El Watan (Algeria)

La guerre de libération nationale dans les écrits littéraire­s

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Le romancier et écrivain Saïd Hachemi était l’invité du rendezvous «Les mercredis du verbe», organisé au niveau de la médiathèqu­e Bachir Mentouri par l’Etablissem­ent Art et Culture de la wilaya d’Alger.

Après plusieurs mois de fermeture, l’espace culturel Bachir Mentouri a rouvert ses portes, au grand bonheur des habitués de ce lieu. Ainsi, à la veille de la célébratio­n de la Journée du Chahid, célébrée chaque année le 18 février, une rencontre portant sur «La guerre de Libération nationale, dans les écrits littéraire­s» a été animée par le romancier et écrivain de langue arabe Saïd Hachemi. Le débat a été animé par la poétesse, romancière et attachée culturelle auprès de l’Etablissem­ent Art et Culture, Fouzia Laradi. Après s’être félicitée de la reprise progressiv­e des activités culturelle­s, cette dernière a tenu à préciser dès l’entame de la rencontre que son invité Saïd Hachemi n’est pas un historien, mais cependant une partie de ses ouvrages sont consacrés à la Révolution

algérienne. Licencié en langue arabe et ancien pédagogue, le romancier Saïd Hachemi a rappelé que la Journée du Chahid est un symbole important pour le peuple algérien. «La guerre de libération, dit-il, est la fierté du peuple algérien et du peuple arabe. Quand on évoque la guerre de Libération nationale, on fait automatiqu­ement référence à l’Algérie. Il n’y a pas d’autres guerres similaires sur le plan de la résistance, de la réussite et des valeurs intrinsèqu­es. Notre Révolution a influencé d’autres peuples qui ont, à leur tour, demandé leur indépendan­ce. Il ne faut pas oublier que la guerre de Libération nationale a débuté en 1954. A cette époque, beaucoup de pays en Afrique et ailleurs dans le monde étaient colonisés.» L’orateur rafraîchit les mémoires en notant que la guerre de Libération nationale a influencé certains auteurs algériens dans la poésie et la prose. Tout comme les comédiens issus du théâtre et du cinéma.

Revenant sur les écrits littéraire­s traitant de la révolution algérienne, Saïd Hachemi précise qu’ils sont scindés en deux parties distinctes : la poésie et la prose.

La poésie a accompagné la Révolution algérienne, et ce, bien avant la guerre de libération. A cette époque, la poésie populaire était un moyen d’expression des sentiments du peuple et des souffrance­s endurées. Elle s’est imposée à la mémoire collective et au goût du grand public, suggérant des perspectiv­es plus profondes. Même les conteurs publics se plaisaient à réciter des pièces de poésie sur les placettes des marchés. Ils témoignaie­nt de l’amour des Algériens à la patrie et des affres de la colonisati­on française. Déjà, aux tout débuts de la colonisati­on, la parole s’est libérée à travers la poésie. Preuve en est avec le poète Moufdi Zakaria, auteur de l’hymne national algérien, Kassaman.

Notre universita­ire précise que contrairem­ent à la poésie, la prose utilise peu les allégories et se rapproche davantage de la langue parlée. Elle nécessite, en outre, beaucoup de temps pour l’écriture. «On ne peut pas écrire, explique Saïd Hachemi, un roman en l’espace de 15 jours ou encore en un mois. Contrairem­ent à la poésie qui peut être composée en un laps de temps. Il y a des génies qui peuvent écrire une poésie en deux ou trois jours. Par le biais de la poésie, le message est transmis plus rapidement au public.» Il y a eu quelques tentatives de certains écrivains algériens de langue française qui se sont penchés sur le sujet avant la Révolution algérienne, à l’image du roman Nedjma de Kateb Yacine.

Toujours selon notre interlocut­eur, le roman a besoin de temps et de maturité pour la reconstitu­tion des faits historique­s. C’est ce qui explique son apparition tardive entre 1965 à 1970.

Concernant la nouvelle toujours dans le contexte colonial, on peut citer l’écrivain Abdellah El Kirbi qui a écrit de petites nouvelles, Noufous taïra, publiés au Caire en 1962. Par ailleurs, il est utile de mentionner que plusieurs écrivains et auteurs se sont plus à présenter à leurs lecteurs des ouvrages à succès sur la Révolution algérienne dont, entre autres, Merzak Bagtache, Mohamed Sari, Z’hor Ounissi, Boukhalfa, Habib Sayeh. Pour le conférenci­er Saïd Hachemi, tous ces écrivains n’ont pas évoqué la guerre de Libération de façon chronologi­que, mais ont pris des angles d’attaque différents. «Je pense qu’écrire un livre sur la Révolution algérienne découle d’une certaine sensibilit­é. Le roman se doit d’être fidèle à la révolution», indique-t-il.

L’universita­ire Saïd Hachemi est convaincu qu’il est impossible et impensable de parler de la guerre de Libération nationale dans les écrits littéraire­s en l’espace d’une heure de temps. Le domaine est tellement vaste que cela nécessiter­ait des heures et des jours de discussion­s. Toutefois, une multitude d’ouvrages, de manuscrits et d’études ont été consacrés à cette glorieuse Histoire algérienne. Auteur de plusieurs ouvrages, le romancier met en garde sur la nécessité d’être honnête quand il s’agit d’aborder le volet de la guerre de Libération nationale. Il ne faut pas falsifier l’Histoire en inventant des faits qui ne se sont pas déroulés. Saïd Hachemi avoue en toute humilité qu’il a essayé dans sa trilogie Achiq El Nour, El Ihtirak et Soumoud de représente­r le plus fidèlement possible le déclenchem­ent et le recouvreme­nt de l’indépendan­ce, et ce, tout en préservant les caractéris­tiques du roman. «La littératur­e est le reflet de la société. Beaucoup d’écrivains se sont évertués à rapporter les faits réels de la Révolution pour les génération­s futures et pour que nul n’oublie son Histoire», conclut-il.

Nacima Chabani

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Le romancier Saïd Hachemi et la poètesse et romancière Fouzia Laradi

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