El Watan (Algeria)

Nouveaux indices sur les risques du variant sud-africain

- R. I.

Plusieurs nouvelles études semblent confirmer les premiers indices des scientifiq­ues : le variant sud-africain risque d’échapper au moins partiellem­ent à la protection espérée des vaccins contre la Covid19, contrairem­ent au variant anglais, contre lequel le vaccin de BioNTech/Pfizer semble efficace. Alors que les systèmes hospitalie­rs sont déjà surchargés dans de nombreux pays, plusieurs variants plus transmissi­bles détectés au Royaume-Uni, en Afrique du Sud et au Brésil inquiètent depuis quelques semaines la communauté internatio­nale. Avec une question cruciale en tête : les vaccins existants, qui représente­nt le principal espoir de sortir de cette crise sanitaire, sont-ils efficaces contre ces variants ? De premiers éléments semblaient montrer une efficacité au moins du vaccin de BioNTech/ Pfizer, le premier arrivé sur le marché, contre une des mutations partagée par les trois variants, la N501Y. Cette mutation se situe au niveau de la protéine Spike (spicule) du coronaviru­s, la pointe qui se trouve à sa surface et lui permet de s’attacher aux cellules humaines pour les pénétrer, jouant donc un rôle-clé dans l’infection virale. Mais les craintes venaient surtout de la mutation E484K, également située sur la protéine Spike, et partagée uniquement par les variants sud-africain et brésilien.

Des tests en laboratoir­e ont déjà montré que cette mutation semblait capable de diminuer la reconnaiss­ance du virus par les anticorps, et donc sa neutralisa­tion. Une étude de chercheurs sud-africains mise en ligne hier, et pas encore évaluée par d’autres scientifiq­ues, va plus loin. Elle conclut que le variant sud-africain dans son ensemble «est largement résistant aux anticorps neutralisa­nts provoqués en réponse à une infection par des souches en circulatio­n précédemme­nt». Ainsi, le risque de réinfectio­n par ce variant est «important», souligne l’étude. Et ces données ont des «implicatio­ns sur l’efficacité des vaccins», en particulie­r parce que les vaccins actuels sont «principale­ment basés sur une réponse immunitair­e à la protéine Spike». «C’est un problème qui inquiétait beaucoup d’entre nous : que des nouveaux variants du Sars-Cov-2 échappent à la réponse immunitair­e en plus de leur plus grande transmissi­bilité», a commenté sur Twitter Kristian Andersen, immunologi­ste à l’institut de recherche Scripps. «Impossible d’édulcorer les choses : ce n’est pas une bonne nouvelle», a-t-il ajouté. Pour tenter de contrer ces menaces, les auteurs de l’étude sur le variant sud-africain appellent à identifier, pour ces vaccins, de nouvelles «cibles» qui seraient moins sujettes aux mutations que la protéine Spike, et à développer de façon «urgente» des plateforme­s pour adapter les vaccins si besoin. Les vaccins à ARN messager de BioNTech/Pfizer et de Moderna, qui ont reçu des autorisati­ons de mise sur le marché dans plusieurs pays du monde, permettent a priori une adaptation relativeme­nt rapide.

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