Tamazgha madaniya

Yennayer, fête familiale et ancestrale, bien ancrée et forcément d’origine amazighe, existait bien avant le lien construit dans les années 1980 avec le pharaon Chechnak. Mais la recherche d’un référent historique a poussé à établir un calendrier qui démarre genre de revanche des Berbères sur les méchants Egyptiens. La réalité est autre, Chechnak était un général bien assimilé dans l’armée égyptienne et a simplement pris le pouvoir, parce que les civils, prêtres, lignées royales et grandes familles de notables ne trouvaient pas de terrain d’entente en ces temps de confusion. Il ne s’agit donc pas d’une attaque extérieure et d’une victoire sur une armée étrangère, mais un coup d’Etat intérieur, entre Egyptiens, Chechnak étant né en Egypte tout comme son père et son grand-père, avec un lien avec l’amazighité devenu très dilué et il est peu probable qu’il parlait tamazight, s’étant fondu comme d’autres peuples dans la matrice égyptienne alors au top des civilisations. Ce n’est pas le problème, il faut bien se fabriquer un point de départ pour définir une trajectoire, même s’il est dommage que l’arrivée du général a noyé les recherches sur la véritable origine de Yennayer, probablement agricole, mais qui reste sûrement intéressante. Que les Berbères, majoritairement républicains, célèbrent un lointain général qui a pris le pouvoir sans élections en le confisquant aux civils pour fonder une dynastie qui va mettre son fils puis son petit-fils sur le trône, il y a quelque chose d’étrange. Parce qu’un chef de l’armée qui prend le pouvoir sur les civils, ça nous rappelle des choses, en Algérie et en Egypte où un militaire putschiste règne sans partage depuis 7 ans. S’il y a bien à tristement fêter d’historique, c’est que 2971 ans plus tard, le problème n’est toujours pas réglé. D’où la nécessité d’un nouveau calendrier qui fêterait la victoire des civils sur les militaires dans la gestion, l’armée s’occupant des guerres et des frontières.