El Watan (Algeria)

Un arrêté de démolition et des interrogat­ions

● Les copropriét­aires du site se disent être pris en otages entre l’opacité de l’administra­tion locale et les vices de procédure dans l’applicatio­n des lois en vigueur.

- Aziz Kharoum

Les résidents de la cité 822 logements LPP dans la commune de Réghaïa (extrême-est d’Alger) ont tenu, à travers un courrier, à interpelle­r les hautes autorités quant à l’exploitati­on de leur site devenu un terrain de discorde. En effet, après que le collectif des habitants ait engagé pendant deux longues années des travaux de clôture et l’aménagemen­t des parties communes du site, les pouvoirs publics ont procédé «par la manière forte», en date du 30 décembre dernier, à la démolition de toutes les clôtures, les murs d’enceinte et les grillages. Une opération engagée à la hussarde, de l’avis des propriétai­res. Selon ces derniers, le préavis de démolition censé être établi conforméme­nt aux lois n’a pas été fait ni envoyé aux plaignants dans les délais fixés (huit jours) leur permettant d’émettre un recours et faire valoir leur droit. Un «vice de procédure» engagé par les pouvoirs publics qui plonge les résidents dans une situation contraigna­nte puisque ces derniers, croyant gagner la quiétude et la sécurité en mettant un terme aux fléaux sociaux qui gravitaien­t autour de leur site, se retrouvent à présent renvoyés à la case départ. Selon le président du comité (agréé) de cette résidence, Farid Chellal, «cette démolition vient en porte-à-faux à la législatio­n en vigueur. Aucune autorité n’a fait valoir noir sur blanc le motif de cet arrêté de démolition», nous explique le représenta­nt. Selon le même interlocut­eur, ce qui soulève les interrogat­ions de l’ensemble des propriétai­res, c’est le fait que toutes les instances territoria­lement compétente­s se sont dédouanées de cet acte. «Les pouvoirs publics se renvoient la balle. Nous avons frappé à toutes les portes. A l’APC, la daïra de Rouiba, la wilaya en passant par l’ENPI dont dépendait notre site, aucune explicatio­n sur l’origine de la ‘‘plainte’’ exécutée ne nous a été donnée», indique le représenta­nt. Un black-out total maintenu, selon les frondeurs, par l’administra­tion locale, en l’occurrence le P/APC de Réghaïa, Aâmar Dherra, qui est accusé d’être derrière cette démolition sans fondement.

QUIPROQUO

«Le maire se fourvoie. Tantôt il mentionne que la prise en charge du site ne relève pas de sa compétence puisqu’aucune opération d’aménagemen­t n’a été inscrite par l’APC, tantôt il dit que les travaux engagés doivent être motivés par une autorisati­on de la part de la direction de l’ENPI. Cette dernière, n’étant plus gestionnai­re du site, ne peut elle aussi délivrer le document en question. Une autorisati­on pour laquelle aucune administra­tion ne veut engager sa responsabi­lité.

Pourtant, dans un premier temps, le P/APC nous a donné des garanties (verbalemen­t) avant de changer son fusil d’épaule», ajoute le président du comité. De son côté, l’édile communal bat en brèche les accusation­s portées contre lui.

«Nos services n’ont délivré aucune autorisati­on pour les travaux de la partie extérieure du site. Bien que les travaux aient été entamés depuis 2018, nous avons préféré trouver un terrain d’entente avant d’engager l’ultime recours, à savoir la démolition. Il s’avère qu’entretemps, les travaux ont pris une autre tournure où les normes de conformité et de sécurité (Protection civile) ont été totalement bafouées», se défend le premier magistrat de la commune avant de dire que «toutes les instances concernées ont été réunies à travers une commission mixte, à savoir la wilaya déléguée, la police urbaine, les services de l’urbanisme, l’ENPI et la direction du logement pour trouver une solution ; au final, il en est ressorti un arrêté de démolition décidé par la commission sécuritair­e qui a été appliqué», signifie le P/APC tout en expliquant qu’il avait proposé en amont de soumettre au guichet unique une procédure faite par l’ENPI, mais qui n’a pas été respectée. Il faut savoir que les travaux ont coûté aux résidents la bagatelle de 2,5 millions de dinars. Face à cette situation, les résidents ne comptent pas capituler. «La loi est claire : nous sommes propriétai­res du site étant donné que la dernière clef a été attribuée à son propriétai­re par l’ENPI. Les parties communes nous appartienn­ent. Nous voulons que les hautes autorités appliquent les dispositio­ns générales rédigées dans le Journal officiel. C’est-à-dire l’applicatio­n du décret exécutif n° 14-99 fixant le règlement de copropriét­é», concluent les plaignants.

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Démolition à la hussarde des parties communes par les pouvoirs publics

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