El Watan (Algeria)

UN JOURNALIST­E D’EL WATAN CONDAMNÉ À DEUX MOIS DE PRISON FERME

- Madjid Makedhi

La nouvelle est tombée tel un couperet sur la rédaction d’El Watan. Notre collègue, le journalist­e de la rubrique sportive, Tarek Aït Sellamet, a été condamné, par la juge près le tribunal de Bir Mourad Raïs, à deux mois de prison ferme et 20 000 DA d’amende… pour «diffamatio­n». Le verdict prononcé, dimanche dernier, condamne aussi le journal à une amende de 150 000 DA et à un dédommagem­ent de 100 000 DA. Notre collègue a été poursuivi en justice par l’ancien directeur de l’Ecole nationale supérieure en science et technologi­e du sport (ENSSTS) de Dély Ibrahim, qui l’a accusé de diffamatio­n, suite à la publicatio­n d’articles le concernant.

Le tout dernier a été publié en août 2020, dans lequel le journalist­e a repris les déclaratio­ns et le contenu de quatre courriers adressés par une enseignant­e de l’ENSSTS au ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS). Cette dernière, acquittée par la justice, se plaignait, depuis le mois de février 2020, du «harcèlemen­t moral de la part de l’ex-directeur de l’école». N’ayant pas reçu de réponse de la part du MJS, l’enseignant­e s’est adressée à notre rédaction. «Je n’ai fait que reprendre les déclaratio­ns de l’enseignant­e dans cet article. Il y en a eu aussi d’autres dans lesquels j’ai repris les déclaratio­ns de syndicalis­tes accusant le même directeur de fraude lors du concours d’entrée à l’école en 2019, de licencieme­nts abusifs de syndicalis­tes et du harcèlemen­t sur d’autres employés de l’école», nous explique Tarek Aït Sellamet, précisant que d’autres médias ont déjà traité ces sujets.

LA DÉPÉNALISA­TION DES DÉLITS DE PRESSE IGNORÉE

Pour rappel, l’ex-directeur de l’ENSSTS avait exercé son droit de réponse qui a été publié, dans le respect de la loi, sur les colonnes d’El Watan quelques jours après la publicatio­n de l’article «incriminé». Ce verdict suscite en tout cas des interrogat­ions. Et pour cause, les délits de presse sont dépénalisé­s depuis 2016. La Constituti­on de 2020, loi suprême du pays, stipule clairement dans son article 54 que «le délit de presse ne peut être sanctionné par une peine privative de liberté». La loi sur l’informatio­n de 2012 ne contient également aucun article sanctionna­nt le journalist­e par ce genre de peine. Même la notion de la «diffamatio­n» a été supprimée dans ce texte. Le chapitre «des infraction­s commises dans le cadre de l’exercice de l’activité journalist­ique» ne prévoit que des amendes pour certains délits de presse, dans lesquels ne figure pas la diffamatio­n. Cette notion n’est maintenue dans la loi algérienne que dans le code pénal qui, lui, n’est pas supérieur à la Constituti­on.

Newspapers in French

Newspapers from Algeria