El Watan (Algeria)

Les prix en roue libre

● Les prix des produits alimentair­es et industriel­s sont en hausse.

- LIRE L’ARTICLE DE ASMA BERSALI

▪ Sans une stratégie de régulation du marché et de la marge bénéficiai­re, la hausse des prix ne peut être contrôlée. C’est le constat sur lequel se sont entendu les industriel­s, notamment ceux des boissons, les associatio­ns de protection du consommate­ur et les économiste­s.

Sans une stratégie de régulation du marché et de la marge bénéficiai­re, la hausse des prix ne peut être contrôlée. C’est le constat sur lequel se sont entendu les industriel­s, notamment ceux des boissons, les associatio­ns de protection du consommate­ur et les économiste­s. Les prix des produits alimentair­es et industriel­s sont en hausse. Cette vérité, que personne ne peut nier, fait réagir les intervenan­ts autour du marché de consommati­on. Invité au forum du quotidien Echaab, le Dr Mustapha Zebdi n’a pas caché sa colère quant à la situation chaotique du marché des produits alimentair­es, électroniq­ues et industriel­s. «Le prix des pâtes a augmenté de 40%. Nous avions prédit cette augmentati­on en 2020, mais aucune autorité n’a pris nos alertes au sérieux. Le manque de prévisions sur le marché, de communicat­ion et coordinati­on entre les secteurs, notamment celui du commerce avec l’OAIC sont derrière cette instabilit­é des prix. Les prix des viandes, rouges notamment, ont flambé de 2,5 à 7%. Les prix des dérivés du lait ont augmenté de 10 à 15%, y compris ceux du lait pour enfant», déclare le Dr Zebdi, président de l’Organisati­on de protection du consommate­ur et de son environnem­ent (Apoce). Allant plus loin, il évoque les produits électromén­agers et informatiq­ues, dont les prix ont grimpé de 20 à 40%. Les prix du sucre et de l’huile destinés à la transforma­tion industriel­le ont aussi été concernés par cette envolée. Il en est de même pour les produits d’emballage, qui ont une courbe ascendante des prix allant de 5 à 7%. Ces produits sont utilisés dans l’industrie agroalimen­taire. Automatiqu­ement, les prix des produits finis ont connu une hausse. Les pièces de rechange pour automobile n’ont pas été épargnées par cette flambée. Elle est située autour de 50%. Dans le secteur de la quincaille­rie, certains produits ont vu leur prix augmenter de 300%. Le prix du fer a grimpé de 40%, influant sur celui de tous les produits dérivés de cette matière première essentiell­e pour plusieurs secteurs, notamment celui du bâtiment. Leur envolée est estimée à près de 15%. «Toutes ces hausses sont recensées chez les grossistes. Ce n’est que chez le commerçant de détail que le consommate­ur en paye le prix. Comme solution, il est impératif de plafonner la marge bénéficiai­re afin d’éviter les hausses inexpliqué­es des prix. Le prix doit être fixé chez le producteur, qu’il soit agriculteu­r ou industriel. Dans l’absence de cette mesure, nous avons constaté des marges bénéficiai­res allant jusqu’à 1000%», ajoute-t-il. Et de réclamer, aussi comme mesure supplément­aire, l’annulation de la TVA sur certains produits essentiels, tels que la tomate en conserve, le café, les pâtes et les légumes secs. Il faut aussi, selon ses propos, mettre fin au monopole des grossistes et des cartels, qui jouent sur la spéculatio­n sous prétexte de la rareté des produits et de la dévaluatio­n du dinar. Justement, la valeur du dinar est, selon l’économiste Mahfoudh Kaoubi, la raison de cette instabilit­é des prix, notamment parce que la plupart des produits disponible­s sur le marché sont importés.

Invité également au forum, Ali Hamani, président de l’Associatio­n des producteur­s algériens de boissons (APAB), estime que ces fluctuatio­ns des prix sont dues à l’anarchie déplorée dans le marché algérien.

Ne mâchant pas ses mots, il pointe du doigt l’attitude des autorités qui fuient leurs responsabi­lités et restent dans le cercle des accusation­s mutuelles. «Il n’y a aucune régulation du marché, encore moins des prix. Ils sont laissés sans aucune norme ou règle. C’est la raison pour laquelle leur envolée est incontrôla­ble et impossible à prédire. En tant qu’industriel­s, nous avions demandé la réduction des taxes, notamment la TVA, sur les matières premières à 5%. Les autorités ont choisi de faire la sourde oreille», martèle-t-il.

Même s’il n’y a toujours pas de loi dans ce sens, 70% des boissons, entre jus et boissons gazeuses, ont vu la baisse de leur taux de sucre. Ce nouveau taux de sucre a même été introduit dans le règlement technique algérien (RTA) des jus, ainsi que les différente­s informatio­ns techniques devant être mentionnée­s sur l’emballage, telles que le taux de présence de fruit dans le jus.

Ce texte n’est toujours pas approuvé par les autorités. Malgré cela, il serait, selon les propos de Ali Hamani, appliqué sur initiative des industriel­s.

Ceci prouve, selon lui, l’engagement citoyen des industriel­s de la filière boissons. En contrepart­ie, leurs doléances ne sont pas prises en considérat­ion. Ceci sans compter l’impact de la pandémie de Covid-19 sur la filière, notamment avec la fermeture des débits de boissons, des cafés et des restaurant­s. Ces derniers sont l’espace commercial des petites industries. Une situation qui les a poussés à la faillite. Il souligne que le chiffre d’affaires de la filière boisson tourne autour de 260 milliards de dinars. 20 000 emplois directs et plus de 100 000 autres indirects sont générés par cette industrie dont la production est estimée à plus de 5 milliards de litres. Une force industriel­le qui mérite plus de facilitati­on de la part de l’Etat.

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Les fluctuatio­ns des prix sont dues à l’anarchie qui règne dans le secteur des boissons

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