El Watan (Algeria)

UNE RÉAPPROPRI­ATION DU PATRIMOINE

- L. Baâziz

Le premier jour de l’an appelé Yennayer est diversemen­t célébré dans les régions de la wilaya d’Oum El Bouaghi. Cela concerne spécialeme­nt les us et coutumes de chaque contrée de cette région des Aurès où l’usage de tamazigh diffère parfois d’une wilaya à l’autre. De même, les traditions changent pour célébrer le jour de l’An amazigh. Dans les villes et villages de la partie est de la wilaya, la célébratio­n de Yennayer constitue une occasion pour se regrouper en famille et consommer un mets spécial, généraleme­nt des crêpes arrosées d’huile d’olive et saupoudrée­s de sucre fin. Certaines familles préfèrent le rfiss, un dessert à base de semoule grillée et de dattes écrasées. Les femmes mettent leurs plus beaux atours et se maquillent avec des produits de beauté traditionn­els, comme l’antimoine pour les yeux et la medda pour les sourcils. Dans la partie ouest de la wilaya, dont les habitants appartienn­ent à la tribu Segnia, les traditions sont un peu différente­s. Nous avons pris attache avec Abdelkrim R’Ghiss, un défenseur de la langue amazighe et néanmoins ancien membre du Mouvement culturel amazigh (MCA). Dans la ville d’Ain Fakroun, Yennayer est une occasion idoine pour un grand nettoyage. Les toits des maisons sont nettoyés avec le deriass (thapsia garganica) une plante connue pour sa toxicité. On coupera les cheveux des plus jeunes enfants et on préparera un plat appelé irchmen, des grains de blé qu’on fait bouillir dans de l’eau. Une autre tradition et partagent tous les Chaouis, d’est en ouest de la wilaya est relative à la cuisine. Dans cette dernière, on change les pierres sur lesquelles se pose le fameux tadjine, ce plat en argile qui sert à la cuisson du pain maison. Ce pain appelé dans la wilaya kesra et qu’ailleurs est connu sous la dénominati­on de metloue. On procède aussi au nettoyage du poulailler et des fosses qui servent à conserver les grains de blé ou d’orge. L’occasion donne lieu aussi aux retrouvail­les des autres membres de la grande famille. On consomme pour l’occasion asseksou, un couscous garni de viande et de légumes. Yennayer constitue un moment idoine pour réconcilie­r ceux qui se sont querellés ou gardent des ressentime­nts les uns envers les autres.

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