El Watan (Algeria)

L’un des auteurs condamné à la peine capitale

N Reconnu coupable de «l’enlèvement et de l’assassinat» du ressortiss­ant français Hervé Gourdel, en septembre 2014, Abdelmalek Hamzaoui a été condamné, jeudi dernier, à la peine capitale.

- Salima Tlemçani

Ses lunettes de vue à monture noire cachent mal son visage inexpressi­f et froid. Assis sur une chaise roulante poussée par un gardien de prison, encadré par trois éléments des unités d’élite de la gendarmeri­e, Abdelmalek Hamzaoui, principal accusé dans l’enlèvement et l’assassinat du ressortiss­ant français Hervé Gourdel, au mois de septembre 2014, dans les monts du Djurdjura, à Tizi Ouzou, fait son entrée dans la l’audience, vers 9h30 jeudi 18 février 2021. Dans la salle, la compagne du défunt Hervé Gourdel et des membres de sa famille sont déjà là. En plus de Hamzaoui, six autres mis en cause, en liberté, poursuivis pour «non-dénonciati­on de crime», comparaiss­ent. Ils ont fait l’objet d’enlèvement par le même groupe de terroriste­s. Hamzaoui grince des dents et courbe le dos. «J’ai des douleurs…», dit-il. La présidente : «Vous aurez toujours des douleurs.» L’accusé : «Lorsque je guérirai, je parlerai.» La présidente : «L’affaire est importante. Nous n’allons pas la renvoyer.» Elle demande au greffier de lire l’acte d’accusation et une fois terminé, elle se tourne vers Hamzaoui et lui fait la lecture ses chefs d’inculpatio­n : «homicide volontaire avec préméditat­ion, rapt, torture» et «appartenan­ce à une organisati­on terroriste». L’accusé affirme n’avoir «jamais été convaincu par l’idéologie» des terroriste­s et qu’il a «été forcé» à les rejoindre par son cousin terroriste, Hassan Hamzaoui. En 2008, précise-t-il, ce dernier a tenté de l’enrôler, mais il a refusé. En 2009, il lui a envoyé des terroriste­s qui l’ont emmené «de force». «Mon cousin me disait que j’étais trop impliqué et que les militaires me recherchai­ent. Je lui ai dit que je partirai à la première occasion. J’étais tout le temps surveillé», explique-t-il. La juge : «Dites-nous ce que vous faisiez de 2008 à 2014.» L’accusé : «J’ai été envoyé pour apprendre la propagande et les règles du groupe dans un campement à Tizi Ouzou.» La juge le fait revenir aux faits et il répond : «Je n’ai rien fait. Un des terroriste­s qui étaient avec moi m’a blessé accidentel­lement au pied. Je suis resté longtemps à l’infirmerie.»

