El Watan (Algeria)

Le syndrome du rétroviseu­r

- Par Chawki Amari

Des bougies sans lumière, loi sans morale, gâteau sans les dents avec le fait accompli et en dessert la primauté de la force et des intérêts sur la légalité et les règles. C’est l’anniversai­re de Salah Goudjil, président du Sénat, pas le sien, puisque plus personne ne compte son âge, mais celui de son intérim assuré en remplaceme­nt de Bensalah voilà plus d’un an. La loi organique du Conseil de la nation est pourtant claire, l’intérim dure 15 jours après la démission, l’éviction ou l’épuisement du Président, au bout desquels une nouvelle élection est organisée. Salah Goudjil est donc illégal depuis 1 an moins 15 jours, ce qui ne pose aucun problème pour la deuxième institutio­n du pays après la Présidence où il n’y a pas de Président, ce qui ne pose aucun problème pour la première institutio­n du pays. Faut-il changer de loi, de terre, de Président ou attendre la mort d’une génération au pouvoir qui n’a rien fait de sérieux, plus occupée à tirer des avantages des postes occupés que d’avancées pour la nation ? Cet exemple parmi d’autres est pris au hasard, comme la récente mutation de 3000 magistrats pourtant protégés par l’article 26 de Bouteflika sur le «statut de la magistratu­re qui prévoit l’inamovibil­ité des magistrats de siège», comme vient de le rappeler l’avocat Mokrane Aït Larbi, ex-sénateur démissionn­aire, qui avait expliqué son geste par «l’inutilité du poste de sénateur payé à ne rien faire». Deux exemples pris dans le tas juste pour montrer que ceux qui font les lois ne se sentent pas obligés de les respecter, tout en demandant aux autres de le faire sous peine d’être poursuivis, évidemment par la loi. Ce qui est grave n’est pourtant pas au fond ces deux faits entachés d’illégalité et de mépris, ce qui est inquiétant en ces temps de désertions c’est qu’on se mette à regretter Bouteflika et même Bensalah. Et là, il y a un problème, si on peut regretter Bensalah, c’est qu’on est au bord du suicide. Que Covid nous emporte, vide nous supporte et Sidi Abid nous téléporte.

Newspapers in French

Newspapers from Algeria