Un Nord-Coréen est parvenu à passer au Sud à la nage
Un Nord-Coréen est parvenu à atteindre le Sud en nageant pendant six heures pour contourner une des frontières les plus militarisées au monde, a annoncé hier un responsable sud-coréen, une audacieuse odyssée qui illustre aussi les carences de la surveillance sud-coréenne. L’exploit a suscité un déluge de critiques au sein de l’opposition et des médias sud-coréens, effondrés de découvrir que le fugitif n’ait pas été repéré par les militaires sudcoréens, alors qu’il était apparu plusieurs fois sur des caméras de sécurité et que son passage avait même déclenché des alarmes. Et lorsque sa présence a finalement été signalée, il a fallu trois heures pour arrêter cet homme, qui avait enfilé une combinaison de plongée et des palmes pour contourner la Zone démilitarisée (DMZ). L’homme, âgé selon les médias d’une vingtaine d’années, a touché terre au nord de Goseong, une ville de la côte Est. «Il a vraisemblablement nagé pendant environ six heures, vêtu d’une veste matelassée sous sa combinaison de plongée et portant des palmes. Ses habits l’ont aidé à rester au chaud et à le maintenir à flot», a déclaré un responsable de l’état-major interarmes cité par l’agence sud-coréenne Yonhap, qui n’a pas précisé son nom. Les courants de marée ont joué en sa faveur, a-t-il observé, et il a abandonné tout son équipement avant d’emprunter une canalisation d’évacuation d’eau passant sous les barbelés interdisant théoriquement l’accès de la mer en cette partie du littoral. Pendant plus de trois heures, il est apparu huit fois sur les caméras de vidéosurveillance, et des alarmes sonores ont retenti deux fois. Mais les militaires chargés de surveiller la frontière ne l’ont pas remarqué. Quand la traque a été lancée, les soldats ont mis trois heures pour le découvrir, visiblement endormi. Des responsables ont affirmé que cet homme, qui était vraisemblablement au Nord un civil, aurait exprimé le désir de faire défection.
Des milliers de photos de détenus morts dans les centres de détention du régime syrien et sorties secrètement du pays par le photographe «César» ont révélé au monde en 2014 l’ampleur des crimes imputés au régime de Bachar Al Assad.
Ce dossier est au centre du procès en cours en Allemagne pour crimes contre l’humanité en Syrie, qui a abouti hier mercredi à une condamnation historique, la première du genre, d’un ancien agent de renseignement. Ces photos de corps victimes de flagellations, strangulations, d’électrocution ou affamés ont servi à différentes procédures judiciaires en Europe et donné leur nom à une série de sanctions économiques américaines. «César» est le pseudonyme d’un ex-photographe du service de documentation de la police militaire syrienne, qui a fait défection. Il est parvenu au péril de sa vie à exfiltrer 53 275 clichés montrant 6786 détenus syriens morts, dont une seule femme, dans les centres de détention syriens. Ces photos ont été prises par «César» lui-même entre mai 2011 et août 2013 avant qu’il ne parvienne à les faire sortir de Syrie. En 2014, le monde découvre avec stupeur ces clichés effroyables, notamment par un rapport de trois anciens procureurs internationaux. Ces photos ont ensuite donné leur nom à la «loi César» aux Etats-Unis qui prévoit des sanctions économiques contre la Syrie. A la mi-juin 2020, un nouveau train de sanctions est entré en vigueur dans le cadre de cette loi, qui visent de nombreux membres de la famille et de l’entourage du président syrien, dont son épouse Asma Al Assad. Sur le plan judiciaire, ces clichés ont pour la première fois été présentés l’an dernier devant le tribunal de Coblence, en Allemagne.
Ils ont été analysés devant la Cour par un médecin légiste, le professeur Markus Rotschild, et considérés comme preuves matérielles contre le régime de Damas.
a lancé, émue, la présidente de la Cour de Coblence, Anne Kerber, lors de l’énoncé, hier, du verdict. Ces photos ont également été à l’origine de plaintes déposées en France et en Allemagne contre de hauts responsables syriens. Elles ont abouti en 2018 à l’émission de mandats d’arrêt internationaux par la France et l’Allemagne de hauts dirigeants du régime, dont l’ancien directeur du renseignement de l’Armée de l’air, Jamil Hassan, la branche la plus redoutée de l’appareil sécuritaire syrien. Depuis qu’il est parvenu à s’enfuir de Syrie, «César», et son ami «Sami» qui l’a aidé à sortir ces photos, vivent dans le
plus grand anonymat.
a expliqué à l’AFP l’avocat syrien Ibrahim alKasem, installé à Berlin où il gère ces photos et assure le contact avec les familles de disparus quand ils croient reconnaître un proche sur ces photos. Une première fois, «César» est apparu en public, mais dissimulé derrière une capuche, pour une audition incognito devant le Congrès américain en 2014. Il a de nouveau été entendu en 2020 devant la commission des Affaires étrangères du Sénat américain. «Sami» a, quant à lui, été entendu par la police allemande dans le cadre de l’enquête qui a abouti au procès de Coblence de deux anciens agents du renseignement syrien.