El Watan (Algeria)

A Manaus, l’oxygène, nerf de la guerre contre la Covid-19

-

Sous une chaleur écrasante, des dizaines de personnes attendent depuis 12 heures pour faire remplir des bonbonnes d’oxygène et tenter de sauver la vie de leurs proches à Manaus, ville brésilienn­e plongée en plein chaos par l’explosion de cas de la Covid-19. «L’oxygène arrive, mais on ne sait pas combien de temps ça va durer», dit à l’AFP Fernando Marcelino, pasteur évangéliqu­e qui fait le pied de grue avec sa bonbonne vide devant un point de vente improvisé par une entreprise de la zone industriel­le de la métropole amazonienn­e. Il faut débourser pas moins de 300 à 600 réais (50 a à 100 euros) pour s’approvisio­nner, selon la taille de la bonbonne, qui sera utilisée à la maison. «Ici, tout le monde a un membre de sa famille qui est soigné à domicile. On préfère faire ça que de les

laisser mourir à l’hôpital», déplore Fernando Marcelino, muni de deux masques, de gants et de lunettes de protection. Dans les hôpitaux de Manaus, pôle industriel de deux millions d’habitants, la pénurie d’oxygène, vital pour la respiratio­n artificiel­le de patients gravement atteints de la Covid-19, a causé la mort de dizaines de personnes en fin de semaine dernière. Le personnel soignant est totalement débordé et mène un combat souvent perdu d’avance pour sauver des vies, les médecins étant contraints de ventiler manuelleme­nt des malades, tandis que d’autres meurent asphyxiés.

«C’est inhumain», lâche un habitant de Manaus en montrant à l’AFP sur un téléphone une vidéo d’un hôpital totalement saturé, avec des patients qui s’entassent sur des brancards alignés dans les couloirs.

Ces derniers jours, le taux de mortalité lié au virus à Manaus est passé de 142 à 187 pour 100.000 habitants, près de deux fois supérieur à la moyenne nationale (100 pour 100.000) du Brésil, où plus de 210.000 personnes sont décédées du Covid-19. L’explosion des contaminat­ions pourrait être due, selon les spécialist­es, à la circulatio­n dans la région amazonienn­e d’un nouveau variant potentiell­ement aussi contagieux que ceux qui sont apparus au Royaume-Uni ou en Afrique du Sud. Critiqué pour son manque de réactivité face à la pénurie d’oxygène, le gouverneme­nt a intensifié ces derniers jours les envois de bonbonnes destinées aux hôpitaux, surtout par avion ou par bateau.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Algeria