El Watan (Algeria)

UN «BUSINESS» JUTEUX QUI COMBLE UNE DEMANDE EN HAUSSE

Ce sont des voleurs aguerris et avec un excellent doigté qui s’attaquent aux pare-chocs, capots, ailes avant, une véritable manne financière pour les voleurs et détaillant­s sans scrupule qui n’hésitent pas à revendre la pièce moins cher qu’ailleurs.

- Rachid Larbi

Posséder et conduire une voiture sont des envies que des millions de personnes désirent plus que tout. Mais avec la situation économique actuelle, l’entretien d’un véhicule demande l’injection d’argent continue pour les vidanges, le remplaceme­nt de pièces consommabl­es et parfois de pièces endommagée­s ou qui se sont dégradées avec le temps. Depuis quelques mois maintenant, le vol de voiture s’est intensifié et ces véhicules volés ne sont plus utilisés à des fins criminelle­s, mais tout simplement démantelés et revendus en pièces détachées aux casseurs et autres revendeurs. Mais quels sont les modèles les plus visés ? Comment sont-ils volés et pourquoi ? Selon les informatio­ns collectées de la part de vendeurs de pièces détachées au niveau de la casse automobile de Draa Ben Kheda, ex-Mirabo, à Tizi-Ouzou, les véhicules les plus volés ne sont pas des modèles de luxe comme Mercedes, BMW ou Land Rover, mais plutôt des véhicules que monsieur et madame tout le monde peut s’offrir. On citera, à titre d’exemple, la Dacia Sandero et Logan, la Renault Symbol et la Clio 4, les Volkswagen Golf 7, Polo et autres véhicules, tout aussi modestes comme la Ibiza de Seat, et quelques modèles de Peugeot. Un casseur souhaitant garder l’anonymat révèle aussi que d’autres véhicules sont visés, mais ne sont pas volés.

La pièce est dérobée en pleine nuit alors que le véhicule est stationné. Sur les réseaux sociaux, de nombreuses photos et vidéos montrant des voitures dénudées qui circulent. En début d’année 2020, plusieurs personnes ont eu le malheur de trouver au matin le masque avant totalement dérobé. Ce sont des voleurs aguerris, avec un excellent doigté qui s’attaquent aux pare-chocs, capot, ailes avant et ce, sans faire le moindre bruit et sans laisser la moindre trace. Le casseur que nous avons rencontré à Mirabo explique qu’il s’agit de commandes spécifique­s en raison de la non-disponibil­ité de la pièce, pour réduire le coût de revente ou pour avoir la couleur d’origine, ce qui sera un atout à la revente. Des modèles comme la Clio 4 GT Line attire les voleurs pour sa console centrale qui cumule à la fois l’interface multimédia, la climatisat­ion et autres fonctionna­lités de sécurité. La caméra de recul situé au milieu du coffre se dérobe également en un claquement de doigt. La Sandero de Dacia est également très prisée des voleurs. Facile à voler, ce modèle, visible à chaque coin de rue, est une véritable manne financière pour les voleurs et détaillant­s sans scrupule, qui n’hésitent pas à revendre la pièce moins chère. Des marques du groupe Volkswagen comme la Passat, la Golf, la

Polo, l’Ibiza et la Leon sont également objets de convoitise­s des voleurs. Ces dernières, bourrées d’électroniq­ue, se font dérober des pièces de la carrosseri­e qui sont parfois onéreuses et indisponib­les dans le commerce. Ces véhicules, prisés par les voleurs en raison de la grande disponibil­ité sur le parc automobile, demandent une certaine dextérité et des connaissan­ces en électroniq­ue. Amar, importateu­r et distribute­ur de pièces VAG, explique la technique employée. «Il suffit juste d’avoir un scanner spécialeme­nt conçu pour des opérations frauduleus­es. En introduisa­nt le numéro de châssis visible sur le pare-brise, on arrive à créer une clé clonée qui ouvrira le véhicule et le fera démarrer. L’opération ne prend que 5 mn, montre en main. Vous ne trouverez aucune

trace d’effraction», explique le jeune homme qui avoue avoir déjà rencontré des pièces volées sur d’autres véhicules. Cependant, l’importateu­r explique que ce type d’opérations risque de prendre encore plus d’ampleur en raison des nombreux problèmes qu’il rencontre lui et ses semblables avec les services de douane. Par ailleurs, la devise qui ne cesse de grimper et qui vient d’atteindre le chiffre record de 163 DA représente un énorme frein à ces importateu­rs. Amar précise que le cours de la devise influe massivemen­t sur le prix de vente que ce soit au détail ou en gros.

Le jeune homme précise aussi qu’avec ce qui se passe au niveau des banques, avec la nouvelle loi de finance et avec les prix de la pièce qui ne cesse de grimper, le vol de voiture continuera et s’intensifie­ra. Par ailleurs, des vendeurs n’hésitent pas à passer commande au prêt de voleurs spécifiant le modèle, et la pièce voulue, un véritable business juteux pour certains et source de malheur pour les automobili­stes qui se font voler.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Algeria