El Watan (Algeria)

Ferhat Aït Ali promet de sauver German

- Nouri Nesrouche

Enfin une lueur qui annonce le bout du tunnel dans la crise de l’entreprise German et ses 465 travailleu­rs en grève depuis un mois. L’espoir est ravivé par le député de Constantin­e Lakhdar Benkhellaf, qui vient d’annoncer les conclusion­s de sa rencontre avec le ministre de l’Industrie et des Mines, Ferhat Aït Ali Braham. «Le ministre de l’Industrie, Ferhat Aït Ali, s’est engagé à prendre une série de mesures d’urgence pour sauver l’usine German de Aïn Smara à Constantin­e, qui produit le matériel de gerbage et de manutentio­n», a-t-il écrit sur son compte Facebook. La réunion tenue mardi à la demande du député a eu lieu en présence du syndicat de l’usine et des membres du conseil de participat­ion (CP), nouvelleme­nt installés. Et à la surprise de tous, le ministre a fait entendre qu’il ignorait tout de ce dossier, a révélé, à El Watan, le député du FJD. Une déclaratio­n pour le moins étonnante de la part du ministre quand on sait que l’entreprise German est entrée en crise depuis janvier 2020, soit une année, ponctuée par des grèves cycliques dues au non-versement des salaires. «Le ministre nous a affirmé qu’il demande depuis une année au holding de lui fournir des rapports de situation sur l’entreprise German, mais qu’il n’a rien reçu», a expliqué M. Benkhellaf dans un entretien téléphoniq­ue avec El Watan. Il s’agit là du Holding Algerian General Mecanics, dont dépend German, et toutes les entreprise­s publiques du secteur mécanique. Une déclaratio­n qui explique le «silence intriguant» dont nous faisait part il y a quelques jours le PDG de l’entreprise, Badreddine Benenia. Ce dernier craignait, en effet, qu’en haut lieu les doléances de German et de ses travailleu­rs ne soient pas entendues, ou par comprises.

Ferhat Aït Ali ne s’arrête pas en si bon chemin pour lever le voile sur le pourrissem­ent dans la gestion du secteur. Ce qui suit dans les paroles du député sont d’une extrême gravité. «Ces groupes ont été créés durant une certaine période avec une mission bien définie au profit de la îssaba ; ils n’en font qu’à leur tête.»

C’est ce qu’a déclaré le ministre au député, selon ce dernier. En clair, le ministre éprouve des difficulté­s avec ce holding et d’autres, dont le contrôle dépend du Premier ministre. «Malheureus­ement, il n’a rien pu faire à cause d’une vieille note d’Ouyahia qui a désigné ces chefs de holdings en les protégeant par des textes de loi les rendant comptables seulement devant lui», explique encore Benkhellaf. Manifestem­ent, le courant ne passe pas entre l’actuel ministre de l’Industrie et des Mines et Bachir Dehimi, PDG d’AGM, ainsi que d’autres patrons de holdings, que le locataire du boulevard Bougara compte parmi la vieille garde fidèle au pouvoir de Bouteflika, et donc un obstacle au développem­ent.

On en saura plus dans les prochains jours sur ce conflit désormais public, d’autant que le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, est saisi sur cette question par son ministre.

En ce qui concerne German, «le ministre a affirmé que l’entreprise a établi un plan de reprise des activités à travers des mesures de rééchelonn­ement de ses dettes qui seront transformé­es en crédit à moyen terme, avec révision des modalités de partage des bénéfices avec la BNA. Ces mesures serviront à préserver les emplois, à conserver ses parts de marché à German, tout en garantissa­nt les intérêts de la banque pour qu’elle puisse se faire rembourser progressiv­ement», rassure le député.

M. Benkhellaf qui est, encore une fois, le seul représenta­nt de la wilaya de Constantin­e à défendre des causes au sein de l’hémicycle, nous a affirmé aussi avoir envoyé jeudi dernier au ministre un rapport détaillé sur la situation à German. La démarche de la tutelle pourra commencer par l’envoi dans les plus brefs délais d’une commission ministérie­lle pour évaluer la situation de l’entreprise, révèle encore notre interlocut­eur. Est-ce le dénouement pour German ? Les travailleu­rs l’espèrent en tout cas, eux qui ont souffert de l’instabilit­é de leur entreprise et des longs mois sans salaires.

Certes le destin de German est entre les mains du gouverneme­nt, mais son avenir n’est pas compromis s’agissant d’une entreprise solvable qui détient un plan de charge conséquent.

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