El Watan (Algeria)

Un pan de l’histoire à sauver

L’ancien édifice de la mairie s’est considérab­lement dégradé malgré quelques travaux de réhabilita­tion.

- L. Baâziz

Que doivent faire les autorités de la ville de Aïn Beïda dans la wilaya d’Oum El Bouaghi pour sauver ce qui doit être sauvé ? Le patrimoine immobilier dont la constructi­on remonte au début de XIXe siècle dépérit d’année en année. Il y en a même des pans entiers qui ont disparu alors qu’ils détenaient ou recelaient l’histoire de la cité des Haracta. Selon certains indices, il existait du temps des Romains une cité dénommée Marcimeni. La preuve, des stèles et d’autres vestiges y ont été découverts et certains sont encore visibles au niveau du jardin public. Au recouvreme­nt de l’indépendan­ce, un cimetière romain ou même berbère a été mis au jour à la cité Ahmed Ben Moussa, et ce de manière fortuite. À la place y fut construite une maison de jeunes. D’autres sites furent découverts dans les environs, comme à Oulmene. Ain Beida aussi a une légende qui remonte au temps de l’installati­on des Hilaliens. L’histoire de Diab et Djazia en est la parfaite illustrati­on. Toute la région est marquée par la présence des Arabes qui y ont trouvé le climat idoine pour s’installer et y élire domicile. Même si cela relève de la légende, convenons qu’il y a du vrai dans cela. Avec la colonisati­on en 1830, Aïn Beïda ne sera conquise que 14 ans plus tard. Elle deviendra une ville garnison puisque furent bâtis un bordj pour le commandeme­nt de l’armée et un hôpital y afférent. Des les années 1960 du 19e siècle, plusieurs édifices y virent le jour, comme l’école Loucif Mebarka autrefois Magenta, située dans rue éponyme. Exclusivem­ent réservée aux enfants de la soldatesqu­e, cette école ouvrira plus tard ses portes aux autochtone­s. Le carré romain finira par prendre forme au début des années 1980 et 1990 du même siècle. Le carré en question est délimité par quatre boulevards, dénommés en fonction de leur position par rapport aux points cardinaux : boulevard de l’est, boulevard du nord, boulevards du nord et de sud. Au centre s’entrecrois­ent rues et ruelles. Tout autour de la place des Martyrs ont été construits les édifices administra­tifs, éducatifs, culturels et cultuels, comme la poste, les agences bancaires, la salle des fêtes, l’église, la mosquée et des maisons pour les Européens. Quelques rues cependant sont occupées par les autochtone­s, appelés musulmans par les membres des autres confession­s, à savoir les chrétiens et les juifs. Durant les années trente ou quarante du siècle dernier, la population de la ville n’excédait guère les dix mille âmes, dont la moitié était musulmane. En 1957, la ville acquit le statut d’arrondisse­ment, aujourd’hui daïra, et le restera à ce jour bien que sa population excède les 150 000 habitants. Revenons au patrimoine immobilier qui a subi dégradatio­ns et déperditio­ns. Le bordj militaire sera complèteme­nt rasé et à la place fut érigée une grande poste, alors qu’il devait être aménagé en musée témoignant des atrocités endurées et subies par nos moudjahidi­ne. Le marché couvert, lui, fera l’objet d’un réaménagem­ent de mauvais aloi. Il perdit ses dômes et sombra dans l’oubli après avoir abrité le fameux Souk El Fellah. L’ancien édifice de la mairie s’est considérab­lement dégradé malgré quelques travaux de réhabilita­tion. Durant la décennie noire. Une bombe a endommagé l’ancien tribunal d’instance et pulvérisé l’école Ben Badis. Cette dernière sera entièremen­t reconstrui­te, tandis que le tribunal sombrera dans l’oubli. Aujourd’hui, il menace ruine. Et ce ne sont pas les seuls édifices qui ont subi la patine du temps. C’est aussi le cas du siège des contributi­ons. D’anciennes maisons d’habitation situées dans la rue du 1er Novembre sont dans un état similaire, ne bénéfician­t d’aucun entretien pour leur survie, alors qu’elles représente­nt un pan de l’histoire de la ville.

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Plusieurs édifices sont laissés complèteme­nt à l’abandon

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