Le ministre des Affaires étrangères turc attendu à Bruxelles
Le ministre des Affaires étrangères turc, Mevlüt Cavusoglu, est attendu le 21 janvier à Bruxelles pour tenter d’apaiser les tensions avec l’Union européenne (UE), a annoncé hier le porte-parole du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, cité par l’AFP. Ce déplacement fait suite à un entretien téléphonique dimanche entre le président turc, Recep Tayyip Erdogan, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. L’UE souhaite une relation constructive avec la Turquie sur la base d’une coopération et veut engager la désescalade des tensions avec Ankara, a assuré la Commission européenne. «La Turquie a voulu tourner une page dans ses relations avec l’UE, mais le président Erdogan a noté qu’en raison des caprices de certains Etats membres et des problèmes artificiels qu’ils créent, cela n’a pas été possible en 2020», a déclaré la présidence turque dans le compte rendu de l’entretien avec Mme von der Leyen publié sur Twitter. «Nous ne partageons pas cette évaluation», a réagi hier le porte-parole de la Commission européenne, Eric Mamer. «Les éléments d’irritation (avec la Turquie) s’étendent à toute l’Union européenne», a-t-il affirmé.
Réunis en sommet à Bruxelles le 11 décembre, les dirigeants de l’UE sont parvenus à surmonter leurs divergences pour sanctionner les actions «illégales et agressives» de la Turquie en Méditerranée. «Nous avons décidé des sanctions individuelles» contre des personnes impliquées dans les activités de recherche et les forages dans les eaux de Chypre et «elles seront mise en oeuvre dans les prochaines semaines», a annoncé le président français Emmanuel Macron à la fin de la réunion. «Les travaux sont en cours et la décision sera prise avec l’agrément de tous les Etats membres», a indiqué le porte-parole de Josep Borrell. L’unanimité des Etats membres est requise sur les noms des personnes et les entreprises visées par les sanctions européennes. Ils seront inscrits sur la liste noire établie en novembre 2019 pour sanctionner les activités de forage de la Turquie dans les eaux de Chypre. Elle compte déjà deux responsables de la Turkish Petroleum Corporation (TPAO), interdits de visas et dont les avoirs dans l’UE ont été gelés.
Par ailleurs, le chef de la diplomatie turque a appelé hier la Grèce à reprendre courant janvier les pourparlers entre les deux pays en vue de régler leur dispute au sujet de l’exploration d’hydrocarbures en Méditerranée orientale. «Nous invitons la Grèce à organiser la première réunion en janvier», a déclaré Mevlüt Cavusoglu lors d’une conférence de presse à Ankara. Les travaux d’exploration gazière menés par la Turquie dans des zones maritimes disputées avec la Grèce et Chypre étaient depuis des mois au centre de tensions. La crise entre Athènes et Ankara s’est intensifiée avec le déploiement en août par la Turquie du navire de recherche sismique Oruç Reis dans les zones en litige. Dans un geste d’apaisement, Ankara a annoncé, fin novembre, le retour au port de l’Oruç Reis. Ankara multiplie depuis plusieurs semaines les appels au dialogue avec l’UE pour régler les sujets de tension, notamment le différend maritime gréco-turc. Mevlüt Cavusoglu doit s’entretenir aujourd’hui avec les ambassadeurs des pays membres de l’UE en poste à Ankara.