Salah Goudjil est officiellement deuxième personnage de l’Etat
A90 ans, Salah Goudjil est officiellement deuxième personnage de l’Etat. Il a été plébiscité hier, à main levée, au poste de président du Conseil de la nation par la majorité parlementaire. Au total, 126 membres ont voté oui, tandis qu’un seul s’est abstenu de voter, et ce, lors d’une séance plénière présidée par Abdelmadjid Mahi Bahi, en présence des deux tiers des membres du Sénat. Aucun sénateur n’a exprimé son opposition à la confirmation de Goudjil à la tête de la Chambre haute du Parlement. Pourtant, dans la matinée, deux sénateurs ont voulu créer le suspense en présentant leurs candidatures. Donc, au départ, Goudjil n’était pas seul candidat à sa succession. Les sénateurs Kissari Mahmoud de la wilaya de Laghouat et Djeghdali Mustapha de M’sila, tous deux appartenant au FLN, ont décidé de postuler au poste de président du Sénat. Mais avant l’entame des travaux, le sénateur Kissari s’est retiré arguant que les dés sont pipés. «A la veille de cette opération de vote, les médias ont annoncé la confirmation de Goudjil à ce poste. Les sénateurs FLN et RND et le tiers présidentiel ont apporté leur soutien au président par intérim. Pourquoi donc entrer dans une compétition perdue d’avance», a plaidé Kissari. Son collègue Djeghdali a maintenu sa candidature et a, à l’ouverture de la plénière, expliqué ses motivations et pourquoi il se portait candidat. Pour lui, il s’agit «de consacrer l’exercice démocratique». «Je me porte candidat pour répondre aux aspirations du peuple et pour consacrer l’alternance au pouvoir. Un changement s’impose pour redonner espoir aux jeunes qui sont l’avenir de ce pays et qui sont appelés à occuper des postes de responsabilité. L’urne tranchera aujourd’hui», dira-t-il. La séance est levée pour préparer l’opération de vote. Coup de théâtre ! Celui qui voulait ressusciter l’espoir en notre jeunesse renonce à sa candidature. Il a fini par comprendre que la sentence est dite et que le maintien de Goudjil jusqu’aux prochaines échéances électorales a été «décidé» et «tranché» en haut lieu. Les sénateurs, qui revendiquaient dans un passé récent le départ de Goudjil et l’organisation d’élections pour élire un autre président du Sénat, ont voté hier pour lui pas par «conviction» mais, pour, disent-ils, l’intérêt du pays. «Après la dissolution de l’Assemblée, il fallait confirmer en urgence Goudjil au poste de deuxième personnage de l’Etat. Nous savons tous qu’il n’est pas utile d’organiser une élection pour élire un autre président à quelques mois des législatives», note un sénateur.
Goudjil est réélu sénateur en 2019 au titre du tiers présidentiel pour un mandat de 6 ans. Il a succédé à Abdelkader Bensalah après la démission de Bouteflika en assurant l’intérim du Sénat pendant 22 mois. A l’issue de son plébiscite, il a déclaré que la véritable démocratie est «un gage d’immunité pour l’Algérie qui restera debout, forte de ses positions en faveur de la libération, et un exemple à suivre en matière de démocratie bravant ses ennemis intérieurs et extérieurs».