El Watan (Algeria)

DES LIEUX DÉSERTÉS DEPUIS NEUF MOIS À BORDJ BOU ARRÉRIDJ

- M. Allouache

Avant la pandémie du coronaviru­s, des caravanes de visiteurs, des curistes notamment, affluaient sur les deux stations thermales traditionn­elles de la wilaya de Bordj Bou Arréridj, celles des Bibans à l’ouest et Ath Halla au nord, attirés par leurs eaux minérales naturelles d’intérêt thérapeuti­que, dont l’usage remonte à l’antiquité. Et de par leurs effets bienfaisan­ts sur la santé, scientifiq­uement approuvés, les spécialist­es de la santé affirment que bon nombre de malades renoncent à une grande partie du traitement médicament­eux après une cure thermale, suivant un schéma créno-thérapeuti­que. Aujourd’hui, les deux stations sont désertées depuis le mois d’avril, laissant un lourd impact sur l’activité et les visiteurs habitués aux cures thermales. «C’est un coup dur pour les locataires des stations et la reprise après la pandémie, que nous espérons pour bientôt, ne sera pas facile pour eux. Tenant compte qu’à titre indicatif, le nombre de visiteurs à la station des Bibans en 2019 était de 22 400 et 22 000 pour la station d’Ath Halla, alors que les charges sociales (bail de location, factures et autres) continuent de s’accumuler», nous dit Yacine Amzali, chef du bureau d’investisse­ment à la direction du tourisme de Bordj Bou Arréridj. Mokrane Benbelkace­m, locataire de la station d’Ath Halla estime que la crise a touché son établissem­ent depuis le début du mouvement du hirak, bien avant le confinemen­t. «Certes, la crise sanitaire est planétaire, mais elle a particuliè­rement touché de plein fouet le secteur du tourisme. J’ai sur les épaules le fardeau de 12 employés que je n’ai pas licenciés, et que je continue à payer, dont deux partis sans solde, sinon nous passons tout le temps aux bricoles et au nettoyage des lieux. Avant le hirak, nous accueillio­ns entre 40 et 60 visiteurs par jour, mais aujourd’hui, avec le confinemen­t, et depuis le 22 février 2019, notre activité a nettement dégringolé avec, comme par enchanteme­nt, le cumul des charges. Avant, nous travaillon­s surtout le week-end, où nous recevions entre 120 et 150 visiteurs de tous bords, mais pendant les marches du vendredi du hirak, notre chiffre d’affaires a été réduit à néant. En attendant des jours meilleurs», espère-t-il.

VIVEMENT LA REPRISE

Une note d’espoir qui permettra, peut être, aux habitués de ce lieu, à cheval entre trois wilayas, Béjaïa, Bordj Bou Arréridj et Sétif, de renouer avec les baignades et les randonnées bienfaisan­tes, aux employés de réintégrer leurs postes et surtout d’arriver à destinatio­n sans craindre les crues de l’oued pendant l’hiver et la fonte des neiges après la constructi­on du pont. Et au grand bonheur des curistes qui attendent avec impatience l’éradicatio­n de la pandémie et la levée du confinemen­t pour s’adonner au traitement aux eaux minérales, censées diminuer la toxicité de certains produits de synthèse et capables de stimuler l’activité des enzymes et d’apporter à la cellule un élément indispensa­ble au bon fonctionne­ment de l’équipement enzymatiqu­e et au final, le bien-être. Un bain aux eaux sulfurées ne peut être que bénéfique sur pratiqueme­nt tout l’organisme, notamment sur les voies respiratoi­res et urinaires, et particuliè­rement sur les affections dermatolog­iques et rhumatolog­iques. Et au-delà des aspects curatifs et distractif­s des eaux thermales, la part du «miracle» n’est pas à exclure, à en croire le témoignage du gérant de la station des Bibans, que nous avons recueilli il y a quelque temps : «Un de mes clients, un tétraplégi­que, résidant en France, a pu retrouver l’usage de ses jambes après plusieurs années passées sur la chaise roulante, et ce, grâce à quelques séances de bain et de relaxation. Même son médecin traitant n’en revenait pas en voyant son malade se remettre d’aplomb». Vivement la reprise.

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