La magistrate : «Pourquoi n’avez-vous pas dit cela au juge d’instructio­n ?» L’accusé continue de nier et la juge réplique : «Pourquoi n’avezvous pas fui ?» Hamzaoui : «Ils me surveillai­ent tout le temps.» La juge : «Pourquoi des terroriste­s garderaien­t-ils quelqu’un qui ne sert à rien ? Ils auraient pu vous tuer. Hamzaoui : «Me tuer n’est pas une solution. Cela peut susciter de la méfiance au sein du groupe. Mon problème était mon cousin Hassan. Il ne m’a jamais laissé seul pour m’enfuir.» La juge se fait insistante et la réponse de l’accusé est décousue : «Je n’ai pas été arrêté. Je me suis rendu. J’étais blessé, ils sont venus me prendre. Il me fallait faire une autorisati­on pour aller ailleurs. J’ai insisté auprès de Hassan, il a refusé, mais après il m’a mis avec le ‘‘dalil’’ (le guide).» La juge : «Où étiez-vous et que faisiez-vous en 2014 ?» L’accusé : «J’étais à l’infirmerie, à El Bordj.» La juge : «Des témoins vous ont reconnu parmi le groupe qui les a enlevés.» L’accusé : «Ce n’est pas vrai. Je n’ai rien à avoir avec cette affaire. Ahmed Abou Merouane a parlé avec les responsabl­es du groupe pour aller à Bouira. On a marché trois jours jusqu’à Bordj, d’où on a ramené une voiture pour y arriver. Puis, on est entré dans une forêt et continué la route à pied.» La juge l’interrompt : «Etiez-vous armé ? » L’accusé : «Pas moi, mon accompagna­teur l’était. Des militaires étaient en ratissage. Je me suis enfui, mais lui a tenté d’user de son arme. Il a été blessé. Il m’a rejoint et caché tout ce qu’il avait sur lui. Nous avons poursuivi notre marche, et nous sommes tombés dans une deuxième embuscade. J’ai été blessé. Je me suis caché pendant des heures.» La juge : «Vous disiez que la région était encerclée par les militaires et vous faites tout ce trajet sans être repéré ?» L’accusé : «Lorsque je les ai vus, je me suis caché. J’y suis resté jusqu’au lendemain et je suis revenu à l’endroit où j’ai laissé mon accompagna­teur. Je ne l’ai pas retrouvé, mais j’ai pris ce qu’il avait caché et j’ai appelé Billel.» La juge : «Aviez-vous un téléphone ?» L’accusé : «Je l’ai trouvé dans la veste de mon accompagna­teur et le numéro, je l’avais en tête. Je l’avais appelé pour la dernière fois, en 2009-2010 avec le téléphone du groupe.» La juge : «Vous disiez qu’ils ne vous faisaient pas confiance, comment pouvaient-ils vous donner un téléphone ?» L’accusé : «Je leur ai dit que ce ‘‘motassil’’ (le contact) allait nous ramener des médicament­s. Je savais que Billel était en contact avec les services de sécurité. Je lui ai demandé de nous ramener des médicament­s de l’hôpital où il travaillai­t, mais en réalité je voulais qu’il m’aide à m’enfuir.» La présidente le ramène à 2015. «Je ne pouvais plus supporter. Je lui ai dit de me ramener mon père. Je me suis enfui trois jours avant. Billel ne voulait pas venir au début, mais je lui ai dit que j’allais mourir. J’étais blessé. Ils sont venus. Ils m’on emmené à l’hôpital, où j’ai été opéré. Lorsque je me suis senti mieux, ils m’ont entendu sur mon accompagna­teur, avant d’évoquer Gourdel. Je leur ai raconté qu’Ahmed Abou Merouane m’a parlé d’un ce camp, qui existe toujours, se trouvant à proximité d’une dechra, où les terroriste­s n’y restent jamais plus de 10 jours, de peur d’être remarqués par la population. Ils mettent toutes leurs provisions et affaires dans une caisse qu’ils dissimulen­t sous terre. Je leur ai dit qu’Abou Merouane m’a affirmé que ce camp est appelé ‘‘le camp français’’ parce qu’il y a la tombe de Gourdel. Lorsqu’ils sont partis là-bas, ils ont retrouvé le lieu et la tombe de Gourdel.»

La juge : «Vous leur avez donné trop de détails, pas seulement le nom.» L’accusé : «Je ne leur ai rien dit.» La juge : «Vous avez été identifié par un terroriste en détention, sur la vidéo diffusée après l’enlèvement de Gourdel. Vous étiez juste à côté de Gouri ?» L’accusé : «Le terroriste qui m’a identifié doit venir ici pour me confronter. Je m’appelle Abou Hafs et non pas Abderrahma­ne ‘‘kbayli’’ (le kabyle). C’est un menteur.» La juge : «Les victimes vous ont reconnu elles aussi. Vous étiez armé, portiez une tenue afghane et une barbe.» L’accusé : «Les terroriste­s ne circulent pas en barbe et tenues afghanes lorsqu’ils quittent leurs camps.» La juge : «Que portiez-vous alors ?» L’accusé : «J’étais en tenue civile.» Le procureur général prend le relais. «Lors des confrontat­ions avec les cinq témoins, l’un d’eux, Saadi, qui vous a reconnu, affirme vous avoir serré la main et vous lui avez parlé en kabyle.» L’accusé dément, mais finit par dire avoir reconnu le témoin. Il affirme ignorer à quel groupe, AQMI ou Daech, il appartenai­t et le procureur général réplique : «Vous dites connaître tout le fonctionne­ment des terroriste­s et vous ne savez pas avec qui vous activiez ?» L’accusé : «Pour moi, ce sont des terroriste­s.» Le magistrat rappelle à Hamzaoui qu’il a fait état des mêmes déclaratio­ns devant les gendarmes et le juge d’instructio­n, avec des détails sur le retrait de son groupe de l’AQMI, la création de Djound Al Khalifa, à sa tête Gouri, son allégeance à Daesch d’Al Baghdadi, puis sur l’enlèvement de Gourdel et ses cinq accompagna­teurs, le vol de du camion qui a servi pour le transport, etc. «Des détails confirmés par les témoins et aujourd’hui vous nous niez tout et vous parlez de vérité des gendarmes. Expliquez-vous.» L’accusé : «J’ai tout dit aux gendarmes. Ils m’ont dit on va fermer le dossier du Français avec toi. Ce sont eux qui ont monté le film.» Le magistrat : «Le juge a enquêté sur chaque détail que vous aviez donné.» L’accusé : «Où sont les terroriste­s ? Il n’y a que moi.» Le magistrat : «Parlez-nous du camp Sandok.» L’accusé nie l’avoir connu. Le magistrat : «Pourtant, c’est vous qui aviez parlé du ‘sitar’ (rideau) utilisé pour les enregistre­ments vidéo dans ce camp.» L’accusé : «Ce n’était pas un ‘‘sitar’’ en tissu, mais du plastique.» Le magistrat : «Donc, vous l’aviez vu...» L’accusé : «Je ne l’ai pas vu. On m’en a parlé. Ils utilisent le plastique même pour les kheimate.» Sur l’enterremen­t de Gourdel, Hamzaoui dément y avoir pris part, mais le magistrat lance : «Vous ne pouvez pas ne pas connaître l’endroit. Vous aviez tellement de détails qui ne peuvent être détenus que par quelqu’un qui y a accédé. La région est difficile d’accès.» L’accusé : «Ils m’ont collé ce film. Ils m’ont dit de raconter l’histoire, de ne rien changer au film.» Le magistrat l’interroge sur Billel Debari, qui travaille dans un hôpital, «il avait des contacts avec les services de sécurité et aidait les terroriste­s à se rendre». «Il a déclaré qu’il n’a pas eu de vos nouvelles durant 4 ans, et vous l’aviez appelé en 2015 en lui demandant de ramener votre père». L’accusé : «Nous étions en contact, puisqu’il m’a ramené du Valium au maquis. Je lui ai dit de ne plus m’appeler, j’avais peur des terroriste­s. J’avais une grave blessure.» Le procureur général demande au tribunal de prendre acte des déclaratio­ns de Hamzaoui sur sa main, puisqu’il a été identifié grâce à l’attelle et au bandage qui la couvrait sur la vidéo du groupe terroriste diffusée sur les réseaux sociaux. Le procureur général revient sur les propos d’un terroriste, Kamel Rehaili de Blida, en détention, qui a identifié l’accusé avec lequel il a activé à Bouira. L’accusé nie : «Il ne me connaît pas. N’avez-vous pas pensé qu’il m’accuse pour sauver sa vie ? C’est courant chez les terroriste­s. Lorsqu’ils sont arrêtés, ils mettent tout sur ceux qui sont connus.» La défense de l’accusé tente de susciter le doute, d’abord à travers le prénom de Hamzaoui. Pour elle, ce dernier s’appelle Abdelmalek et non Malek, puis révèle qu’il est resté six mois en garde à vue chez les gendarmes. A travers les questions, elle insiste sur la volonté de son mandant de se rendre.

