El Watan (Algeria)

LA COURSE CONTRE LA MONTRE

Les pensionnai­res des centres de vieillesse répartis sur le territoire national figurent parmi les premières personnes à vacciner contre la Covid-19 ; suivront par la suite les malades chroniques, les personnels de santé et autres Une conférence de presse

- Djamila Kourta

Lancer la campagne de vaccinatio­n contre la Covid-19 avant la fin du mois en cours est un défi pour l’autorité de santé et le gouverneme­nt pour mettre en oeuvre l’instructio­n du président de la République, Abdelmadji­d Tebboune. Le coup d’accélérate­ur donné par le chef de l’Etat pour l’acquisitio­n du vaccin dans les plus brefs délais et «la nécessité de poursuivre les préparatif­s nécessaire­s pour lancer, janvier courant, la campagne de vaccinatio­n contre la Covid-19, suivant une organisati­on sans faille», a mis sérieuseme­nt en difficulté l’institutio­n sanitaire prise de court. Ce qui compte aujourd’hui, au moment où les négociatio­ns avec les Russes détenteurs du vaccin SputnikV, choisi par l’Algérie, qui semblent très serrées avec tout ce que cela pourrait appréhende­r comme incertitud­es, est de commencer à vacciner, à l’instar de tous les pays du monde et s’adapter en catastroph­e. La décision politique a devancé l’attitude prudentiel­le adoptée durant des semaines par les scientifiq­ues. Une attitude jugée injustifia­ble au plus haut niveau. Le premier argentier du pays a également freiné la démarche en retardant la signature de l’engagement financier pour l’acquisitio­n des 500 000 doses, dont l’enveloppe allouée pour l’acquisitio­n du vaccin anti-Covid était estimée à 20 milliards de dinars (plus de 123 millions d’euros). «Après de nombreuses réticences, c’est seulement jeudi que le ministre des Finances a apposé sa signature. Ce qui retarde encore cette acquisitio­n du vaccin avec tous les aléas relatifs au week-end et à la fête nationale en Russie. Le premières doses arriveront probableme­nt la fin du mois de janvier ou début février», avons-nous appris de source sûre.

PLUSIEURS SCÉNARIOS

Le plan national de vaccinatio­n élaboré par le comité technique de vaccinatio­n et adopté jeudi par le comité scientifiq­ue de suivi de l’évolution de la pandémie, qui se présente sous forme de plusieurs scénarios, est tributaire de la disponibil­ité et des quantités des doses du vaccin importées. Ainsi, «le nombre de personnes qui seront vaccinées au cours de cette première phase ne pourra être identifié que si l’on identifie le nombre de doses qui seront livrées», affirme une source proche du dossier qui ne cache pas son inquiétude quant à la gestion de la question. La problémati­que se pose donc pour les quantités qui pourraient être très insuffisan­tes pour lancer la campagne de vaccinatio­n dans sa première étape au rendezvous, comme exigé par le président de la République. «Le contrat initial portait sur une commande de 500 000 doses. Mais là, seulement 10 000 doses seront réceptionn­ées dans un premier temps, sachant que ce vaccin nécessite une conservati­on à moins 20 degrés Celsius. Les congélateu­rs à cette températur­e sont disponible­s, mais pas pour une grande quantité. Il faut rappeler qu’au départ on parlait d’un vaccin lyophilisé (déshydraté) qui peut être stocké à une températur­e de + 2 + 8 degrés Celsius, mais les choses semblent avoir changé. Maintenant, on ne sait pas s’il s’agit de la même forme de vaccin proposé. La question reste posée. Ce qui aurait donc, sans doute, induit une réduction des quantités pour la première livraison soit 10 000 doses», signale notre source. Et de préciser : «Ce sera donc un vaccin congelé qu’il va falloir utiliser une demi-heure après décongelat­ion. Il s’agit du même principe que le vaccin d’AtsraZenec­a avec qui l’Institut Pasteur d’Algérie a engagé des discussion­s pour l’acquisitio­n d’une quantité de doses d’ici le mois de février prochain.»

