Une éventualité «inenvisageable» dans l’immédiat
●●Le paysage féerique, le manteau de neige dont s’est parée Lala Khedidja, la cédraie, ou ce qu’il en reste, a encore une fois drainé une foule nombreuse.
C’est désormais le parcours du combattant pour les visiteurs, amoureux de la haute montagne du Djurdjura. Et pour cause ! La mise en application de l’arrêté du wali de Bouira, Lakhal Ayat Abdeslam, réglementant l’accès à la station climatique de Tikjda n’a pas tardé à produire ses effets. Bloqués en amont par plusieurs points de contrôle et barrages de la Gendarmerie nationale, les promeneurs venus en excursions organisées se retrouvent contraints de poursuivre à pied l’ascension du mont. Une quinzaine de kilomètres, mine de rien, à entreprendre depuis le carrefour jusqu’à la station Tikjda, culminant à 1400 mètres d’altitude. Hier, la route qui serpente le site a été submergée de ces nouveaux pèlerins, créés par simple arrêté signé par un wali de la République. La RN33, reliant le chef-lieu de wilaya, à la station climatique de Tikjda, est prise d’assaut. Le paysage féerique, le manteau de neige dont s’est parée Lala Khedidja, la cédraie, ou ce qu’il en reste, a encore une fois drainé une foule nombreuse.
Une procession de bus immatriculés aux quatre coins du pays a été immobilisée par les gendarmes postés au carrefour de Tikjda, avons-nous constaté hier sur place. «L’accès est quasiment interdit aux bus et même aux motos», expliquait un officier de la gendarmerie aux touristes, les invitant à continuer le parcours à pied. «Nous avons des enfants en bas âge, et mêmes des personnes âgées, on ne peut pas marcher une distance de plus de 15 km», tentait vainement d’expliquer le représentant d’une agence de voyages installée à Béjaïa. L’officier est resté impassible. L’accès demeure restreint. Ce dernier, rappellera qu’il ne fait qu’appliquer un arrêté du wali. Pour rappel, le chef de l’exécutif a décidé, la semaine dernière, de limiter la circulation automobile, en interdisant surtout l’accès des bus et des motos au-delà du lieudit Lemqam, le mausolée. La décision prise à la «hâte» par le chef de l’exécutif, et ce, en réaction aux embouteillages survenus durant la nuit du Nouvel An, prenant ainsi au piège des milliers d’automobilistes bloqués par temps de neige sur la RN33, a suscité, depuis, une vague de réactions. «Nous sommes venus en groupe depuis la wilaya de Boumerdès. Notre bus a été immobilisé et nous sommes obligés de continuer à pied», dit, épuisé, un jeune touriste. «C’est regrettable. On ne peut pas prétendre développer le secteur de tourisme en recourant à des solutions faciles et parfois radicales», a regretté le représentant de l’agence Deve Travel de Béjaïa. Certains touristes ont été obligés de rebrousser chemin. «Pourtant, on ne cesse d’encourager les visiteurs et autres excursionnistes à nouer et surtout renouer le contact avec la montagne en venant découvrir la beauté de nos régions», a déploré une touriste venant de la wilaya d’Oran. Arrivés à la station climatique de Tikjda, plusieurs points de contrôle de la gendarmerie et des véhicules de la Protection civile ont été stationnés dans le but de réguler la circulation et éviter les stationnements anarchiques.
AMBIANCE MOROSE AU CNSL TIKJDA
L’ambiance était morose au Centre national des sports et loisirs de Tikjda (CNSLT). Le complexe, qui a été autorisé à reprendre ses activités, a été fortement impacté par la pandémie de Covid-19. Fermé durant plusieurs mois, les pertes financières sont assez conséquentes, a fait savoir Belkacemi Mohamed Meziane, directeur adjoint du CNSLT. Le responsable, qui a rappelé que les bus et touristes ayant des réservations au niveau du complexe sont autorisés à accéder, a déploré que les animations et autres activités proposées auparavant sont malheureusement interdites, et ce, sur décision des pouvoirs publics. Pourtant, dit-il, le protocole sanitaire est rigoureusement respecté. «Nous avons mis en place un protocole en suivant à la lettre les consignes du Centre national de médecine du sport (CNMS)», a ajouté, de son côté, Mohamed Arkam, directeur commercial au niveau du CNSLT. «L’ambiance est morose pour ne pas dire triste», a commenté un couple venant d’Alger. Habitués à des séjours marqués par des animations artistiques et randonnées proposées par le centre, les clients du complexe, d’une capacité de 420 lits, doivent encore attendre. «Nos chiffres d’affaires ont baissé pour cause de fermeture et les restrictions imposées. Le chiffre d’affaires qui était durant la période allant de juillet au 31 décembre de l’année 2019 de l’ordre de 7 milliards de centimes est de 1,9 milliard à la même période de l’année 2020. C’est pratiquement 72% de perte», a précisé M. Belkacemi rappelant que la restauration est momentanément suspendue à cause des restrictions. «Le service est limité à servir des barquettes alimentaires au profit des clients», a-t-il indiqué.
Dans la wilaya de Bouira, le secteur touristique est relégué au second plan en dépit des potentialités que recèle la région. A l’immobilisme des responsables du secteur s’ajoute l’absence d’une approche pouvant sortir le secteur de sa léthargie. En début d’après-midi, les bus immobilisés au niveau du carrefour de Tikjda et autres moyens de transport ont été autorisés à accéder à la station climatique, nous a précisé un officier de la gendarmerie.