«Je vis au milieu des rats et des serpents»
YAMINA AZIZI, UNE OCTOGÉNAIRE SUR LA LISTE DES LAISSÉS-POUR-COMPTE
Au moment même où toutes les chaînes de télévision exhibent en grande pompe et fanfare des bénéficiaires de logements sociaux dans les autres wilayas et mettent l’accent sur tous ces septuagénaires, octogénaires, voire centenaires, repêchés au crépuscule de leur vie par des commissions censées, Souk Ahras voit la chose autrement. Yamina Azizi, âgée aujourd’hui de 81 ans, vit seule au 42 rue Badji Mokhtar, et ce, depuis plus de cinq décennies. Rats, serpents, lézards disputent avec elle une vieille bâtisse menaçant ruine. «J’ai formulé maintes demandes aux différents responsables, restées, à ce jour
sans réponse», a-t-elle fait savoir. Dans l’une des
doléances, elle a écrit ceci : «Malgré ma situation précaire, je ne demande qu’un gîte où je pourrais me réveiller loin des rats et des serpents et me détendre à l’abri des eaux pluviales contre lesquels mes bras frêles ne peuvent rien.» Pour cette vieille dame qui, malgré sa solitude et sa situation sociale vulnérable, refuse le statut de nécessiteuse
et subsiste grâce aux âmes charitables. «Aucun élu local, aucun député, aucun responsable ne sont venus voir khalti Yamina qui vient signifier à qui veut entendre qu’elle est prête à signer un engagement à qui de droit pour la restitution du logement demandé en cas de décès», a signalé l’un des habitants du quartier où elle habite. Voici les propos d’un responsable sectoriel qui a pris la défense de la commission de daïra d’attribution
des logements : «Vous savez qu’à cet âge, tout logement attribué profiterait à d’éventuels héritiers, alors autant attendre son rappel à Dieu et clore ce dossier».