Les Algériens inquiets pour l’avenir
Les Algériens craignent de perdre leurs emplois et les sources de revenus de leurs familles durant l’année en cours. C’est ce qui ressort d’un sondage réalisé par le baromètre arabe sur les effets de l’épidémie mondiale, présenté jeudi soir par la technique de Zoom et dont les résultats ont été commentés par le sociologue Nacer Djabi et la politologue Louisa Driss-Aït Hamadouche. Réalisée entre les mois d’août et septembre derniers par téléphone avec la participation d’un échantillon de 1000 personnes, cette sixième édition du baromètre fait ressortir que les sondés considèrent, dans leur majorité, que «le coronavirus est un important défi auquel fait face le pays». Trois quart d’entre eux, selon les résultats du sondage, craignent une propagation de la pandémie durant les six prochains mois. Selon la même source, 69% des Algériens ont peur «de la perte éventuelle des sources de revenus de leurs familles, notamment les emplois» durant l’année 2021. Cette inquiétude est exprimée notamment par 67% des femmes et les jeunes sondés.
«Cette donne nous renseigne que les effets du coronavirus sont à venir. L’épuisement des économies des familles et l’éventuel désengagement de l’Etat font craindre le pire pour les Algériens», commente Nacer Djabi. Dix mois après le début de la crise sanitaire, les pertes d’emploi restent, cependant, limitées jusque-là, selon la même source. «Seulement 5% des sondés déclarent avoir perdu leur emploi depuis le début de cette crise», indique le baromètre. Là aussi, explique Nacer Djabi, apparaît le rôle du secteur public dans l’économie algérienne. C’est ce que relève aussi Louisa Aït Hamadouche qui précise que «l’Etat est toujours en mesure de subvenir aux besoins des fonctionnaires et des retraités et de préserver le pouvoir d’achat». «Mais cette situation risque de ne pas durer trop longtemps, surtout avec le rétrécissement des recettes pétrolières du pays», affirme-t-elle, en rappelant l’inquiétude exprimée par les sondés.
LIBERTÉS INDIVIDUELLES ET PRESSE : «NON AUX VIOLATIONS»
Concernant la question du rétrécissement des libertés en raison du coronavirus, les Algériens sont contre à la majorité écrasante. Seuls 18% d’entre eux sont d’accord pour la limitation du champ des libertés et 26% sont pour la censure des médias. «Cela confirme l’attachement des Algériens à leurs libertés et à celle de la presse», commentent les deux intervenants, relevant que les autorités ont imposé, durant cette période, «une sorte de centralisation de l’information concernant la crise sanitaire». S’agissant des effets de la crise sanitaire sur l’éducation, les participants à ce sondage ont été unanimes (84%) à dire que «les enfants scolarisés et les étudiants sont durement impactés». Et pour cause, explique Nacer Djabi, «la fermeture précipitée des écoles et des universités». Les Algériens pensent aussi que la violence contre les femmes a augmenté aussi durant la période de confinement sanitaire.