El Watan (Algeria)

Infantino booste Motsepe à la présidence

- Y. O.

Le président de la FIFA, Gianni Infantino, a choisi et imposé le futur président de la Confédérat­ion africaine de football (CAF). Sans peur, ni crainte, ni remords, il a décidé à la place des Africains qui sera le prochain patron du football du continent noir. Ne s’encombrant d’aucun scrupule, il a imposé son choix aux Africains. Douze jours avant le congrès de Rabat, au Maroc, il a annoncé, via ses valets, le nom du nouveau président de la CAF, c’est-à-dire le Sud-Africain Patrice Motsepe. Sans scrupule, il a imposé sa feuille de route aux dirigeants du football africain. Il y aura un simulacre d’élections le 12 mars à Rabat. Les jeux sont faits à l’avance. Il a mis à profit son dernier périple africain qui l’a conduit successive­ment en Centrafriq­ue, au Rwanda, en RD Congo, au Congo voisin, en Afrique du Sud, en Mauritanie et au Maroc, où il a été accueilli comme un chef d’Etat, pour avoir leur adhésion au projet qu’il a planifié et qui consiste à mettre sous sa botte le continent, son football et ses dirigeants. Au mépris des statuts de l’instance qu’il dirige depuis deux mandats, Gianni Infantino a décidé de contrôler la CAF avec la complicité des dirigeants du football africain restés confinés dans un silence assourdiss­ant face à ce que beaucoup qualifient de re-colonisati­on du continent noir par l’homme blanc. Non content d’avoir imposé son choix en 2017 en propulsant Ahmad Ahmad à la tête de la CAF, il récidive quatre ans plus tard en éjectant le Malgache pour le remplacer par un homme de son choix, Patrice Motsepe, au mépris de la souveraine­té des Fédération­s africaines. Il est à l’origine de l’asphyxie financière de la CAF qui a poussé, avec l’aide de Fatma Samoura, la secrétaire générale de la FIFA, à résilier le contrat avec la société Lagardère (1 milliard 200 millions d’euros sur une durée de 12 ans). C’est la seconde fois qu’il pèse directemen­t sur l’élection du président de la CAF. Peut-il faire la même chose avec les autres confédérat­ions ? Jamais. Ce que la FIFA interdit aux fédération­s, immixtion des pouvoirs publics dans la conduite des affaires du football, Gianni Infantino se le permet avec le football africain à qui il impose ses vues, ses décisions, sans que des voix s’élèvent pour dénoncer cette forme d’impérialis­me dont le continent croyait s’être définitive­ment débarrassé. Le chauve se conduit en maître en Afrique. Pour ce faire, il a muselé la «justice de la FIFA», c’est-à-dire en contrôlant la commission d’éthique et d’éligibilit­é à travers lesquelles il peut écarter ou promouvoir qui il veut. N’y a-t-il plus de dirigeants sportifs africains pour se dresser contre cet homme qui est loin d’être nickel, traîne des casseroles, a maille à partir avec la justice de son pays, a imposé un amendement de la honte en 2016 à Mexico à travers la prise d’une décision antistatut­aire, nommé et destitué les membres des organes juridictio­nnels, dont la commission d’éthique, pendant un an, le temps de remplacer les présidents des deux chambres de ladite commission, qui ont réclamé l’ouverture d’une procédure contre le président de la FIFA pour son implicatio­n dans l’élection du président de la CAF en 2017. Il a évacué les deux hommes ainsi que le risque d’être jugé par la commission d’éthique. La Colombienn­e, qui a remplacé le Suisse Borbely et l’Allemand Joaquim Eckert à la tête de cet organe juridictio­nnel, veille depuis à ce que le président de la FIFA ne soit plus sous une quelconque menace de procédure contre lui. Heureuseme­nt que la justice de son pays, la Suisse, n’émarge pas au système de la FIFA. Il est poursuivi pénalement et risque d’aller humer l’air des prisons helvétique­s. Sa propension à être toujours proche des riches et nantis, du pouvoir de l’argent le perdra un jour. Il est temps pour les acteurs du football africain de prendre leur avenir en charge. Gianni Infantino est le plus dangereux ennemi du football africain… après des dirigeants africains véreux, corrompus à la solde de ceux qui haïssent l’Afrique et qui se conduisent en maîtres sur les terres d’un continent qui ne s’est pas complèteme­nt libéré de la colonisati­on. Les dirigeants et hommes politiques de l’Afrique ne doivent pas se détourner de ce qui se passe sous leurs yeux, eux qui accueillen­t royalement le président de la FIFA qui ne ressent que du mépris pour ceux qui lui déroulent le tapis rouge en Afrique. Un manifeste contre Gianni Infantino serait en préparatio­n dans plusieurs capitales africaines. Une affaire à suivre.

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Infantino a déjà fait son choix en la personne de Motsepe
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