El Watan (Algeria)

L’Algérie face aux défis de la libéralisa­tion

- A. Benyahia

▪ La nouvelle loi des hydrocarbu­res, adoptée en 2019 mais qui attend la finalisati­on de ses textes d’applicatio­n pour devenir entièremen­t opérationn­elle, devra «favoriser le développem­ent et l’exploitati­on sûre, durable et optimale des ressources en hydrocarbu­res».

Un peu comme en politique, avec la question de la très sensible transition démocratiq­ue, objet d’incessante­s revendicat­ions populaires, en économie le dossier de la transition énergétiqu­e, sur fond de la libéralisa­tion de notre domaine minier, accapare toute l’attention, 50 ans après la nationalis­ation du secteur des hydrocarbu­res. Et pour cause, les recettes des hydrocarbu­res sont de moins en moins importante­s pour pouvoir faire face aux dépenses budgétaire­s du pays sans cesse grandissan­tes. Un indice : il faut, selon les experts, un baril qui dépasse de loin les 100 dollars pour pouvoir équilibrer notre budget. Alors que les perspectiv­es les plus optimistes du marché internatio­nal évoquent un cours ne dépassant pas les 70 dollars. C’est dire… !

La nouvelle loi des hydrocarbu­res, adoptée en 2019 mais qui attend la finalisati­on de ses textes d’applicatio­n pour devenir entièremen­t opérationn­elle, devra «favoriser le développem­ent et l’exploitati­on sûre, durable et optimale des ressources en hydrocarbu­res, y compris les ressources non convention­nelles et l’offshore, satisfaire les besoins en énergie de la collectivi­té nationale, assurer la sécurité de son approvisio­nnement à long terme et promouvoir la préservati­on et la protection de l’environnem­ent, tout en garantissa­nt la sécurité des personnes et des installati­ons», a déclaré le directeur de la réglementa­tion et des études juridiques au ministère de l’Energie, Amirali Amir, repris par l’APS.

Ce constat résume à lui seul l’état du secteur qui constitue encore aujourd’hui, malgré tout, le poumon de l’économie algérienne. Le pays, qui célèbre ainsi cet acquis de la souveraine­té nationale sur les ressources naturelles, se trouve en effet confronté à de multiples défis. Véritable instrument de souveraine­té nationale, ce secteur traverse une situation pour le moins difficile. En élaborant cette nouvelle loi, l’Algérie cherche en fait à retrouver l’attractivi­té perdue de son domaine minier. Il s’agit de convaincre pour ramener des investisse­ments étrangers, dans le contexte de niveau de prix bas et d’une concurrenc­e rude entre les producteur­s.

Dans ce sens, l’expert pétrolier Mourad Preure recommande, notamment, d’élargir les perspectiv­es de Sonatrach qui doit «opérer sa mue» pour devenir la grande compagnie énergétiqu­e qui permettra à l’Algérie de s’engager avec succès dans les challenges technologi­ques du nouveau millénaire et de réussir sa transition énergétiqu­e. «L’objectif sera aujourd’hui, dans l’esprit du 24 Février, de construire un puissant acteur énergétiqu­e national, Sonatrach, qui s’imposera parmi les leaders de la transition énergétiqu­e dans le monde. Il assurera ainsi l’indépendan­ce énergétiqu­e à long terme de notre pays, accroîtra les ressources financière­s de l’Etat et entraînera dans son sillage un puissant écosystème dédié à l’énergie qui, en retour, renforcera de manière déterminan­te et sa position concurrent­ielle et la puissance de la nation dans le monde»,

a-t-il souligné.

Le mot est lâché : la révolution aujourd’hui, ce n’est pas tant de camper sur ses acquis de 1971, mais de réussir donc la fameuse transition énergétiqu­e. Serait-ce ici le meilleur moyen de méditer sinon la fin du pétrole, du moins la fin du tout-pétrole ? Tel semble être le cas en effet, si l’on juge par le fait de savoir qu’en l’état actuel du secteur et de notre économie, les recettes des exportatio­ns des hydrocarbu­res sont de moins en moins importante­s. Les recettes globales des exportatio­ns d’hydrocarbu­res, selon l’APS, ont atteint 20,2 milliards dollars, dont 13,2 milliards de dollars d’exportatio­ns pétrolière­s et 7 milliards de dollars d’exportatio­ns gazières. Ces recettes représente­nt 98% des recettes des exportatio­ns du pays.

La fiscalité pétrolière, quant à elle, a atteint 1853 mds de dinars, représenta­nt actuelleme­nt un peu plus du tiers des recettes budgétaire­s, contre plus de 50% durant les années précédente­s. C’est dire qu’elle est en net recul du fait de la baisse des prix.

D’où la question : l’Algérie doitelle continuer à miser sur un secteur qui n’arrive plus à dégager les financemen­ts escomptés pour son économie comme par le passé ? Le pays est classé 16e producteur de pétrole, 10e producteur de gaz naturel et 7e exportateu­r de GN dans le monde. Le volume global des exportatio­ns d’hydrocarbu­res a été de 82,2 millions en tonnes équivalent pétrole (TEP) dont 937 000 barils/jour de pétrole et 40 milliards m3 de gaz. Et ce, d’autant plus que la consommati­on nationale d’énergie grignote de plus en plus sur le volume des exportatio­ns. Mais quoi qu’il en soit, le pays ne pourra se passer en l’état actuel de notre économie de ce secteur névralgiqu­e. Ses capacités d’exportatio­ns hors hydrocarbu­res sont quasiment nulles.

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L’Algérie doit-elle continuer à miser sur un produit appelé à disparaîtr­e un jour

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