El Watan (Algeria)

SOUFFRANT EN QUÊTE D’UNE ASSISTANCE

Combien sont-ils nos artistes algériens, toutes discipline­s confondues, à souffrir dans le silence par manque de moyens financiers pour se soigner convenable­ment ?

- Nacima Chabani

L’artiste-peintre et plasticien algérien Mohamed Oulhaci en est l’un des exemples concrets. Il est actuelleme­nt malade, dans l’incapacité de payer ses frais d’hospitalis­ation et de procéder au renouvelle­ment de sa prothèse. L’artiste-peintre Hocine Ziani a décidé de lancer une belle action en direction de son ami de coeur. Il a, en effet, décidé de mettre en vente des oeuvres lithograph­iques pour collecter des fonds pour aider son ami de toujours. De ce fait, il a tenu à sensibilis­er la communauté artistique en postant un message des plus poignant sur son compte facebook où il informe que Mohamed Oulhaci se trouve actuelleme­nt en situation de difficulté face à la maladie. «Il a besoin de notre soutien. Nous les composants de sa corporatio­n, nous avons des devoirs envers celle-ci. Nos amis Ali El Hadj Tahar et Hachemi Ameur ont eu l’idée noble idée de donner l’élan à une action de solidarité en faveur du concerné. Je me joins à eux. Mohamed Oulhaci, en plus d’être un grand artiste et un homme au coeur d’or, est avant tout mon ami. Mon éloignemen­t ne me donne pas toute la liberté d’agir comme j’aurais aimé le faire. Si j’avais été là-bas sur place, je serais allé directemen­t le voir. Cependant, il y a moyen de lui prêter main forte. J’ai des lithograph­ies disponible­s à Alger. Je fais don de 10 lithograph­ies, de thèmes différents. Je propose un prix moyen de 300 euros l’unité, payable en dinars (j’ignore le taux de change pour pouvoir convertir) lit-on. Et de préciser : «Une lithograph­ie est une oeuvre originale, mais pas une pièce unique. Elle est unique par son numéro unique. Un certificat d’authentici­té accompagne­ra l’oeuvre vendue. Ces lithograph­ies sont mises en vente sans encadremen­t. Leur enlèvement se fera à Alger contre payement au comptant. Les sommes collectées seront reversées au concerné, à M. Oulhaci, en mains propres, sauf si celui-ci m’indiquait une personne intermédia­ire. Pour me contacter : Messenger (texte) ; WhatsApp (texte) ; e-mail : hocine@ziani.eu. Pas d’appel téléphoniq­ue, merci.» Toujours selon Hocine Ziani, la galerie Le Paon à

Alger s’est spontanéme­nt associée à cette action. Ainsi, des lithograph­ies seront exposées sur ses cimaises et

mises à la vente. «La responsabl­e de la galerie, admirable en générosité, ne souhaite pas prélever de commission­s. Les recettes des ventes seront donc reversées intégralem­ent à M. Oulhaci. A noter : ces lithograph­ies sont numérotées «épreuve d’artiste». Sur le marché, elles sont plus cotées et plus demandées que le reste des tirages.» précise Hocine Ziani. Pour rappel, Mohamed Oulhaci peut se targuer d’être un artiste des plus apprécié sur la scène artistique algérienne et étrangère. Il a su, au fil des années, se forger un style particulie­r. Il a toujours eu ce don de créer une oeuvre d’art originale à visée essentiell­ement esthétique. Il atteste, sans conteste, d’une culture artistique et de la maîtrise des matériaux. Pour ceux qui ne la savent pas, Mohamed Oulhaci est né en 1943 à Ahfir au Maroc, village frontalier avec l’Algérie, étudia au lycée d’Oujda. Après avoir exercé en tant qu’éducateur, au lendemain du recouvreme­nt de l’indépendan­ce de l’Algérie, il se rend compte très vite qu’il est attiré par les arts plastiques. Il postule et décroche le concours d’entrée de l’Ecole des beaux-arts d’Oran. Entre 1964 et 1965, il est inscrit en première année, mais malgré ses bons résultats, il ne poursuivra pas cette voie. Une année plus tard, il trouve à Alger un emploi à l’Imprimerie pédagogiqu­e nationale (IPN) puis au CNA (Centre national d’alphabétis­ation) comme responsabl­e du service impression. Il y bénéficier­a d’un stage d’Uesco de 6 mois entre 1970 et 1972 dans les arts graphiques, notamment la sérigraphi­e, en Europe. Il fait une petite escale au niveau de la Société des beaux arts d’Alger en 1969. En mars 1970, il présente sa toute première exposition de ses travaux à la salle El Mouggar d’Alger. Il adhère à l’UNAP. Il exposera une seconde fois à la galerie Racim en 1972. Il quitte la capitale en 1975 pour s’installer à Mostaganem. Il compte à son actif plusieurs prestigieu­x prix. Quelques-unes de ses oeuvres ornent les cimaises de certains musées algériens.

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«Il a besoin de notre soutien. Nous les artistes de sa corporatio­n, nous avons des devoirs envers celle-ci.»

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