«UN JOUR, ON SE LÈVE ET ON SE BAT» STÉPHANE RAVACLEY, UN BOULANGER AU «COEUR SOCIAL»
«Un jour, on se lève et on se bat» : homme déterminé au «coeur social», Stéphane Ravacley, un boulanger de l’est de la France, a été jusqu’à se mettre en danger, avec une grève de la faim, pour arracher la régularisation de son apprenti guinéen. Ni militant ni politisé, juste un «petit boulanger qui ne connaît personne» qui n’a pas supporté de voir son apprenti guinéen, un «bon gamin», travailleur et rêvant d’une vie meilleure, voué à l’expulsion. «Avant que Laye arrive, je ne m’intéressais pas spécialement au sort de ces jeunes.» Derrière le regard doux de cet homme sensible et replet de 50 ans, se cache une farouche détermination. En dépit d’une santé fragile — il a fait trois embolies pulmonaires – Stéphane Ravacley a entamé une grève de la faim, il y a deux semaines, pour protester contre l’expulsion de Laye Fodé Traoré. Et il a tenu, jusqu’au malaise après avoir perdu huit kilos, avant d’obtenir gain de cause jeudi avec la régularisation de son apprenti. «Je suis fier de mon patron et du combat qu’il a mené», a confié ce jeune orphelin. Vendredi, Stéphane Ravacley s’activait déjà dans son fournil. «J’aime être seul avec ma farine, mon pain», assure-t-il. S’il a cessé de s’alimenter pendant dix jours, le boulanger n’a jamais arrêté de travailler, de 3h à 20h, six jours sur sept, tout en répondant inlassablement, et avec aisance, aux sollicitations de centaines de médias français et étrangers. Le goût du travail, il l’a hérité de son père, un agriculteur de Haute-Saône (centre-est) qui s’était retrouvé seul à élever trois enfants après le décès de sa femme dans un accident de tracteur, six mois après l’incendie de la ferme familiale. Stéphane avait 4 ans. Pendant près d’un an, le petit garçon sera hospitalisé pour anorexie mentale. L’absence de sa mère le marquera à vie. Après ces drames, son père trouve un emploi à la mairie de Besançon. Dans le quartier populaire où la famille emménage, «il y avait toutes les communautés possibles, à l’époque il n’y avait pas de racisme, on vivait tous ensemble dans une belle ambiance», se souvient le boulanger. Scolarisé dans une institution catholique, il se dirige à 15 ans vers l’apprentissage sur les conseils de son père : «Tu vas entrer en boulangerie, ainsi tu ne mourras pas de faim.» «Il m’a trouvé un super patron, un grand homme qui m’a tout appris», confie-t-il, parlant avec tendresse de ce maître de stage qui «sortait» ses apprentis le lundi soir au restaurant et en discothèque. Puis vient le temps du service militaire.