Le témoignage des cinq accompagna­teurs de Gourdel, poursuivis pour «non-dénonciati­on de crime» est édifiant. Karim Oukara, Franco-Algérien par la mère, auxiliaire de vie en France, a connu Gourdel sur la Toile. Oukara décide d’inviter son ami français à faire de l’escalade dans les monts du Djurdjura. Le 20 septembre 2014, ils se rencontren­t à Alger et avec quatre autres accompagna­teurs, ils rejoignent, le 21 septembre, le mont du Djurdjura par voiture, qu’ils laissent pour continuer à pied pendant 2 heures. Vers 9h, ils font demi-tour et changent de route en raison de la pluie. Ils n’ont plus d’eau. Un berger les oriente vers une source se trouvant dans la forêt. Subitement, trois terroriste­s surgissent. «Durant 20 minutes, ils nous posaient des questions et ils nous ont dit de partir. Nous avons continué à rouler durant 15 minutes, avant que 3 autres terroriste­s nous rattrapent. Ils nous ont fait descendre et séparés l’un de l’autre. Un groupe d’une vingtaine de terroriste­s les a rejoints plus tard. Ils nous ont gardés jusqu’au coucher du soleil», raconte Oukara. La juge lui demande si Hamzaoui était avec eux. Il est catégoriqu­e : «Il était armé d’un kalachniko­v, vêtu d’une tenue afghane et portait une barbe. Je me rappelle très bien de son visage. Je ne peux pas l’oublier. Il avait un bandage en cuir sur la main. Leur chef est venu le soir. Gouri a pris Gourdel, on a protesté et l’un d’eux nous a menacés avec sa kalachniko­v. Nous étions tous à terre. Il était 21h. Vers 1h30, ils nous ont mis dans notre voiture et nous ont dit de ne pas bouger. Nous étions terrorisés. Ils étaient nombreux. Vers 3h, on a senti qu’il n’y avait plus personne. Nous sommes allés à la gendarmeri­e pour donner l’alerte.» Selon lui, «lorsqu’ils ont emmené Gourdel, l’un d’eux est venu nous dire : ‘‘Pardonnez-nous, vous ne savez pas pourquoi on fait ça. Je lui ai dit, nous ne vous pardonnero­ns jamais et nous nous sommes disputés. Nous ne savions plus ce que nous faisions.» Oussama Dahendi confirme le témoignage et dit avoir reconnu Hamzaoui à sa main droite entourée d’un bandage. Kamel Saadi apporte d’autres éléments. Les trois premiers terroriste­s qui les ont accostés se sont présentés comme étant Djound Al Khilafa et leur ont expliqué comment ils ont quitté AQMI pour rejoindre

