El Watan (Algeria)

Ghali appelle Joe Biden à intervenir pour protéger les civils sahraouis

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Le président de la République arabe sahraouie démocratiq­ue (RASD), Brahim Ghali, a adressé jeudi une lettre au président américain, Joe Biden, l’appelant à intervenir en urgence pour protéger les civils sahraouis de «l’oppression» et de «l’intimidati­on» des autorités d’occupation marocaines. Le président sahraoui a attiré l’attention de son homologue américain sur la situation «catastroph­ique» qui prévaut dans les territoire­s occupés du Sahara occidental, notamment à la suite de l’acte d’agression perpétré le 13 novembre dernier par le Maroc et qui a mis fin au cessezle-feu en vigueur depuis 1991, ouvrant la voie à un conflit armé qui pourrait avoir «des conséquenc­es désastreus­es sur la paix, la sécurité et la stabilité dans la région dans son ensemble». Au cours de ces derniers mois, «les autorités d’occupation marocaines ont pris d’assaut les maisons de nombreux civils sahraouis. Elles ont fait subir à ces militants des pratiques cruelles, inhumaines et immorales, notamment dans les villes occupées de Laâyoune, Smara et Boujdour», affirme le président sahraoui. Brahim Ghali a parlé, dans sa lettre, des «violences physiques et psychologi­ques que subissent la militante des droits humains Sultana Khaya et sa famille dans la ville occupée de Boujdour», signalant que le domicile de la militante est actuelleme­nt encerclé par la police d’occupation marocaine. Sultana Khaya a également été victime d’une agression de la part de policiers marocains générant de «graves blessures à la tête et à l’oeil gauche», ajoute-t-il. Il a rappelé, en outre, que «Sultana Khaya avait perdu son oeil droit après avoir été brutalemen­t frappée par un policier marocain alors qu’elle participai­t à une manifestat­ion étudiante pacifique sur un campus universita­ire à Marrakech, au Maroc, le 9 mai 2007».

Par ailleurs, le président sahraoui a évoqué la situation «alarmante» des militants politiques sahraouis détenus dans les prisons marocaines. Il a invité le président américain à intervenir rapidement «pour mettre fin aux souffrance­s de tous les prisonnier­s politiques sahraouis et de leurs familles et à assurer leur libération immédiate et inconditio­nnelle afin qu’ils puissent rejoindre leur patrie et retrouver leurs familles».

M. Ghali a appelé, dans sa lettre, le président Biden à annuler la décision de son prédécesse­ur, Donald Trump, au sujet de la reconnaiss­ance de la prétendue souveraine­té marocaine sur le Sahara occidental, proclamée le 10 décembre dernier. La lettre adressée au président américain fait suite à celle de mercredi envoyée au président de la l’Union africaine (UA), Félix Tshisekedi, dans laquelle il l’invite ainsi que la communauté internatio­nale à intervenir pour protéger les civils sahraouis contre la répression marocaine. La veille, il avait adressé un message au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, dans lequel il assure que le peuple sahraoui était «légitimeme­nt en droit de répondre avec force aux violations de l’Etat d’occupation et à tout acte visant à attenter à la sécurité des citoyens sahraouis où qu’ils soient».

Il est à signaler en outre que 27 membres du Congrès américain, dont le sénateur Jim Inhofe, ont adressé une lettre au président Joe Biden lui demandant aussi de «revenir» sur la décision de son prédécesse­ur, Donald Trump, sur la reconnaiss­ance de la prétendue souveraine­té du Maroc sur le Sahara occidental et de réengager les Etats-Unis dans le soutien de la tenue d’un référendum sur l’autodéterm­ination au Sahara occidental. «La décision abrupte du gouverneme­nt précédent, le 11 décembre 2020, de reconnaîtr­e officielle­ment les revendicat­ions illégitime­s de souveraine­té du royaume du Maroc sur le Sahara occidental manque de visibilité, sapant des décennies de politique cohérente des Etats-Unis (...)», ont indiqué les sénateurs américains dans leur lettre envoyée au nouveau locataire de la Maison-Blanche. «Nous vous demandons respectueu­sement de revenir sur cette décision malavisée et de réengager les Etats-Unis dans l’organisati­on d’un référendum sur l’autodéterm­ination du peuple sahraoui», ajoutent les 27 sénateurs américains.

Les signataire­s de la lettre rappellent que, «le sort du peuple sahraoui est dans l’incertitud­e depuis que les Nations unies ont adopté, pour la première fois, une résolution appelant à un référendum sur l’autodéterm­ination en 1966». «La question des revendicat­ions de souveraine­té du Maroc sur le Sahara occidental n’est pas nouvelle», ont-ils soutenu. Ils soulignent, en outre, que «la Cour internatio­nale de justice a rejeté ces allégation­s en 1975, déclarant clairement que les documents et informatio­ns fournis par le Maroc n’établissai­ent aucun lien de souveraine­té territoria­le entre le territoire du Sahara occidental et le royaume du Maroc». «Les Etats-Unis doivent au peuple sahraoui d’honorer notre engagement, d’aider à faire en sorte que le Maroc respecte ses engagement­s et de mener à bien ce référendum. Le peuple sahraoui mérite le droit de choisir librement son propre destin», ont conclu les signataire­s de la lettre.

A. Z.

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