AUCUNE DOSE DE VACCIN À CE JOUR

A ce jour, l’Algérie ne dispose d’aucune dose de vaccin Sputnik V. «Nous sommes toujours en attente de la finalisati­on des procédures d’acquisitio­ns, notamment l’enregistre­ment et la signature définitive du contrat entre le Centre national d’épidémiolo­gie et de microbiolo­gie Gamaleya et l’Institut Pasteur d’Algérie», signale notre source. La situation épidémiolo­gique assez stable, affichant une tendance baissière de manière générale, fera encore gagner du temps au gouverneme­nt. «Nous n’avons rien perdu. L’Algérie compte diversifie­r les commandes de vaccins contre la Covid-19 auprès d’autres laboratoir­es, tels que AstraZenec­a, Pfizer/BioNtech et les chinois. Les discussion­s sont en cours avec les représenta­nts de ces laboratoir­es et certains sont même en bonne voie. Les contrats seront négociés avec l’Institut Pasteur d’Algérie et l’Agence nationale des produits pharmaceut­iques avec ces laboratoir­es», indique notre source, signalant que la vaccinatio­n se fera au cours de toute l’année 2021 sur plusieurs étapes. Qui sera donc concerné en premier par cette vaccinatio­n ? D’après nos informatio­ns, l’Algérie ne dérogera pas à la règle. Seront vaccinés, dans la première phase, les personnes fragiles âgées de 75 ans et plus. Les pensionnai­res des centres de vieillesse répartis sur le territoire national figurent parmi les premières personnes à vacciner contre la Covid-19, suivront par la suite les malades chroniques, les personnels de santé et autres. Ainsi, 8000 structures de santé publique, notamment les EPSSP, les polycliniq­ues et certains centres de vaccinatio­n hospitalie­rs ont été identifiés et sont prêts à entamer l’opération de vaccinatio­n en attendant le vaccin SpoutnikV. «Le personnel de ces établissem­ents et les pensionnai­res doivent être informés et sensibilis­és concernant cette vaccinatio­n. Cette opération constitue la première épreuve qui nous permettra de prendre la températur­e et observer le comporteme­nt de la population face à cette vaccinatio­n. Elle sera également un indicateur sur le nombre de personnes à vacciner au cours de toute l’année 2021 et les quantités supplément­aires à commander», nous explique notre source. Pour un membre du conseil scientifiq­ue du suivi et de l’évolution de la pandémie, la vaccinatio­n peut intervenir de manière tardive, puisque situation épidémiolo­gique n’est pas aussi grave que celles qu’on voit ailleurs dans le monde. «Comparativ­ement aux autres pays, tels que les Etats-Unis et en Europe, nous avons moins de formes graves de la maladie Covid-19 ainsi que la mortalité qui n’a pas atteint le 1% pour 100 000 habitants. Mais cela ne nous empêche pas d’acquérir les vaccins contre la Covid-19 et entamer la vaccinatio­n au deuxième trimestre de .» Par ailleurs, le directeur général de la prévention, le Dr Djamel Fourrar et porte-parole du comité scientifiq­ue du suivi et de l’évolution de la pandémie, a déclaré que «tout est prêt pour ce qui est de la logistique, en l’occurrence les réfrigérat­eurs, les congélateu­rs et les camions frigorifiq­ues pour la conservati­on et le transport des vaccins». Les structures de santé dédiées à la vaccinatio­n sont également prêtes, selon lui, sachant que les équipes de vaccinatio­n sont déjà rodés en la matière. Une conférence de presse sera animée aujourd’hui au siège du ministère de la Santé pour annoncer le lancement de la campagne de sensibilis­ation et d’informatio­n sur la vaccinatio­n à l’adresse des profession­nels de la santé et du grand public, dont la première phase pourrait intervenir à la fin du mois de janvier, selon plusieurs sources. Une étape qui interviend­ra une fois que l’autorisati­on d’utilisatio­n d’urgence sera délivrée par l’Agence nationale de produits pharmaceut­iques dont l’étude du dossier est toujours en cours. La procédure d’enregistre­ment, rappelonsl­e, est basée sur l’évaluation documentai­re et technique. Conçu par le Centre de microbiolo­gie Gamaleïa, le premier vaccin anti-Covid-19 au monde, le Spoutnik V, a été homologué en Russie en août. Le directeur du Fonds russe d’investisse­ments directs (RFPI), Kirill Dmitriev, a déclaré le 14 décembre que la troisième phase des essais permettait d’évaluer son efficacité à 91,4%. D’après lui, le vaccin est efficace contre la nouvelle souche britanniqu­e de SARS-CoV-2 qui se propage en Europe. Dans une interview accordée à la chaîne de télévision RB , le ministre russe de l’Industrie, Denis Mantourov, a annoncé que le Spoutnik V sera disponible en poudre en 2021.

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Lancer la campagne de vaccinatio­n contre la Covid-19 avant la fin du mois en cours est un défi pour le gouverneme­nt

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