Daech. L’accusé avait reconnu, sur les photos, l’émir Gouri et Hamzaoui. Hamza Boukamoum reconnaît Hamzaoui «à 100 pour 100. Il était armé, avait une sorte de prothèse à la main et bougeait trop. Au début, on les a crus, mais ils faisaient des appels, et Gouri est venu. Ils avaient tout préparé. Gouri a emmené Gourdel par le bras. En suivant le terroriste, ce dernier nous a lancé un regard, comme s’il ne comprenait rien à ce qui lui arrivait. Je ne pardonnera­i jamais.» Amine Ayache déclare n’être «pas sûr d’avoir vu» Hamzaoui parmi les terroriste­s. Il dit «avoir été trop traumatisé pour s’en souvenir. J’avais 19 ans. Ma vie a changé depuis. Je suis une victime». Le témoignage d’Amara Fardjallah est poignant. Il s’offusque du fait qu’il se retrouve accusé, alors qu’il se présente comme victime. Les terroriste­s l’ont enlevé et pris son camion. «J’allais chez moi aux quatre chemins de Tizi Ikouren, ils m’ont arrêté. J’étais terrorisé au point où je me suis évanoui. Ils m’ont réveillé en me disant qu’ils avaient un frère moudjahid à emmener à l’hôpital. Ils m’ont bandé les yeux et emmené ailleurs. Ils étaient nombreux. J’ai discuté avec Gouri, puis un des terroriste­s m’a emmené là où ils ont pris mon camion, qui était presque à sec de carburant. J’ai été à la gendarmeri­e, je leur ai dit ce que j’ai vécu, mais ils ne m’ont pas cru. Mon camion a été saisi. Je suis une victime. J’ai quatre enfants à nourrir. Je n’accepte pas d’être dans une affaire de terrorisme. Lui, il a fait le choix d’aller au maquis. Ce n’est pas mon cas. Je suis un ‘‘zawali’’ (pauvre).»

Dans de son réquisitoi­re, le procureur général revient sur toutes les révélation­s de Hamzaoui devant la gendarmeri­e et le juge d’instructio­n, puis le confond avec les propos des témoins, avant de le rendre coupable des faits qui lui sont reprochés. Il s’attarde sur l’étape du «cauchemar» de ce 21 septembre à 16h30, lorsque des terroriste­s, «qui assuraient la surveillan­ce du campement», intercepte­nt Gourdel et ses accompagna­teurs. «Dans le dossier, l’accusé a affirmé qu’à ce moment, Gouri contactait Abou Oubeida qui était en réunion au sujet de Gourdel. La décision de l’enlever est prise à 21h30.» Pour le magistrat, les terroriste­s avaient besoin d’un véhicule pour transporte­r Gourdel. Ils ne pouvaient pas le prendre dans une Picanto. Ils ont pris le camion de Fardjallah. Les accusés ont reconnu Hamzaoui, parce qu’ils l’ont vu la journée. Il ne s’est pas rendu. Il était gravement blessé. Durant trois jours, il ne buvait que de l’eau et du miel. Il a participé à l’enlèvement. Tout ce qu’il a dit a été recoupé avec les propos d’autres terroriste­s arrêtés qui le connaissen­t. Les investigat­ions des services de sécurité et du juge d’instructio­n ont permis l’éliminatio­n de 25 membres de Djound Al Khilafa. Hamzaoui était un élément important dans l’opération qui a conduit à l’assassinat de Gourdel. Pour toutes «ces preuves», le procureur général réclame la peine de mort contre Abdelmalek Hamzaoui et 3 ans de réclusion assortie d’une amende de 100 000 DA contre les six autres accusés. Les quatre avocats de Hamzaoui plaident l’acquitteme­nt pour l’assassinat et les circonstan­ces atténuante­s pour l’enlèvement, en mettant en avant le fait qu’il n’apparaît pas sur la vidéo montrant l’exécution, ainsi que «son intention» de «se rendre» aux services de sécurité. Ils rappellent que son frère était terroriste et de ce fait, il s’est «retrouvé sous la pression» des groupes armés. La défense des six autres accusés, dont les cinq accompagna­teurs, présente ces derniers comme «des victimes, kidnappées elles aussi par des terroriste­s, qui ont vécu l’enfer, avant d’être abandonnée­s en pleine montagne. Elles doivent être acquittées». Vers 20h30, le tribunal prononce la peine capitale contre Abdelmalek Hamzaoui, qui avait, à la fin des débats, clamé son innocence concernant l’assassinat et demandé «pardon» pour l’appartenan­ce à un groupe terroriste. Les six autres accusés ont été acquittés.

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