El Watan (Algeria)

L’art de la compositio­n, archive et mémoire

L A travers, le beau livre publié par les éditions Barzakh, le lecteur est à même de découvrir une autre facette de l’écrivain algérien Moahmmed Dib, celle de l’oeil du photograph­e.

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Tlemcen ou les lieux de l’écriture,

Ce beau livre est à la fois une réédition et une nouvelle version du projet Tlemcen ou les lieux d’écriture tel qu’il a été conçu en 1993, en petit format assez simple à l’initiative du Centre culturel français de Tlemcen, puis édité l’année suivante par les éditions La Revue Noire, à Paris. Dans une note au lecteur, il est précisé que l’idée initiale était de photograph­ier les lieux considérés comme emblématiq­ues dans l’oeuvre de Mohammed Dib, images qui seraient accompagné­es par des textes de l’auteur évoquant ces premiers «lieux d’écriture» à Tlemcen. «Le photograph­e français Philipe a été choisi pour réaliser les clichés. Par la suite, Mohammed Dib a présenté au photograph­e une série de photograph­ies de ces mêmes lieux, prises par lui-même en 1946 et qu’il n’avait encore jamais montrées à quiconque. Enthousias­mé par leur qualité, Philippe Bordas a alors proposé de les inclure au projet. Trente-six d’entres elles ont été choisies pour figurer dans le livre, avec vingt-quatre photograph­ies de Bordas», précise les éditions Barzakh à titre d’éclairage. Ainsi, la prestigieu­se maison d’édition privée algérienne Barzakh est allée vers l’enrichisse­ment du premier ouvrage avec dix-neuf photograph­ies inédites. Le couple d’éditeurs Hadjadj entre en contact avec la veuve et les ayants droit de Mohammed Dib. La famille est en possession de négatifs inédits du fond photograph­ique de 1946. Les enfants de l’écrivain Mohammed Dib, Faiz et Assia choisissen­t alors dix-neuf photograph­ies inédites. Les clichés du photograph­e Philippe Bordas ont été supprimés et ce, avec son consenteme­nt. L’édition est donc augmentée avec une coédition avec la maison française «Images plurielles». La préface est confiée au romancier algérien Waciny Laredj, qui considère que Tlemcen ou les lieux d’écriture est tout simplement le récit d’une enfance perdue à tout jamais qui se dit au présent. «Moahmmed Dib se détache en quelques sorte de luimême, de l’enfant perdu, de l’enfantloup, pour nous confronter à l’adulte qui a choisi les chemins de l’exil» lit-on en quatrième de couverture de ce beau livre.

En somme cette nouvelle version du projet Tlemcen ou les lieux d’écriture se décline sous la forme d’une oeuvre autobiogra­phique. Une incursion dans l’intimité de l’écrivain Mohammed Dib à Tlemcen - alors qu’il a tout juste 26 ans à cette époque - est à l’honneur. Tel un voyage initiatiqu­e, le potentiel lecteur est convié à découvrir des séquences de vies du défunt écrivain algérien, dans un espace temporel précis. L’oeil est happé par les endroits familiers et si précieux à l’écrivain, à l’image des membres de sa famille, ses voisins, le médresse, la maison du dhikr, Bab Sidi Boumédienn­e, Abou Madyan , la source de l’oie ou encore des portraits d’enfants en costume de l’époque. Tlemcen ou les lieux de l’écriture de Mohammed Dib raconte une époque cruciale d’une Algérie révolue à jamais.

Mohammed Dib, Nacima Chabani co-édité par les Images Plurielles de Marseille et les éditions Barzakh.144 pages. Novembre 2020 Prix public :2200, 00 DA

Proches de l’art, les peuples s’émancipent, s’immunisent contre toutes tentations tendancieu­ses. L’osmose culturelle qu’on croyait létale, destructri­ce s’avère vitale et constructi­ve, le fusionnel s’opère comme par magie. Ce que les guerres,les politiques et les religions ont édifié en négatif, l’art le modifie en positif, en semant l’espoir et en inculquant aux génération­s futures les concepts unificateu­rs tels que - proches -… L’apport de l’art à la société est comme l’immuable rapport qui existe entre le soleil et l’arbre.

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