderie, architecture fait l’objet de tentatives d’appropriation culturelle à bien des égards par les Etats voisins qui font main basse sur notre patrimoine ancestral. Le devoir nous interpelle tous afin de porter un regard sur le passé et sur l’avenir, lesquels déterminent les choix de transmission que nous transmettons aux générations futures», nous dira la pétitionnaire et de renchérir : «Notre patrimoine est menacé au quotidien par des pensées subversives décidées par certains cercles des pays voisins dans le but d’effacer un pan entier de notre culture», explique la jeune militante. Sur les réseaux sociaux, l’initiative citoyenne a connu un franc succès. La requête, mise en ligne le 25 décembre dernier sur le site, a déjà récolté plusieurs milliers de signatures électroniques issues d’Algérie et des autres pays et où la demande a été largement partagée par des citoyens conscients de la gravité de la situation. Les signataires, à travers un flot de commentaires sur Facebook, ont unanimement appelé les autorités à intervenir pour préserver le patrimoine algérien qui, jusque-là, n’a jamais subi autant de tentatives d’appropriation. Il y va aussi de la question, selon la militante, d’alerter les pouvoirs publics sur la nécessité d’asseoir la position algérienne en faveur de la sauvegarde de ce patrimoine, partie intégrante de l’identité algérienne.
Il est à noter que cette pétition intervient suite à la demande commune de candidature de plusieurs pays du Maghreb pour la classification du couscous au patrimoine immatériel de l’Unesco qui a été validée d’ailleurs durant le mois de décembre passé. Un plat dont l’Algérie a toujours revendiqué son identité nationale. D’autres produits du terroir ont subi par le passé des tentatives d’appropriation tels que la datte algérienne, pourtant labellisée, vendue à travers des circuits informels à l’échelle internationale sous des appellations des pays voisins. A l’heure où des appels incessants sont lancés dans cette perspective, les autorités algériennes mènent des démarches diplomatiques avec la France pour la restitution du patrimoine séculaire, notamment le canon de Baba Merzoug (Canon consulaire), objet de discorde depuis deux siècles, volé et séquestré dans l’arsenal de Brest.
Aziz Kharoum